Un modèle d’entreprise hybride
Le Social Business propose de donner un nouveau souffle à l’économie en plaçant l’humain plutôt que les profits au centre de l’entreprise.
Notamment promus par Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et pionnier du microcrédit, les Social Businesses ont pour objectif d’apporter une solution aux problématiques sociales et environnementales, tout en étant économiquement pérennes, quel que soit leur statut légal (association, coopérative, société…).
Pour réussir cette quadrature du cercle, les entreprises sociales couvrent leurs coûts et dégagent parfois des profits qui seront réinvestis. En revanche, ils ne cherchent pas à les maximiser pour les redistribuer sous forme de dividendes mais pour développer leurs actions et ainsi leurs bénéficiaires. Pour les investisseurs ou leurs prêteurs, le succès de l’entreprise sociale se mesure donc à l’aune de son impact sur la vie des bénéficiaires de son action ou sur l’environnement plutôt qu’à ses rendements.
En proposant un modèle alternatif viable, les entreprises sociales constituent un véritable vecteur de changement : elles apportent des solutions économiquement durables aux problématiques sociétales majeures telles que la faim ou la malnutrition, le gaspillage alimentaire, l’accès à l’eau potable, à l’éducation pour les personnes qui sortent prématurément du système éducatif, à l’électricité, aux soins médicaux, aux services financiers, au logement, l’accueil et l’intégration des réfugiés, etc.
les entreprises sociales constituent un véritable vecteur de changement.
Une influence croissante dans le monde entier
En France, selon une étude de la Bpi, les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) employaient près de 2,4 millions de salariés en 2014, soit un employé du privé sur 8 ! La croissance sectorielle de l’emploi était par ailleurs de 24 % entre 2000 et 2014, contre 4,5 % pour l’emploi privé hors ESS ! Une tendance qui devrait se poursuivre, puisque près de 600 000 postes sont à renouveler d’ici 2020.
Une bonne santé économique qui se confirme dans d’autres pays : plus de la moitié des sociétés actives dans le secteur social ont vu leur chiffre d'affaires progresser en 2014 et 28 % en ont maintenu le niveau, selon les données de l'association Social Enterprise UK.
L’innovation financière au service de l’entreprise sociale
Le Social Business est également une source d’innovations majeure pour le secteur bancaire.
Des innovations financières aujourd’hui essentielles ont pu voir le jour grâce à ce modèle économique. Voici quelques exemples :
- La microfinance : solution pour faciliter l’accès au crédit des populations les plus défavorisées. La microfinance engendre un impact social et améliore durablement la qualité de vie du micro-emprunteur en lui permettant d’initier ou de développer une activité génératrice de revenus. En 2016, la microfinance mondiale représentait un portefeuille de 102 milliards de dollars de crédit et bénéficiait à 132 millions de micro-emprunteurs. Les Institutions de Microfinance avaient enregistré une croissance annuelle du portefeuille de crédit de + 9,4 % et une augmentation du nombre de clients de +9,6 %.
- L’impact investing (ou financement à impact social) : autre innovation en plein développement, il correspond à l’investissement de l’épargne dans des entreprises à forte portée sociale ou environnementale. Cet investissement à impact représente aujourd’hui 250 milliards de dollars d’encours au niveau mondial et aurait progressé de plus de 146 % de 2014 à 2016.
- Le Social Impact Bond (SIB) ou Contrat à Impact Social en français: il fut pensé en 2010 par des associations britanniques pour financer un programme de réinsertion de détenus. C’est aujourd’hui un système de financement remboursé par les états à échéance si l’objectif social du projet est atteint. Tout SIB fonctionne aujourd’hui sur ce modèle, avec un impact cible précis et mesurable conditionnant le remboursement, et une action sociale, souvent innovante, qui en cas de succès fera épargner aux états bien plus que les capitaux à rembourser. Une quarantaine de SIB ont été mis en œuvre au Royaume-Uni, en Australie, aux États-Unis, en Belgique et au Portugal, pour des montants variant de 400 000 à 20 millions d’euros. En France, ce nouvel outil financier porte un autre nom : le Contrat à Impact Social (CIS), dont BNP Paribas a largement favorisé l’émergence et la standardisation en signant le premier CIS français en faveur de l’ADIE.
Discours de Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur Général de BNP Paribas
A l'occasion du Global Social Business Summit, le 7 novembre 2017, à Paris, Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur Général de BNP Paribas, est intervenu sur les partenariats entre le Social Business et la banque.
La stratégie Social Business internationale de BNP Paribas
BNP Paribas est pour le moment la seule banque commerciale à avoir structuré une stratégie internationale sur plusieurs continents pour accompagner les entreprises sociales. Fin 2016, le soutien du Groupe aux entreprises sociales s’élevait à 641 millions d’euros, soit une croissance de 38 % par rapport à 2015 à périmètre constant. Pas moins de 930 entreprises sociales (clients et partenaires) dans 7 pays ont pu bénéficier des aides du Groupe.
En incluant la microfinance, le soutien total du Groupe s’élève à 890 millions d’euros.
Les initiatives récentes de BNP Paribas :
- la structuration et la coordination d’un des deux premiers CIS réalisé en France (en 2016) pour un montant de 1,3 million d’euros, finançant un programme de développement de l’entrepreneuriat à travers la microfinance dans les zones rurales isolées (320 personnes réinsérées durablement, 2 millions d’euros d’économies pour l’État), l’Adie étant le porteur du projet ;
- aux États-Unis, un investissement dans un SIB de 11 millions de dollars, dédié à la protection de l’enfance dans l’État du Connecticut ;
- la mise en place de 5 fonds solidaires (labellisés Finansol) dont le premier fonds solidaire dédié aux investisseurs particuliers;
- la participation à la création d’institutions de microfinance, dont Microstart en Belgique et MicroLux au Luxembourg créées en 2016;
- l’élaboration dès 2015 d’une méthodologie d’évaluation de l’impact social et/ou environnemental des acteurs de l’ESS.
BNP Paribas souhaite être un Groupe innovant dans son offre financière tout en venant en aide à la société dans son ensemble. L’entreprise sociale fournit un modèle alternatif permettant de concilier rentabilité économique et impact positif sur la société.