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Comment BNP Paribas œuvre-t-il pour limiter les gaz à effet de serre issus du méthane ?

Publié le 12.02.2025

Deuxième gaz à effet de serre émis par les activités humaines, le méthane (CH4)  se caractérise par son fort pouvoir de réchauffement à court terme. Afin de mieux comprendre l’empreinte du méthane, moins connu que le dioxyde de carbone (CO2), BNP Paribas soutient la recherche scientifique et fait appel à des technologies de pointe pour mesurer et établir des trajectoires de réduction des émissions. Le but  ? Accompagner nos clients dans leur transformation pour contribuer à une économie neutre en carbone d'ici 2050.

Un gaz à effet de serre puissant, dont les émissions ne cessent d’augmenter

Les émissions de méthane ont été multipliées par 2,6 depuis la période préindustrielle. En effet, il s’agit du deuxième gaz à effet de serre émis par les activités humaines, donc anthropique, après le dioxyde de carbone (CO2), et il contribue aujourd’hui au réchauffement climatique à hauteur de 0,5 degré Celsius. D’un point de vue chimique, le méthane (CH4) est un hydrocarbure composé d’un atome de carbone lié à quatre atomes d’hydrogène. Le méthane est issu à la fois de sources naturelles et de sources anthropiques. Ce qui le caractérise est son fort pouvoir de réchauffement : selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), son Pouvoir de Réchauffement Global (PRG) à 100 ans est de l'ordre de 30 fois celui du CO2. Sa durée de vie, d’environ 10 ans, est en revanche bien plus courte que celle du CO2, qui peut rester des centaines d’années dans l’atmosphère. Réduire les émissions de méthane est ainsi un levier efficace à court terme pour ralentir le rythme du dérèglement climatique. 

Il existe différentes sources de production de méthane :  

  • Le méthane thermogénique est produit sur de grandes échelles de temps, à partir de matière organique préservée de la dégradation bactérienne par l’action combinée de la pression et de la température lors de l’enfouissement des sols. On retrouve des poches de méthane dans les mines de charbon ou les nappes de pétrole. Le secteur de l’énergie contribue ainsi significativement à la création de fuites de méthane, comme c’est le cas également lors de l’extraction, la production et le transport de pétrole et gaz naturel.  
  • Le méthane microbien est issu de la décomposition de matière organique dans des conditions sans oxygène, c’est le cas par exemple dans certains environnements naturels comme les zones humides, dans le secteur de l’agriculture comme la riziculture et l’élevage des ruminants, ou encore du fait de la décomposition des déchets organiques dans les décharges à ciel ouvert.  
  • Le méthane pyrogénique est produit par la combustion incomplète de biomasse (les brûlis agricoles, les feux de forêts, etc).  

Accompagner la recherche sur le méthane

La Fondation BNP Paribas soutient la recherche scientifique à travers son programme « Climate & Biodiversity Initiative » dédié à la recherche environnementale sur le climat et la biodiversité. Elle joue également un rôle de sensibilisation aux enjeux environnementaux auprès de ses parties prenantes grâce à la diffusion et la vulgarisation du savoir scientifique en organisant des conférences, des expositions et autres événements publics.

La Fondation BNP Paribas a notamment accompagné les équipes du Global Carbon Project (GCP) dans la création du Global Carbon Atlas, une plateforme en ligne qui permet d’obtenir, de visualiser et d’interpréter les données les plus récentes sur le cycle global du carbone par pays. Le GCP, créé en 2001, est un projet de recherche mondial qui vise à mobiliser la communauté scientifique dans le but d’établir une base de connaissances commune sur le climat et les émissions de gaz à effet de serre. Chaque année depuis 2006, le GCP publie le Global Carbon Budget dont l’objectif est de suivre l'évolution des émissions et des puits de carbone dans le monde ; il constitue une mesure clé des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de l'Accord de Paris. Le GCP publie également le Global Methane Budget, un rapport qui fait état du bilan mondial des émissions de méthane. La dernière publication datant de juin 2024 est alarmante, indiquant que les activités humaines sont responsables des deux tiers des émissions mondiales de méthane et que ces émissions sont en augmentation. 

« La concentration de méthane dans l’atmosphère a été multipliée par 2,6 depuis l’ère préindustrielle. Les émissions ont augmenté de 20% en vingt ans. Les activités humaines sont responsables de deux tiers des émissions. Parmi elles, l’agriculture (élevage et riziculture) est la plus importante, suivie de près par le secteur des énergies fossiles. Mais ces dernières années, les émissions en lien avec le secteur des déchets ont fortement augmenté. »

Marielle SaunoisProfesseure à l’Université de Versailles Saint-Quentin, chercheuse au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement et coordinatrice du Global Methane Budget


Des solutions existent cependant pour inverser la tendance, notamment en améliorant la gestion des déchets, en renforçant l’efficacité énergétique, ou encore grâce au changement des pratiques agricoles. Pour les élevages, dont les émissions sont liées au processus naturel de digestion des ruminants, le changement d’alimentation peut être déterminant : des additifs à base de lin, de tanins ou composé (cas de l’additif Bovaer®10 approuvé par l’Union Européenne après évaluation de l’EFSA, l'Autorité européenne de sécurité des aliments) ajoutés dans leur ration permettent de réduire les émissions par vache jusqu’à 30 %. L’Union Européenne et les Etats-Unis ont lancé lors de la COP26 de 2021 le Global Methane Pledge, un pacte mondial signé par 158 pays à l’exception de la Russie, la Chine et l’Inde (qui représentent environ 50 % des émissions mondiales) dont l’objectif est de réduire les émissions de méthane produites par les activités humaines de 30 % d’ici à 2030 (par rapport aux émissions de 2020). 

Pour BNP Paribas l’enjeu majeur est de réussir à accompagner ses clients dans la transformation de leur business model, pour rejoindre la ligne de l’Accord de Paris. Bien au-delà du sujet de réduction des émissions de méthane, le Groupe a pris la décision d’accélérer son soutien aux énergies bas carbone : elles représentaient au 30 septembre 2024 76 % du stock de ses financements au secteur de la production d’énergie, avec l’objectif d’atteindre les 90 % d’ici à 2030. Pour ce faire, le Groupe, qui évalue ses clients sur leur performance environnementale et sociale, a développé depuis le début des années 2010 des politiques sectorielles pour les domaines à plus forts enjeux.

Utiliser la donnée satellite et l’IA pour mesurer les émissions de méthane 

Tracker les émissions de méthane est tout d’abord une priorité. Comme l’indiquent les recommandations du GIEC, les entreprises ont besoin de données ESG fiables pour mieux piloter leurs impacts. Les émissions de méthane (gaz inodore et incolore) sont cependant difficiles à identifier, mesurer et attribuer. Les technologies par satellite sont un développement récent et prometteur. Elles sont en train de révolutionner le secteur de la recherche et vont alimenter de façon conséquente la boîte à outils en la matière. 

En mars 2023, BNP Paribas a ainsi lancé un partenariat avec Kayrros, une entreprise spécialisée dans l’intelligence environnementale et l'analyse de données climatiques et énergétiques, pour soutenir ses projets de recherche et développement. Le Groupe avait déjà soutenu la fintech en 2022 à travers son fonds de capital-risque Opera Tech Ventures, qui avait participé à un tour d’investissement de plus de 40 millions d’euros. Kayrros utilise l’IA afin d’analyser les images satellites de l'Agence Spatiale Européenne et de la NASA pour suivre les émissions de méthane en temps réel

L’intérêt de ce partenariat pour BNP Paribas ? Mieux comprendre l’empreinte méthane, grâce à une technologie de pointe et l’élaboration de mesures précises afin d’accompagner ses clients corporate dans leurs stratégies de réduction de leurs émissions et contribuer au corpus de connaissances et de recherches sur la quantification des émissions de méthane. Une étude de faisabilité dédiée au méthane est ainsi menée au sein de la Direction de l’Engagement d’entreprise du Groupe. Pour la réaliser, les data scientists de l’équipe Climate Analytics & Alignment s’appuient, entre autres solutions, sur les données de Kayrros et utilisent des techniques de modélisation, dont l’analyse de données géospatiales afin de tester des métriques de performance climatique plus précises au niveau du portefeuille. Ces travaux font partie de l’engagement de BNP Paribas de contribuer au développement d’outils et de méthodologies open-source pour la mesure d’alignement climatique des portefeuilles de financements.  

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