Interview croisée entre Tania Testa, Directrice Marketing de Potloc, Arnaud Algrin, en charge de l'initiative d'accompagnement des PME et ETI dans la transition écologique et Laure Matton, responsable de l'offre au sein de l'initiative Commercial, Personal Banking & Services (CPBS) - Low Carbon Transition for MidCaps & SMEs - LCTM).
A l’aide d’une infographie, découvrez les enjeux et les ambitions des PME et ETI quant à leur transition.
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1. Quels sont les enseignements en termes d’évolution entre les études 2022 et 2025 ?
Arnaud Algrin : "Le premier enseignement est la confirmation que les entreprises ont franchi un cap en matière de transition. Cela reste un défi pour 84% des PME et ETI mais elles sont 9 sur 10, contre 4 sur 10 il y a trois ans, à être passées à l'action pour se mettre sur une trajectoire de décarbonation.
Ce qui est nouveau, c’est que 93 % des entreprises déclarent déjà subir les effets du changement climatique sur leur activité, avec des conséquences sur leur approvisionnement pour 55 % d’entre elles, voire des pertes financières pour 54 % (et jusqu’à 70 % en Pologne).
Enfin, si les entreprises déclarent très majoritairement être affectées par le changement climatique, le contraste est saisissant avec les autres thématiques : seulement une entreprise sur trois se considère comme significativement dépendante de la biodiversité, et la majorité n’attend pas d’accompagnement en lien avec les ressources en eau, à l’exception du secteur agricole. Nous devons donc continuer à accompagner nos clients, pour qu’ils puissent mettre au point les plans de transition les plus pertinents possibles !"
2. Quelles sont les grandes tendances en fonction des secteurs et des pays ?
Tania Testa : "Ce qu’il est intéressant de constater, c’est qu’il y a finalement peu d’écart dans les préoccupations et les attentes des entreprises, quels que soient leur taille ou leur pays. Il existe malgré tout un léger décalage entre les plus petites et les plus grandes entreprises dans la maturité de leur plan de décarbonation : il est plus abouti en général chez les plus grandes.
En entrant dans le détail des pays, on peut voir par exemple que la Pologne est moins avancée sur la transition énergétique…mais les chefs d’entreprises polonais affichent une forte volonté d’enclencher une dynamique : si 17 % n’ont pas encore d’objectif de réduction de leur impact carbone, 55 % ont un plan en cours d'ajustement. Ils se disent très intéressés par les offres d'évaluation ou d’aide à la définition de leur feuille de route en la matière.
Finalement, sur les attentes, la vraie clé de différenciation est celle du secteur : dans l’industrie, la construction et le transport, l’investissement et la préoccupation liés à la transition énergétique sont les plus marqués. Les entreprises du secteur agro-alimentaire attendent quant à elles de leur banque un accompagnement particulier sur le sujet de la biodiversité."
3. Comment cette étude va-t-elle servir à répondre aux attentes de vos clients ? Quelles actions allez-vous mettre en place ?
Laure Matton : "Les résultats de l’enquête mettent en lumière que les PME et les ETI attendent de leur banque une aide dans trois domaines prioritaires : financer leur transition et leur faciliter l’accès aux subventions publiques, comprendre les exigences de la réglementation ESG et en faire un levier stratégique de business, et enfin couvrir les risques liés aux effets du changement climatique. Côté CPBS, nous allons continuer à adapter, développer et industrialiser nos offres selon ces axes. Deux exemples peuvent d’ores et déjà être mis en avant : d’une part le crédit décarbonation, qui vient d’être lancé en France et va être adapté dans d’autres pays ; d’autre part, le développement d’offres de conseil à l’élaboration des plans de transition comme en Italie. "
4. En tant que banque, comment BNP Paribas se positionne dans l’écosystème interrogé ?
Tania Testa : "Les résultats sont très encourageants : 100 % des entreprises sondées ayant BNP Paribas (BNL en Italie, BGL BNP Paribas au Luxembourg, BNP Paribas Fortis en Belgique) comme banque principale perçoivent le Groupe comme un partenaire bancaire qualifié pour soutenir la transition écologique.
En France, en Italie, en Belgique et au Luxembourg, les entreprises dont BNP Paribas n’est pas la banque principale la classent aussi dans le top 2 sur ce point. Et le Net Promoter Score – NPS, mesure de recommandation visant à améliorer l’expérience client – de BNP Paribas sur cette thématique est meilleur que la moyenne de ses concurrents dans tous les pays.
Notre conclusion est donc que BNP Paribas peut et doit continuer à capitaliser sur son image ainsi que se montrer attentif aux besoins de ses clients afin de rester leader dans l’accompagnement de la transition. "
5. Qui avez-vous sondé ?
Tania Testa : "Nous avons interrogé 1500 dirigeants d’entreprises du 26 décembre 2024 au 17 janvier 2025 (CEO, directeurs financiers ou directeurs Stratégie) répartis sur les cinq pays des réseaux bancaires européens de CPBS (100 pour le Luxembourg, 200 pour la Pologne et 400 respectivement pour la France, l’Italie et la Belgique). Afin d’avoir un échantillon représentatif, la moitié des entreprises répondantes a déclaré avoir BNP Paribas comme banque principale, l’autre moitié étant bancarisée en premier lieu ailleurs. Enfin, l’échantillon est constitué pour moitié de PME (entreprises ayant un chiffre d’affaires compris entre 5 et 50 millions d’euros) et d’ETI (avec un chiffre d’affaires entre 50 et 500 millions d’euros) pour l’autre moitié."
6. Pourquoi avoir commandé cette étude ?
Arnaud Algrin : "L’initiative LCTM - Low Carbon Transition for MidCaps & SMEs - est née il y a trois ans. L’objectif ? Accélérer l’accompagnement des clients – en l’occurrence les entreprises petites, moyennes ou intermédiaires – dans leur transition. Nous avons lancé une première étude fin 2022 pour interroger nos clients PME et ETI sur leurs attentes…"
Laure Matton : "Et trois ans plus tard, après avoir déployé un dispositif, des expertises et des offres dans l’ensemble des pays CPBS, il était important d’actualiser notre compréhension des besoins des entreprises, de mesurer leur intérêt sur les offres proposées par les banques et évaluer ce qu’ils attendent de nous – au-delà de la décarbonation – en les interrogeant aussi sur les effets du changement climatique, la biodiversité ou le sujet des ressources en eau."
« Qu’est-ce que l’initiative LCTM ? »
En 2022, CPBS a lancé l’initiative Low-Carbon Transition for MidCaps & SMEs (LCTM) pour accélérer l’accompagnement des clients dans la transition et contribuer à la décarbonation du portefeuille. Après trois ans, l’initiative, pilotée par Company Engagement CPBS, s’appuie sur un dispositif commercial renforcé dans les 5 banques commerciales européennes du Groupe (BCEF, BNP Paribas Fortis, BGL BNP Paribas, BNL, BNP Paribas Bank Polska) avec une centaine d’experts dédiés aux MidCaps & SMEs. Ceux-ci viennent, en complément du LCTG (Low Carbon Transition Group) de CIB, apporter aux clients de nos banques Commerciales des offres dédiées à la transition tels que des solutions pour mesurer leur impact carbone, des conseils pour construire une stratégie de transition ou encore des financements qui valorisent la notation ESG. Indispensables pour appuyer le déploiement de ces offres, des outils digitaux mutualisés s’appuyant sur l’IA ont été développés pour aider les chargés d’affaires dans la collecte et l’utilisation des informations ESG des clients.