Europe : le premier continent vert ?
Berceau de l’énergie verte, l’Europe a longtemps été le premier de la classe en la matière. Même si la Chine semble prendre le relai, les ambitions affichées par l’Union européenne restent uniques au monde.
En 2016, les énergies renouvelables représentaient déjà 17% de l’énergie consommée en moyenne par les pays de l’UE. Le Winter Package, plan d’action adopté par l’Union européenne en 2016, prévoit que cette proportion passe à 27% d’énergies renouvelables d’ici 2030. En France, les énergies renouvelables couvrent déjà 17% de la consommation nationale en 2017. Cette part monte à 39% en Allemagne, toujours plus convertie aux énergies renouvelables depuis sa décision en 2011 de sortir du nucléaire. Mais c’est le Danemark qui bat tous les records avec 74% de son électricité issue des sources vertes. Concernant l’énergie solaire, c’est l’Italie qui les intègre le plus dans son mix énergétique. Quant à l’éolien maritime, le Royaume-Uni en est le premier producteur.
Forte de ces champions nationaux, l’Europe se place, au plan international, en chef de file de la transition énergétique. COP 21, plan Juncker, Winter Package, loi de transition énergétique : la période est propice aux investissements dans les énergies propres. Ces investissements ont atteint un pic en 2015 avec 286 milliards de dollars, soit plus du double que pour les centrales à charbon et à gaz.
C’est aussi en Europe que les produits financiers responsables, les obligations vertes ou green bonds, connaissent l’essor le plus important. En tête de tous les classements, Francfort et Paris sont aujourd’hui les places financières les plus vertes du monde. Toutefois, malgré une avance certaine, l’Europe perd sur de nombreux domaines son leadership au profit de l’Asie et plus particulièrement de la Chine.
Asie : des records contradictoires ?
Le continent asiatique représente à lui seul l’ambivalence internationale vis-à-vis des problématiques écologiques. Ce continent voit cohabiter le pire de la consommation et le meilleur de l’innovation.
L’Asie est le continent qui a vu sa consommation globale d’énergie augmenter le plus rapidement depuis deux décennies. La consommation des pays de l’ASEAN a quasiment doublé entre 1995 et 2015. Les énergies fossiles représentent 76% de cette consommation qui continue de croître chaque année selon l’Agence Internationale de l’Energie.
Moteur de la croissance asiatique, la Chine est dans la Greentech le pays de tous les records. Record de pollution d’un côté : avec 10,33 gigatonnes par an, la Chine est de loin le premier émetteur de CO2 au monde. Record d’investissement dans les énergies renouvelables d’un autre côté puisque le pays représente 16% des investissements mondiaux. L’Empire du Milieu est aujourd’hui leader dans la production de la plupart des énergies renouvelables. Le pays est largement en tête dans le solaire photovoltaïque et l’éolien. Selon le GWED, le vent a permis à la Chine de produire, en 2017, 4% de son électricité. Dans le cas du solaire, le leadership de la Chine est encore plus frappant avec près de 131 gigawatts de capacité installée. Une avance chinoise qui ne fait que s’accroître, puisqu’en 2017, plus de 56% des capacités solaires supplémentaires mondiales sont à mettre à son actif.
Grâce à ces investissements colossaux, des géants industriels chinois comme Goldwind, Trina Solar ou Jinko Solar dominent l’industrie mondiale de la Greentech. C’est aussi en Chine que l’écosystème de start-up vertes s’est le plus développé. Avec un plan ambitieux, qui se donne un objectif de 20% d’énergies renouvelables en 2030, la Chine devrait continuer d’asseoir son rôle de chef de file de la Greentech pour de nombreuses années encore.
La greentech, un écosystème qui crée les énergies propres de demain.
États-Unis : zone de turbulence et vents contraires.
En tête des émissions de gaz à effet de serre par habitant (16,6 tonnes/hab. contre 7,3 en Europe), les États-Unis auraient pu être les premiers à mener la charge politique contre le dérèglement climatique. Il n’en est rien. En cause, le coup de frein de l’administration Trump. Avec la sortie des engagements de la COP21 et la réforme fiscale qui révise en partie le Clean Power Act, le gouvernement américain a semble-t-il mis un coup d’arrêt au développement des énergies vertes. Paradoxalement, les énergies renouvelables sont loin d’être abandonnées et se portent même étonnement bien.
Le secteur des énergies renouvelables devient, en effet, un marché significatif qui embauche désormais deux fois plus (370 000 personnes) que l’industrie du charbon (160 000 personnes). C’est ainsi que les États-Unis restent dans le podium mondial en ce qui concerne le solaire et le photovoltaïque. Boosté par les effets d’échelle, l’éolienne quant à elle est en train de devenir l’énergie la moins coûteuse du pays. Si, à l’échelle nationale, les énergies renouvelables fournissent à peine plus de 10% de l’électricité, ce chiffre atteint les 80 % dans un état pionnier comme la Californie. Par ailleurs, de nombreux états comme le Dakota ou l’Iowa ont décidé de ne pas suivre l’administration fédérale et de poursuivre leurs investissements verts, de plus en plus rentables.
Par ailleurs, les entreprises américaines souhaitent également pousser les innovations dans ce secteur. C’est ainsi que des géants comme Google et Apple s’imposent publiquement des objectifs en termes d’économie d’énergie. Les deux géants de la tech ont promis d’atteindre le « zéro émission » dans un avenir proche. Certains experts avancent même que Google serait déjà le premier acheteur d’énergie renouvelable au monde. En plus de recycler ses fusées, Elon Musk a décidé d’investir des sommes considérables dans des projets futuristes et propres. La voiture électrique Tesla et les champs de panneaux solaires Solar City sont aujourd’hui le vaisseau amiral de la Greentech US.
Poussées par leurs grandes entreprises et le dynamisme de certains états volontaristes, les États-Unis poursuivent à leur manière leur marche vers une économie verte.
Et les start-up dans tout ça ?
À l’intérieur de ce secteur massivement dominé par les investissements privés et les multinationales, les start-up vertes pointent aussi le bout de leurs idées. En 2015, la Greentech a levé 11 milliards de dollars dans le monde. Une brindille dans la forêt du marché vert. Néanmoins, à Shanghai, Paris ou Tokyo, les start-up rivalisent d’ingéniosité pour améliorer l’efficacité énergétique de nos sociétés. À San Francisco, où les start-up vertes fleurissent, on ambitionne d’alimenter 100 % des transports publics à l’énergie verte d’ici 2045. Et même si l’écosystème est encore peu mature, c’est aussi dans l’innovation de ces petits poucets que pourrait se trouver une partie des clefs pour sauver notre planète verte.
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