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« L’entrepreneuriat social est un mouvement de fond au niveau international »

Publié le 16.11.2016

Le Groupe BNP Paribas encourage les initiatives solidaires dans le monde entier. Tour d’horizon des bonnes pratiques avec Maha Keramane, responsable Entrepreneuriat social et microfinance Europe, chez BNP Paribas.

Comment se développe l’entrepreneuriat social au niveau mondial ?

L’Entrepreneuriat Social est un mouvement de fond qui se manifeste différemment d’un pays à l’autre. Par exemple, les Américains mettent en avant la personnalité de l’entrepreneur engagé, figure du « héros », alors qu’en Europe, c’est la dynamique collective qui est valorisée. Ainsi Ashoka, le plus grand réseau mondial d’entrepreneurs sociaux, les « Fellows », est né outre-Atlantique et récompense les change makers (les hommes et les femmes avec le potentiel de changer le monde), tandis que le réseau français Mouves (Mouvement des entrepreneurs sociaux), distingue les structures et le projet social qu’elles portent.  

Ailleurs en Europe, l’État italien a catalysé une forte impulsion à l’ESS dans les années 1990, en créant le statut de coopérative solidaire et sociale

Au Royaume-Uni, pays très avancé dans l’innovation sociale, le concept de Big Society propose de substituer la Société-providence à l’Etat providence, et de réformer les services publics en s'appuyant sur les citoyens eux-mêmes, avec l’idée que ces services deviendront beaucoup plus efficaces s’ils sont gérés par les usagers. 

En 2012, la Big Society Capital, première "banque d'affaires sociale", créée à partir de comptes bancaires "dormants" depuis plus de quinze ans, a collecté 700 millions d’euros pour financer des projets à fort impact social, notamment les premiers Social Impact Bonds au monde.  

“ souvent, il suffit de sensibiliser, d’expliquer les enjeux de l’entrepreneuriat social pour que les collaborateurs s’emparent du sujet et que, très vite, des initiatives locales spontanées émergent, comme c’est le cas au Sénégal ou en Tunisie. ”

Maha Keramane

Responsable Entrepreneuriat social et microfinance Europe, chez BNP Paribas

Comment stimuler l’Économie Sociale et Solidaire ? 

De nombreuses solutions existent. Tout d’abord, les lois peuvent créer un cadre favorable en clarifiant les missions de l’ESS, en améliorant sa visibilité et en réaffirmant son bien-fondé. Cela peut passer par la mise en place de labels et certifications, la création de statuts juridiques adaptés ou un accès facilité aux marchés publics pour les entreprises sociales

Par ailleurs, les incitations financières restent bien souvent le nerf de la guerre. Les allègements fiscaux, comme la TVA réduite et les exonérations d’impôts appliquées en Belgique, ou les compensations de moindre productivité pour les coopératives sociales d’insertion en Pologne, peuvent offrir un coup de pouce. De même, les politiques favorisant l’impact investing et la finance solidaire, comme en France, les Fonds régionaux de garantie qui sécurisent les risques, ou l’épargne salariale solidaire, permettent de drainer des financements durables vers le secteur.

Enfin, forts du constat que l'accompagnement ciblé démultiplie les chances de pérennité, certains pays encouragent l’ESS en créant un véritable écosystème propice, par exemple, des incubateurs. À Bilbao (Espagne), un parc d’innovation sociale, véritable « Silicon Valley Sociale », a été créé. Il permet aux particuliers, associations, ONG et entreprises de se rencontrer pour créer de nouveaux produits et services débouchant sur la création de nouveaux emplois, de construire des prototypes, de bénéficier de formations et accompagnement spécifiques au secteur.

Quelles actions menées par BNP Paribas illustrent son engagement mondial dans l’ESS ?

Les exemples ne manquent pas. Au Maroc, nous déployons notre dispositif en faveur de l’Entrepreneuriat Social et participons à la création de l’écosystème dédié naissant

BNP Paribas affiche clairement sa volonté de devenir un pivot de l’Entrepreneuriat Social et Solidaire, un facilitateur de connexions. De par notre positionnement privilégié de groupe international, nous favorisons l’essaimage d’initiatives inspirantes sur plusieurs pays, comme par exemple celui de l’Adie en Belgique, en Tunisie et au Luxembourg. 

Nous accompagnons également le développement international de certaines ES, comme La Ruche qui dit Oui ! en Italie ou le Groupe SOS au Maroc. Cela nécessite une évolution de la culture d’entreprise: souvent, il suffit de sensibiliser, d’expliquer les enjeux de l’entrepreneuriat social pour que les collaborateurs s’emparent du sujet et que, très vite, des initiatives locales spontanées émergent, comme c’est le cas au Sénégal ou en Tunisie. 

La Ruche Qui Dit Oui ©Thomas Louapre

Ces actions sont-elles coordonnées ?

Bien sûr. C’est la Direction RSE de BNP Paribas qui a défini la démarche internationale et globale envers l’entrepreneuriat social, et qui s’assure de sa cohérence au sein de tous les métiers et territoires du groupe. 

Nous avons commencé par établir une définition interne de l’entrepreneuriat social pour identifier les associations et les entreprises qui en relèvent. Ce travail en amont a permis d’élaborer notre politique de crédit dédiée, d’intégrer l’impact social dans notre analyse, de concevoir des produits adaptés aux besoins de ce secteur. Cette approche holistique, qui s’appuie sur tous les leviers qu'un grand groupe peut offrir, est co-construite avec nos entités locales pour assurer le succès du déploiement dans chaque pays. Puis les bonnes pratiques et retours d’expérience sont partagés entre tous les pays, à l’occasion de nos comités de pilotages trimestriels de l’Entrepreneuriat Social, et viennent réalimenter la démarche globale. Toutes ces initiatives montrent une grande créativité et implication des équipes ! 

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