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L’entrepreneuriat social : l’innovation technologique ou d’usage au service de l’impact social

L’entrepreneuriat social est mis en vedette sur le Salon Produrable, qui se tient à Paris les 30 et 31 mars 2016. Maha Keramane, Responsable entrepreneuriat social et micro-finance Europe, à la direction RSE Groupe de BNP Paribas, répond à nos questions sur ce thème d’avenir.

Depuis quand voit-on des entrepreneurs monter au créneau de l’économie sociale et solidaire ? Quels sont leurs objectifs ? 

Maha Keramane : Ils sont apparus dès les années 1990 aux États-Unis et en Europe, avec la prise de conscience des limites des actions sociales de l’État : le secteur privé s’est rendu compte qu’il devait s’impliquer, et mener des actions qui s’appuieraient sur les techniques classiques de l’économie. Mais avec une finalité sociale !
Au fil des années, le mouvement s’est étendu aux universités et écoles, puis à toute la société. De plus en plus d’entrepreneurs souhaitent ne plus devoir arbitrer entre « gagner sa vie » et « donner du sens à sa vie », qu’il s’agisse de jeunes diplômés ou de personnes venues de l’entreprise « classique ».

Pourquoi leur rôle est-il particulièrement important pour relever les défis sociétaux actuels ? 

M.K. : Ces entrepreneurs peuvent apporter des solutions efficaces et innovantes pour lutter contre l’exclusion sociale, due à la pauvreté ou aux situations de handicap par exemple… D’abord, parce que bien souvent, leur initiative naît d’une expérience personnelle : quand 
eux-mêmes ou un proche sont touchés par une forme d’exclusion ou témoins d’une pratique qu’ils veulent combattre. Ils imaginent alors des solutions parfaitement adaptées et s’impliquent avec une grande motivation.
Ensuite, parce qu’ils s’engagent avec l’État, dans une relation gagnant-gagnant. En effet, les entreprises sociales prennent en charge des problèmes qui relèvent traditionnellement du ressort public, en mettant en place une structure pour assurer au mieux cette mission. En contrepartie, l’entrepreneur bénéficie, sous forme d’une subvention ou d’une aide, d’une partie du budget qui aurait été dépensée par les autorités publiques dans le cadre de leurs missions sociales.

Pouvez-vous nous parler des entrepreneurs sociaux qui participeront à la table ronde organisée sur le salon Produrable ? 

M.K. : Ils illustrent parfaitement la diversité et la richesse des innovations et des modèles appliqués. Certains s’appuient sur les nouvelles technologies pour démultiplier leur impact.
Je peux en citer 3 par exemple : 

  • 1001pact est une plateforme de crowdfunding spécialisée dans la collecte de fonds à destination des entreprises sociales ; 
  • Roger Voice propose une solution de transcription écrite, sur un mobile, de ce que dit le correspondant, pour permettre aux malentendants de téléphoner normalement ; 
  • Goodeed est une plateforme qui récolte des fonds grâce à la publicité : les internautes peuvent « donner » rien qu’en acceptant de visionner une publicité et 80% des revenus ainsi générés sont reversés à des ONG.

D’autres innovent dans les usages :

  • Phenix lutte contre le gaspillage alimentaire en collectant les produits approchant de leur date de péremption, et en les réacheminant rapidement dans des épiceries sociales ou des banques alimentaires grâce à une logistique optimisée ;
  • Maison Felippa est un club d’activités qui sort les seniors de leur isolement et réduit l’entrée dans la dépendance…

Tous ces projets ont en commun de proposer une solution disruptive à un besoin social. Et une ambition de pérennité, même si ces entreprises peuvent parfois mettre plus longtemps à atteindre la rentabilité qu’une entreprise classique !

Comment une banque comme BNP Paribas peut-elle soutenir ces entrepreneurs ?

M.K : BNP Paribas dispose de nombreux leviers d’action !
D’abord, en tant que banque, nous nous sommes organisés pour apporter le meilleur service aux entreprises sociales. Nous avons créé un réseau de professionnels spécialisés, qui déploie une approche spécifique au cas par cas, ainsi qu’une gamme de produits dédiés. Nous avons aussi créé des fonds destinés à financer les entreprises sociales, en récoltant l’épargne de nos clients ou l’épargne salariale. Nous organisons aussi des rencontres entre les entreprises sociales et nos clients classiques pour favoriser l’émergence d’activités, de partenariats, de co-création…  
Groupe international, nous accompagnons les entreprises sociales qui veulent répliquer leur modèle dans d’autres pays
Nous intégrons par ailleurs des entreprises sociales dans notre politique d’achat et renforçons l’écosystème de l’entreprenariat social via des partenariats, parfois du mécénat. Enfin, nos collaborateurs s’impliquent dans du bénévolat de compétence… 
Les moyens d’actions sont toujours plus nombreux !

  • En savoir plus : 

- Interview de Maha Keramane, lors du salon Produrable

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