En France, l’investissement socialement responsable (ISR) est en pleine croissance. À tel point que ses encours s’élèvent aujourd’hui à plus de 222.9 milliards d’euros. Mais que cache cette appellation générique d’« ISR » ? Jacky Prudhomme, responsable de l’intégration ESG chez BNP Paribas Investment Partners (BNPP IP), décrit pour nous le paysage changeant de l’investissement socialement responsable.
Concilier performance et impact positif
L’investissement socialement responsable (ISR) répond à un double objectif : la performance financière et la contribution positive en matière environnementale, sociale et de gouvernance (ESG). « En intégrant ces critères dits extra-financiers à la gestion financière classique, l’ISR permet aux épargnants d’investir selon leurs valeurs et de mieux appréhender l’impact de leur placement », explique Jacky Prudhomme. La cible traditionnelle de l’ISR est historiquement la clientèle institutionnelle, mais les particuliers sont de plus en plus nombreux à être séduits. « BNP Paribas, via sa banque de détail, est le premier fournisseur en France de solutions d’investissement ISR aux particuliers »
Nouvelles approches, nouvelles classes d’actifs
La diversification de la clientèle n’est pas l’unique changement que connaît l’ISR aujourd’hui. « On voit aussi émerger de nouvelles formes d’ISR. À côté des approches traditionnelles, dont la fameuse ‘Best-in-Class’ qui sélectionne les entreprises les mieux notées d’un point de vue extra-financier, les fonds thématiques gagnent du terrain. Les plus connus sont les fonds verts : ils peuvent être axés sur les énergies renouvelables, la gestion des déchets, ou encore la préservation de la ressource en eau… », explique Jacky Prudhomme. Mais de nouveaux fonds à impact social voient également le jour, comme ceux qui investissent dans le développement humain (accès à l’éducation, à la santé…) ou dans l’économie solidaire (insertion professionnelle des personnes fragiles, insertion par le logement…), etc. « Les fonds solidaires connaissent un très fort attrait qui va encore plus s’accentuer avec l’apparition de nouveaux outils comme les ‘social impact bonds’ et la multiplication des besoins du secteur de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) en pleine croissance », précise Jacky Prudhomme.
Enfin, l’ISR concerne désormais de nouvelles classes d’actifs et non plus seulement les actions et les obligations. « L’immobilier, le private equity, font progressivement leur entrée sur le marché de l’ISR. Chez BNP Paribas Investment Partners, nous avons lancé dès 2011 un fonds dédié à l’immobilier responsable », illustre-t-il.
Mesurer l’impact
Face à une offre ISR de plus en plus riche, les labels se sont développés, comme historiquement les labels Novethic ou maintenant les labels ISR et Transition énergétique d’État. « Gages de transparence, ces labels offrent un repère aux investisseurs et épargants. Ils soutiennent aussi l’effort pédagogique que nous menons auprès de nos cibles, en particulier le grand public », précise Jacky Prudhomme.
Mais comment mesurer l’impact environnemental ou social d’un portefeuille ISR ? « Les différents labels exigent la publication régulière de reportings pour permettre aux épargnants de suivre la performance extra-financière de leur placement, selon différents indicateurs : économies de CO2 générées, nombre d’emplois créés… BNP Paribas IP est d’ailleurs l’un des tout premiers gérants d'actifs à avoir signé le Montréal Carbon Pledge, une initiative qui encourage la mesure et le suivi de l’empreinte carbone des portefeuilles sous gestion », explique Jacky Prudhomme. Une autre façon pour BNP Paribas de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique.
Et demain…
… à quoi ressemblera l’ISR ? « Bientôt, les critères ESG seront intégrés à toute gestion de portefeuille, qu’il soit ISR ou non », prédit Jacky Prudhomme. Pour analyser la performance d’une entreprise, le gérant se fondera non seulement sur ses résultats financiers mais aussi sur son profil de risque environnemental, social et de gouvernance. « Ces 2 dimensions, financière et extra-financière, deviennent de plus en plus indissociables. Un exemple : le scandale environnemental de Volkswagen de septembre 2015 qui a fait chuter son cours de bourse. Nos analystes ESG avaient souligné l’écart défavorable sur la performance environnementale et la mauvaise gouvernance de l’entreprise. La combinaison performance financière/impacts ESG constitue le nouveau visa pour un développement et une croissance réussis », conclut Jacky Prudhomme.
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