Baromètre 2018 : la microfinance doit-elle être rentable ?
Avec 139 millions de clients et un portefeuille de crédit de 114 milliards de dollars en 2017, la microfinance se réaffirme comme un outil clé dans l’inclusion financière des populations marginalisées.
Pour sa 9ème édition, le Baromètre de la Microfinance questionne la notion de rentabilité de la microfinance. Une notion difficile à attribuer à un secteur qui a pour objectif l’impact social ! La microfinance peut-elle être rentable tout en restant socialement responsable ? Pourtant le secteur de la microfinance a besoin d’une pérennité financière pour pouvoir poursuivre sa mission et développer davantage de services à travers le monde. C’est pourquoi, dans cette publication 2018, plusieurs analyses d’experts et entretiens entre investisseurs, ainsi que de nombreuses études de cas affirmeront la complémentarité entre rentabilité et impact social.
Microfinance : une croissance annuelle mondiale importante, proche de 9% en moyenne.
Trang au Vietnam
Lisha Sajiv en Inde et Marene & Cheickh au Sénégal
Rentabilité et performance sociale
Afin de responsabiliser le secteur de la microfinance envers ses clients et son personnel, des normes de gestion ont été créées. Le développement des Normes Universelles de Gestion de la Performance Sociale forment un ensemble de pratiques de gestion clés adoptées en 2012 qui incluent les Principes de Protection des Clients et qui fournissent des conseils aux IMF sur la manière d’équilibrer leurs performances financière et sociale. En adoptant les Normes universelles, les IMF s’assurent que leurs systèmes de gestion - leurs politiques, procédures, formations, contrôles internes - sont conçus de manière à réaliser leur mission sociale.
Comme le souligne Alain Lévy, Directeur Microfinance Amériques et Asie chez BNP Paribas, « la rentabilité est une nécessité dans le secteur de la microfinance car elle est synonyme de durabilité ».
Les IMF doivent être rentables (pour durer), socialement responsables (pour faire une différence dans la vie des gens) et respectueuses de l’environnement (pour renforcer la résilience au changement climatique).
la rentabilité est une nécessité dans le secteur de la microfinance car elle est synonyme de durabilité.
L’innovation et le digital sont aussi des facteurs de rentabilité pour la microfinance. En effet, l’arrivée d’innovations technologiques comme la Blockchain ou encore le développement de nouveaux produits et services permettent aux IMF et aux clients de bénéficier d’optimisations importantes. En jeu, la baisse des coûts et une meilleure expérience utilisateur qui devront permettre de renforcer l’impact social de la microfinance en la rendant accessible au plus grand nombre.
“ BNP Paribas est présent dans le secteur depuis 1989. Au sein du Groupe, ce secteur ne suit pas une approche commerciale classique. Même si nous pratiquons une marge sur nos opérations, notre objectif est principalement social car il nous fixe d’atteindre 350 000 micro-emprunteurs financés d’ici fin 2018. C’est une opportunité de contribuer au développement social et à l’inclusion financière des populations fragiles des pays dans lesquels nous travaillons. ”
Directeur Microfinance Amériques et Asie chez BNP Paribas
La microfinance dans le monde en 2017
Malgré une diminution du taux de croissance du nombre d’emprunteurs en 2017, les Instituts de Microfinance (IMF) continuent de se développer et se positionnent pour certains sur le marché grandissant de la FinTech et du mobile banking : 40% d’entre elles développent déjà des services de mobile banking et 20% en sont à la phase d’expérimentation.
La microfinance continue de participer à la diminution de l’exclusion financière avec un taux de 69% de personnes adultes bancarisées en 2017 et une progression de 7% par rapport à 2014.
Avec près des deux tiers des emprunteurs mondiaux (60%) en 2017, l’Asie du Sud reste le chef de file au niveau mondial en termes de nombre d’emprunteurs. L’inde arrive en tête des pays acteurs de la microfinance mondiale en 2017 avec 50,9 millions d’emprunteurs et un encours de 17,1 milliards d’euros, suivie du Bangladesh, du Vietnam, du Mexique et des Philippines.
En ce qui concerne le profil-type de l’emprunteur, il varie d’une région à l’autre. En Asie du Sud les femmes représentent 92% des emprunteurs en 2017, alors qu’en Europe de l’Est et en Asie Centrale elles représentent 45% des clients des IMF. La plupart des emprunteurs vivent en milieu rural : 2/3 des clients en Afrique, en Asie de l’Est et du Pacifique ou en Asie du Sud, sauf en Amérique latine où les clients sont plutôt urbains.
En termes de rentabilité, la performance institutionnelle des IMF est fortement affectée par les situations géopolitiques et les modèles économiques qui diffèrent d’une région à l’autre. Alors qu’en Europe de l’Est et en Asie centrale, les IMF ont enregistré des baisses de performance, en Afrique les rendements ont été positifs. En Asie du Sud, les performances sont en hausse, soutenues par une productivité et une efficacité importante.
Baromètre de la Microfinance 2018 :
« Quelles rentabilités pour la Microfinance »
Découvrir
Pour aller plus loin
Photos Ilustrations © darkbird / koko10