- En Italie, l'incertitude politique a provoqué des turbulences sur les marchés dont les effets se sont propagés au-delà des
frontières de la zone euro
- La nature de la contagion au sein de la zone euro est différente de celle de 2011
- Une fois le nouveau gouvernement en fonction, la politique économique, et en particulier les finances publiques, seront au centre de l'attention
La croissance a nettement rebondi en Italie. Ainsi, en 2017, le PIB réel a progressé de 1,5 %, un rythme inédit depuis la crise. Résultat : une forte baisse du chômage et d’importantes créations d’emplois. En 2017 toujours, l’Italie a affiché un excédent des comptes courants de 2,8 % du PIB et, ces dernières années, sa position extérieure nette s’est sensiblement améliorée, s’établissant à -7 % à peine du PIB. Enfin, depuis 2014 le déficit du secteur public est inférieur à 3 % du PIB.
Plus important encore, comme le montrent les chiffres de l’Union européenne, le pays dégage un excédent budgétaire primaire depuis 1995, soit depuis vingt-deux ans (en excluant 2009, au plus fort de la crise mondiale, où l’Italie a accusé un léger déficit primaire). La majeure partie de la dette publique (65 %) est détenue par des investisseurs nationaux. Certes, le pays est confronté à de nombreux défis économiques – il n’est pas le seul dans ce cas – le premier d’entre eux consistant à stimuler la croissance potentielle. Il est important d’avoir ces chiffres en tête, lorqu’on analyse le comportement des marchés au cours des dix derniers jours. Ils montrent, en effet, que l’élargissement du spread reflète une montée des inquiétudes plutôt qu’une détérioration des fondamentaux.
Ces inquiétudes sont nées des interrogations concernant la manière dont le futur gouvernement de coalition allait gérer certains dossiers (en particulier sa relation avec « Bruxelles » en cas d’accroissement considérable du déficit du secteur public). Lorsque la nomination du professeur Savona, considéré comme eurosceptique, à la tête du ministère des Finances a été envisagée, les marchés sont allés jusqu’à émettre des doutes concernant le maintien de l’Italie dans la zone euro. Cette situation rappelle la fable du jeune berger qui criait au loup.