Qu’entend-on par « finance durable » ?
La finance durable repose sur une vision éthique à long terme de l’investissement financier. Elle cherche à concilier performance économique et impacts sociaux et environnementaux positifs, en finançant des entreprises qui contribuent activement au développement durable. Elle se décline en différents modèles, dont certains se recoupent.
- L’investissement socialement responsable (ISR). Cette approche a l’acception la plus large : l’ISR consiste à intégrer de façon systématique et traçable des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (dits « ESG ») à la gestion financière et aux décisions d’investissement. Il favorise une économie responsable en incitant les sociétés de gestion de portefeuille (SGP) à prendre en compte des critères extra-financiers dans la sélection de leurs valeurs mobilières. En 2016, les encours ont atteint 22,89 trilliards de dollars, soit 25 % de plus qu’en 2014.
- La finance verte. Généralement considérée comme un pan de l’ISR, elle réunit l’ensemble des opérations financières favorisant la transition énergétique et luttant contre le changement climatique. Quasi insignifiant au début des années 2010, ce marché devrait dépasser les 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. L’un de ses outils principaux : les obligations vertes, ou green bonds, émises dans le but de financer des initiatives écologiques. La décarbonisation des portefeuilles des investisseurs, à travers le financement d’entreprises limitant leur empreinte écologique est une approche complémentaire.
- La finance solidaire. Ce sont les placements de l’épargne sur des produits financiers solidaires. Elle représente près de 10 milliards d’euros en France en 2016 et apporte des fonds aux projets qui n'entrent pas dans les circuits financiers classiques, comme les activités d'insertion liées à l'emploi (28 % des capitaux), au social et au logement (31 %), à la solidarité internationale (5 %) et à l'environnement (36 %). En France, l’organisme spécialisé Finansol labellise les produits financiers solidaires (dont certains sont des ISR) et suit les tendances de l’épargne solidaire.
- Le social business regroupe les entreprises dont la finalité n’est pas seulement lucrative, mais principalement sociale. Leur modèle économique reste cependant pérenne. Les excédents sont réinvestis dans la lutte contre l'exclusion, la protection de l'environnement, le développement et la solidarité. Le social business revêt 3 formes principales :
- la microfinance, solution facilitant l’accès au crédit des populations les plus défavorisées (132 millions de clients dans le monde pour un encours de 102 milliards de dollars en 2016 - source : Convergences) ;
- l’impact investing, qui correspond à l’investissement de l’épargne dans des entreprises à forte portée sociale ou environnementale ;
- les Social Impact Bonds (SIB), qui sont des obligations remboursées à échéance si l’objectif social du projet est atteint.
Tous acteurs de la finance durable
Des épargnants individuels aux fonds d’investissement, en passant par les entreprises de toute taille et les institutions, la finance durable capte des capitaux d’origines très diverses.
Qui investit dans la finance durable ?
- Les épargnants qui souhaitent participer au financement d’entreprises et d’associations engagées dans des projets à forte utilité sociale ou environnementale, dont ils vivent parfois directement les implications.
- Les fonds d’investissement. Les investisseurs institutionnels et privés enrichissent significativement leurs portefeuilles d’actifs de fonds ISR. En France en 2016, les 122 fonds ISR « de conviction » recensés par Novethic ont affiché une croissance de leurs encours de 20 %.
- Les fonds de pension. Alors qu’ils se sont longtemps montrés réticents, les fonds de pension de tout pays (États-Unis, Japon…) commencent à intégrer les critères de la finance durable dans la gestion de leurs capitaux.
- La banque privée et la gestion de fortune. Au cours des 30 prochaines années, plus de 30 000 milliards de dollars de capitaux seront transférés des baby-boomers et de la génération X à celle des millennials, qui manifeste une volonté forte d’avoir un impact sociétal positif par le biais de ses investissements. Selon EY, les millenials seraient 17 % à souhaiter investir dans des entreprises respectant de hauts standards ESG, contre 9 % des générations plus âgées. La demande de produits financiers verts ne peut donc que s’accélérer !
“ la finance durable revient à intégrer dans nos décisions et dans notre conseil à nos clients, tous les grands enjeux sociétaux, depuis les droits de l’homme jusqu’à la protection de l’environnement, en passant par la diversité ou encore la réduction des inégalités ”
Responsable Corporate and Institutional Banking chez BNP Paribas
BNP Paribas, un leader de la finance durable
En développant de multiples initiatives vertes et partenariats internationaux, BNP Paribas est devenu un acteur majeur de la finance durable. Car comme le souligne Jean-Laurent Bonnafé, « nous avons conscience que dans cette course contre la montre, le secteur bancaire et financier doit être aux avant-postes de la construction de l’économie bas carbone ».
L’engagement du Groupe dans la finance durable se traduit concrètement de nombreuses manières.
- À l’image du fonds Parvest Green Bond lancé fin 2017 (composé au moins à 83,5 % d'obligations vertes), les portefeuilles ISR de BNP Paribas permettent d’investir dans des sociétés dont les activités sont liées à des thèmes sociaux et environnementaux spécifiques et dont le potentiel financier semble prometteur.
- En 2016, BNP Paribas a financé via la microfinance une trentaine d’institutions pour un montant de crédits de 250 millions d’euros, qui ont bénéficié indirectement à plus de 300 000 personnes.
- Le soutien de BNP Paribas aux entreprises sociales a augmenté de 38 % de 2015 à 2016 (à périmètre constant), pour s’élever à 641 millions d’euros (dont 560 en opérations de crédit). Au total en 2016, le support du Groupe à l’entrepreneuriat social (incluant la microfinance) a donc dépassé les 890 millions d’euros.
- En 2016, le montant des financements consacrés aux énergies renouvelables a atteint 9,3 milliards d’euros, soit une progression de plus de 2 milliards en 1 an. Objectif 2020 : franchir le cap des 15 milliards d’euros.
- En 2016, le Groupe a figuré parmi les 3 premiers acteurs mondiaux du marché des obligations vertes en euros. BNP Paribas a été chef de file conjoint pour des opérations d’un montant total de 2,4 milliards d’euros, parmi lesquelles : 2 des 3 obligations vertes d’Iberdrola (1,75 milliard d’euros) destinées à refinancer des fermes éoliennes terrestres en Espagne, le Forest Bond de l’IFC ou encore la première obligation verte turque.
- Fin 2017, BNP Paribas s’est associé à 3 temps forts internationaux sur le changement climatique et la transition énergétique : les Climate Finance Day, Tech for Planet et One Planet Summit.
Les obligations vertes en voie de standardisation
En marge de la COP21, 27 investisseurs mondiaux (dont BNP Paribas Asset Management) ont cosigné la « Déclaration de Paris ». Ils y reconnaissent leur rôle dans le financement de la transition énergétique à travers les green bonds et réclament la mise en place d’un standard mondial autour de ce type d’obligations, afin d’en assurer la cohérence et donc le dynamisme du marché. Divers standards existent aujourd’hui, ce qui tend à freiner la confiance des investisseurs.
Entreprises, États… des soutiens multiples à la finance verte
Les grandes entreprises sont également des acteurs clés de la finance durable. Récemment, l’Adif (opérateur du réseau ferroviaire espagnol) a levé 600 millions d’euros en green bonds, en partie auprès d’investisseurs verts. Autres exemples, Apple a déjà émis 2 green bonds (l’entreprise a émis une obligation verte de 1 milliard de dollars en juin 2017) affectés à des projets d’efficacité énergétique, tandis que Starbucks vient de lever un sustainable bond de 500 millions pour financer une production de café éthique.
Des obligations vertes ou durables bénéficient d’un fort soutien politique dans certains pays, comme la Chine, qui compte sur les projets environnementaux pour stimuler la croissance. Son gouvernement prévoit une nouvelle série d’assouplissements de la réglementation financière afin d’autoriser un plus grand nombre d’émissions de green bonds dans le pays. Les encours de green bonds chinois seraient d’ailleurs passés de 0 à 36 milliards de dollars entre 2015 et 2016.