Quel bilan macroéconomique peut-on tirer de l’année 2018 sur le continent asiatique ?
En 2018, la croissance s’y est maintenue à 6,2 %, comme en 2017 (en Asie émergente hors Japon). Derrière ce taux stable, les réalités sont plus hétérogènes. Certains pays ont connu un ralentissement marqué. En Chine, la croissance est passée de 6,8 % à 6,6 % en raison d’un affaiblissement du commerce extérieur et de la demande interne. L’Asie industrialisée (Corée du sud, Hong Kong, Taiwan, Singapour et Malaisie) décélère également. A l’inverse, l’Inde est en pleine accélération avec un taux de croissance qui a grimpé de 6,7% en 2017 à 7,4 % en 2018.
Au cours de l’année 2018, la croissance en Chine comme sur l’ensemble de la zone asiatique a commencé à ralentir au 2e trimestre puis a davantage marqué le pas au 2e semestre.
Le récent ralentissement de la production industrielle en Chine est lié à la dégradation des exports, ainsi qu’au ralentissement dans le secteur immobilier et le secteur automobile.
Le commerce mondial a ralenti durant l’année, en raison à la fois de l’affaissement de la demande en provenance des Etats-Unis et de la zone euro, des fluctuations du cycle électronique mondial et, en fin d’année, des hausses des droits de douane nord-américains.
Au 3e trimestre, les chiffres de commerce en Asie émergente sont néanmoins repartis à la hausse suite au lancement de nouveaux produits high tech et du fait d’une accélération des livraisons de marchandises en anticipation de la hausse des droits de douane. A partir de novembre, le ralentissement des échanges extérieurs est devenu net. Depuis lors, les indicateurs de confiance se sont fortement détériorés.
Le continent asiatique va-t-il rester le moteur de la croissance de l’économie mondiale en 2019 ?
Le ralentissement en Chine et en Asie émergente devrait se poursuivre avec un taux de croissance moyen attendu à 5,9 % en 2019 (selon les prévisions de BNP Paribas). Ce niveau demeure néanmoins très élevé par rapport aux autres régions du monde : dans les pays émergents, le taux de croissance moyen s’élèverait à 4,7 % (sachant que l’Asie contribue à 72 % de leur croissance). La tendance baissière du continent témoigne à la fois de facteurs cycliques, de chocs externes et de changements structurels.
En Chine, la contribution nette du commerce extérieur (export - import) devrait rester négative. Le desserrement de la politique monétaire devrait conduire à une relance du crédit bancaire et soutenir la demande interne. Surtout, les mesures fiscales mises en place par les autorités chinoises devraient encourager la reprise de la consommation privée.
En Inde, la croissance devrait continuer à progresser, boostant l’ensemble de la région asiatique. Alors que la politique monétaire indienne a été durcie au cours de l’année 2018, comme dans la majorité des pays de la région, le récent ralentissement de l’inflation, notamment grâce à la baisse des prix du pétrole et à la ré-appréciation de la monnaie, pourrait permettre une pause dans cette phase de resserrement, et ainsi soutenir la demande interne.
L’activité en Asie demeure particulièrement dépendante de la performance du commerce extérieur. Les négociations commerciales actuelles entre les Etats-Unis et la Chine restent un point d’incertitude majeur. Va-t-on parvenir à un accord significatif, à un statu quo ou au contraire revenir en arrière ? Une issue devrait être trouvée dans les prochaines semaines.
Photo : Christine Peltier
Propos recueillis le 18 février 2019
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