Propos recueillis par Muriel Jasor,Guillaume Maujean et François Vidal, pour Les Echos.
Directeur de l’Engagement depuis 2017, quelle est l’étendue de votre périmètre ?
La Direction de l’Engagement d’entreprise a pour mission de définir et mettre en oeuvre le projet du groupe BNP Paribas à destination de la société civile. Elle regroupe la direction de la RSE, la direction de la communication, la Fondation et une équipe projet chargée d’assurer la transversalité de la démarche dans toute l’entreprise. Elle a aussi un lien fonctionnel avec l’équipe diversité, rattachée aux RH. L’ensemble de ces équipes représente environ 200 personnes. A travers elles et leurs relais dans nos 73 pays, il s’agit d’aider tous les métiers et fonctions de l’entreprise à combiner leur efficacité économique avec un impact positif pour la société.
Pourquoi BNP Paribas a-t-il décidé d’investir ce sujet ?
Inquiète pour l’environnement, les inégalités et les territoires, la société civile attend que les entreprises contribuent à la recherche de solutions et qu’elles entrent dans l’ère de la triple « bottom line » : financière, sociale et environnementale. Plusieurs ont commencé à s’organiser en conséquence, chacune à sa manière car nous en sommes au début et il n’existe pas de modèle établi !
Vous siégez au comité exécutif… Un signe fort ?
Nos dirigeants n’hésitent pas à s’investir pour faire bouger les lignes, ce qui est une condition essentielle d’un engagement véritable.
Comment le groupe a-t-il accueilli les recommandations du rapport Notat-Senard ?
La place des entreprises dans la société doit être traitée comme un sujet de business model plutôt que par des obligations juridiques, et les auteurs du rapport l’ont bien compris. La positivité ne se décrète pas, elle se crée par des idées et un climat. Nous remplissons 99 % des recommandations du rapport. C’est la preuve de la bonne intégration de l’impact sociétal dans notre business model. Nous avons même défini notre mission : accompagner une croissance soutenable pour nos clients et contribuer à un avenir meilleur.
La place des entreprises dans la société doit être traitée comme un sujet de business model.
De quelle façon embarquez-vous 200 000 collaborateurs dans l’aventure ?
Le monde nous pousse à agir, à commencer par nos enfants qui nous jugent.
Vos démarches d’engagement touchent des domaines multiples...
Nous avons des priorités comme la transition énergétique, l’inclusion des jeunes, les formes inédites d’entrepreneuriat, notre empreinte locale. Nous développons de nouvelles formes de financement à impact positif, dans le cadre de notre accord avec l’ONU, qui s’applique déjà à de grands projets agroécologiques en Indonésie et en Inde. Notre incubateur d’intrapreneurs est tourné vers la recherche de solutions d’avenir inclusives. L’appel à candidatures de 2017 a recueilli 200 dossiers et 20 projets sont actuellement en cours. Notre relation à la société nous reconnecte à l’histoire originelle de la banque.
“ Des expériences auprès de l’entrepreneuriat social, des ONG et de la microfinance font partie des parcours de notre stratégie talents. ”
Directeur de l'Engagement d'entreprise BNP Paribas
Disposez-vous de systèmes incitatifs pour vos cadres dirigeants?
Une part de 20 % de critères RSE entre dans les rémunérations différées des cadres dirigeants, soit 6.300 personnes. Parmi ces critères, il y a aussi bien l’objectif d’atteindre 30 % de femmes en position de senior management en 2020 que nos objectifs de financement de la transition énergétique.
Les critères RSE sont-ils, dans tous les cas, matérialisés dans la politique de la banque ?
Environ 60 % de nos crédits sont concernés par des politiques sectorielles RSE. Et désormais, la direction des risques en assure le respect dans chacune de ses décisions. C’est une preuve tangible de la profondeur de notre engagement.
Qu’en pensent les clients ?
Poussés par les investisseurs qui ont de plus en plus une vision de long terme, nos clients entreprises vivent la même transformation que nous. Nous accompagnons leurs initiatives RSE par des solutions financières innovantes qui sont bien accueillies. Quant aux particuliers, ils réagissent positivement aux initiatives concrètes, qui vont du développement de l’épargne responsable aux tarifs promotionnels sur le crédit aux voitures électriques. Enfin, nous savons que l’engagement agit positivement sur notre« marque employeur ». Nous allons travailler avec des établissements d’enseignement pour diffuser cette notion de business à impact positif.
Quid des jeunes recrues ?
Des expériences auprès de l’entrepreneuriat social, des ONG et de la microfinance font aujourd’hui partie des parcours de notre stratégie talents « Leaders for Tomorrow ». En outre, nous travaillons avec les dirigeants pour intégrer l’impact positif dans leur business. Un Summer Camp, organisé par notre RH, en juillet, réunira des dirigeants, des pionniers de l’impact, et des talents pour être à l’avant-garde de notre engagement pour l’économie positive.
Muriel Jasor, Guillaume Maujean, François Vidal, Les Echos, le 25.06.2018
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