Qu’est-ce que l’économie circulaire ?
Sébastien Soleille : Le modèle d’économie dit « linéaire », consistant à « fabriquer, consommer et puis jeter », n’est pas viable à long terme face à une population mondiale qui ne cesse de croître, face à de nombreuses énergies non renouvelables (métaux, minéraux, combustibles fossiles…) qui ne peuvent pas suivre la demande et face à une capacité limitée de régénération des énergies renouvelables (terre, forêts, eau…). C’est la raison pour laquelle l’ensemble des acteurs de la vie économique doivent évoluer vers un nouveau modèle de production et de consommation lié à ce qu’on appelle l’économie circulaire ; l’économie circulaire consiste à rallonger la durée de vie des produits, à réduire le gaspillage, à réutiliser les déchets comme de nouvelles ressources ainsi qu’à développer les principes de location et de partage.
l’ensemble des acteurs de la vie économique doivent évoluer vers un nouveau modèle de production et de consommation lié à ce qu’on appelle l’économie circulaire.
Quels sont les enjeux de l’économie circulaire ?
S. S. : Les enjeux de l’économie circulaire sont planétaires, c’est la raison pour laquelle ce sujet est devenu une des préoccupations premières des gouvernements, de la Commission Européenne. Les principaux enjeux de l’économie circulaire consistent à mettre en place une meilleure gestion des déchets, une réduction des émissions de gaz à effet de serre, une revue du principe d’obsolescence planifiée des produits… Il faut donc à tous niveaux apprendre à davantage partager, louer, réutiliser, remettre à neuf et recycler. Investir sur cette thématique et donc sur les entreprises qui s’engagent à adopter les bons réflexes en matière d’économie circulaire ouvre des perspectives en matière de performances sur le long terme.
Les enjeux de l’économie circulaire sont planétaires.
Que fait le Groupe BNP Paribas dans ce domaine ?
S. S. : BNP Paribas s’engage dans l’économie circulaire de nombreuses façons, et notamment :
- en travaillant sur son fonctionnement propre : réduction de la consommation de papier et achat de papier issu du recyclage ou de forêts gérées durablement, développement du recyclage de ses déchets et optimisation du traitement des équipements informatiques en fin de vie… ;
- en finançant les acteurs de l’économie circulaire : nous accompagnons ainsi des entreprises sociales actrices de l’économie circulaire (Simone Lemon, un restaurant qui réduit le gaspillage alimentaire, Phenix, qui aide les entreprises à réduire le gaspillage en réveillant le potentiel de leurs déchets, etc.) ;
- en développant l’économie de fonctionnalité (leasing), via son offre de location financière (Arval et BNP Paribas Leasing Solutions), fondée sur l’utilisation d’un bien plutôt que sur sa possession (optimisation de l’utilisation des actifs) ;
- en travaillant avec des acteurs de référence : nous sommes notamment partenaires de la fondation Ellen MacArthur et de l’Institut national de l’économie circulaire (INEC).
Le cadre réglementaire et politique est-il propice à de telles évolutions ?
S. S. : On observe depuis plusieurs années une prise en compte significative de ces sujets par la sphère politique, notamment dans l’Union européenne et en France.
L’Union européenne s’est dotée de nombreux textes législatifs sur l’économie circulaire, notamment dans le cadre d’un plan en faveur de l’économie circulaire lancé en 2015. En mars 2019, la Commission européenne a publié un rapport pour évaluer la mise en place et l’efficacité des 54 actions de ce plan.
En France, une loi dédiée à l’économie circulaire est en cours de discussion au Parlement, pour compléter notamment les mesures qui avaient été incluses dans la loi Transition énergétique de 2015. Mais les discussions sont animées et certains regrettent le manque d’ambition du projet de loi. Le cadre réglementaire et politique évolue donc dans la bonne direction mais beaucoup reste à faire…
Photo : Sébastien Soleille
Quel est le rôle de la gestion d’actifs sur la thématique de l’économie circulaire ?
Bertrand Alfandari : Chez BNP Paribas Asset Management, nous nous engageons auprès des entreprises sur lesquelles nous investissons : nous dialoguons avec elles et votons lors de leurs assemblées générales car nous mettons les préoccupations environnementales au cœur de nos stratégies d'investissement.
Dans un monde qui change rapidement, l’économie circulaire est un axe de développement majeur pour préserver les ressources naturelles et notre planète.
L’activité indicielle BNP Paribas Easy est régulièrement citée pour sa capacité à développer des solutions d’investissement pionnières en matière d’environnement ou d’ESG (critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) comme celle de l’économie circulaire. Dans un monde qui change rapidement, l’économie circulaire est un axe de développement majeur pour préserver les ressources naturelles et notre planète. Le Groupe BNP Paribas soutient la transition vers une économie circulaire de trois façons : il en finance les acteurs et notamment ceux qui innovent, il développe l’économie de la fonctionnalité au travers de son offre de location financière (leasing), et il s’engage dans le cadre de son propre fonctionnement.
Comment investir dans les entreprises actrices de l’économie circulaire ?
B. A. : L’indice ECPI Circular Economy Leaders Equity Index® donne un angle d’investissement nouveau à ceux qui souhaitent investir dans la thématique de l’économie circulaire. Cet indice, libellé en euro, réplique la performance boursière de cinquante grandes entreprises internationales sélectionnées par des analystes comme étant armées pour saisir les opportunités et défis d’un modèle économique circulaire. Elles sont issues d’une part de secteurs qui ont naturellement leur place au sein d’une économie de ce type, tels que le recyclage ou les énergies renouvelables.
D’autres activités peuvent également être retenues par la méthodologie de l’indice dès lors qu’elles parviennent à faire évoluer leur modèle actuel vers celui de l’économie circulaire, telles que les industries générant de fortes émissions de CO₂ et consommatrices de matières premières. BNP Paribas Asset Management a lancé en avril dernier le tout premier ETF au monde sur la thématique de l’économie circulaire ; il s’agit du Tracker BNP Paribas Easy ECPI Circular Economy Leaders UCITS ETF (code ISIN : LU1953136527). Il est coté en euro et est négociable en continu sur Euronext Paris. Les frais totaux sur encours s’élèvent à 0,30% par an.
Pouvez-vous donner quelques exemples d’entreprises actrices de l’économie circulaire ?
B. A. : L’économie circulaire est de plus en plus adoptée par les grandes entreprises internationales qui y perçoivent une opportunité de croissance et d’innovation.
La société NIKE spécialisée dans la fabrication d'articles de sport intègre les prinicpes de cette économie. Elle a été sélectionnée au sein de l’indice ECPI Circular Economy Leaders Equity (indice sous-jacent au tout nouvel ETF de la gamme BNP Paribas Easy) pour son engagement à doubler son activité avec un impact environnemental réduit de moitié ; Nike a d’ailleurs remporté le prix « Circulars Award 2016 » pour ses efforts en matière de lutte contre le gaspillage. La société se concentre sur l'élimination des déchets grâce à des technologies de conception et de fabrication plus efficaces. En 2015, 54 milliers de tonnes de déchets d’usine ont été transformés en matériaux haut de gamme et réutilisés dans les chaussures et vêtements de sport. A titre d'exemple, NIKE utilise du polyester recyclé et certifié Better Cotton (coton cultivé conformément au système standard Better Cotton Initiative) qui optimise l'efficacité énergétique et l'utilisation rationnelle de l'eau.
Un autre acteur clé dans la transition vers une économie circulaire est IBM. Depuis plus de 30 ans, la société a lancé une unité de récupération des matériels informatiques en traitant près de 30 000 appareils chaque semaine. Plus de 99% des déchets d'équipements informatiques et de produits informatiques retournés à IBM en fin de cycle de vie sont réutilisés ou recyclés.
Dans un tout autre domaine, CATERPILLAR, poids lourd du secteur de la construction, encourage les principes d'économie circulaire avec ses programmes de refabrication et de reconstruction à travers lesquels les composants et les machines sont révisés, plutôt que simplement réparés ou remplacés. Cette réutilisation des pièces réduit les déchets et minimise le besoin de matières premières supplémentaires nécessaires à la production de nouvelles pièces. Grâce à ce système, CATERPILLAR indique « contribuer de manière significative au développement durable en maintenant des ressources non renouvelables en circulation pendant plusieurs cycles de vie ».
Autre exemple, HEINEKEN, 2ᵉ brasseur au niveau mondial, fait également figure de référence en matière de recyclage avec un taux de recyclage des coproduits, des emballages et des déchets industriels estimé à 97%.
En France, les groupes LVMH, Kering et Schneider Electric sont eux aussi engagés activement dans cette démarche.
les grandes entreprises internationales voient en l'économie circulaire une opportunité de croissance et d’innovation.
Il existe un ETF sur cette thématique, le seul au monde, pouvez-vous le décrire en quelques mots ?
B. A. : Un nouveau tracker vient d’intégrer la gamme BNP Paribas Easy, celui-ci réplique l’indice ECPI Circular Economy Leaders Equity Index construit par la société ECPI, un fournisseur d’indices italien spécialisé sur les indices ESG depuis plus de 20 ans. Si l’indice a été créé en juillet 2017, il n’existait pas encore d’ETF sur cette thématique. L’indice regroupe 50 actions internationales de grandes capitalisations, sélectionnées pour leur participation à l’économie circulaire et répertoriées selon cinq catégories : conception circulaire, récupération des matériaux, extension de la durée de vie du produit, plateformes de partage et offre de produits en tant que services (ou mettant l’accent sur l’usage du produit). Les 50 sociétés appartiennent à de nombreux secteurs d’activité car si l’indice exclut les activités relatives aux armes et au tabac, la sélection reste diversifiée4 : LVMH, Kering, BMW, Cisco Systems, Schneider Electric, Caterpillar, IBM ou encore Vestas Wind, un fabricant d’éoliennes danois.
Photo : Bertrand Alfandari
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