Le Président de l’institution monétaire appelle à davantage de réformes structurelles et à des politiques budgétaires favorables à la croissance. Le message n’est pas nouveau ; il a toutefois été répété avec une insistance particulière et des précisions supplémentaires. Invité lors de la conférence de presse à expliciter sa pensée, M. Draghi s’est prononcé en faveur de salaires plus élevés et d’une relance budgétaire en Allemagne, deux développements qui réduiraient son excédent courant, le plus élevé au monde.Vu d’Allemagne, un soutien à la demande n’est pas justifié : l’économie est au plein emploi et le vieillissement explique la constitution d’actifs. Du point de vue européen, il l’est : la faiblesse persistante de l’inflation plaide pour une demande plus robuste. Faute d’outils budgétaires communs, la stabilité de la zone euro continue de reposer sur la coordination,nécessairement difficile, des politiques nationales, qui doivent dès lors s’inscrire dans une dimension européenne. C’était déjà le cas lors de la crise de la dette. La situation actuelle vient toutefois rappeler que les déséquilibres macroéconomiques ne peuvent être appréhendés uniquement sous l’angle des déficits. Alors que les leaders du G20 ont une nouvelle fois affirmé leur détermination à tout faire pour atteindre une croissance plus robuste et plus équilibrée, c’est bien l’excès d’épargne qui aujourd’hui pose problème à l’économie mondiale et, manifestement, aux banquiers centraux.
Thibault Mercier