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Vers une disparition programmée du cash ?

Inéluctable ou utopique, la disparition de l’argent liquide ? Si certains persistent à penser qu’un monde sans cash est impossible, le dirigeant d’une banque internationale avait prédit lors du Forum mondial de Davos, en janvier 2016, que l’argent liquide n’aurait plus cours dans dix ans. Et il n’est pas le seul. Explications.

Quelques exemples en Europe du Nord 

En novembre 2015, la Nordea Bank, une banque norvégienne, renonçait à l’utilisation et au traitement des espèces dans ses agences : puisque la demande baisse, mais que le risque (de vol, de braquage…) existe toujours pour ses caissiers, elle a fait le choix d’abandonner le liquide. Une initiative encore isolée, mais qui pourrait se répandre. 

Il faut dire que les pays du nord de l’Europe (Norvège, Suède, Danemark, Finlande) sont beaucoup plus avancés que d’autres sur la voie d’un monde « sans cash ».

En Suède, par exemple, les fidèles n’ayant plus d’espèces sur eux, certaines églises dans les grandes villes affichent, lors du service dominical, leur compte bancaire sur un grand écran. Fini la collecte de pièces et billets, les paroissiens utilisent leur smartphone et une application mobile pour faire un don

Et dans le pays, même les SDF s’équipent d’un lecteur de cartes bancaires pour solliciter l’aumône des riverains. D’ailleurs, il est devenu suspect de payer en espèces… 

Dans un tel contexte, la Suède – qui d’ailleurs démonte ses guichets automatiques – semble prête à passer au « tout électronique » ! De même, un Danois sur trois ne manipule plus d’espèces, et les applications de paiement mobile connaissent un très grand succès dans le pays. Autre exemple : au Danemark, un commerçant peut refuser un paiement en liquide. Quant à la Norvège, elle programme tout simplement la disparition du cash pour 2020 !

En Suède, certaines églises dans les grandes villes affichent, lors du service dominical, leur compte bancaire sur un grand écran. les SDF s’équipent d’un lecteur de cartes bancaires pour solliciter l’aumône des riverains.

Des motivations économiques et sécuritaires

Dans la zone euro, l’annonce de la disparition prochaine du billet de 500 euros est-elle le premier signe annonciateur d’une suppression des espèces ? L’Europe justifie le retrait de ce billet par la lutte contre les fraudes et les trafics en tout genre. 

Contribuables indélicats et mafieux utiliseraient les grosses coupures pour pratiquer l’évasion fiscale ou le blanchiment d’argent. En France, aujourd’hui il est interdit de payer une somme supérieure à 1 000 euros en liquide. Toujours pour privilégier la traçabilité offerte par les paiements électroniques par carte, sans contact, par virement ou via une application de transfert d’argent.

Mais supprimer les espèces est aussi une mesure économique. Pour les banques centrales, émettre et gérer pièces et billets coûte cher. Pour les petites entreprises et les commerçants, le traitement du liquide est aussi coûteux, en plus d’être chronophage et source d’erreur...  

Enfin, dans le sillage des espèces, se développent de nombreux risques de vols, cambriolages et autres braquages : pour les banques, les supprimer est aussi une façon d’assurer la sécurité du personnel des agences et des convoyeurs de fonds.

Une disparition spontanée…  

Et s’il était inutile de supprimer le cash, qui semble promis à une disparition « naturelle » ? S’il suffisait de laisser le temps – et le numérique – faire son œuvre ? 

En effet, la digitalisation des moyens de paiement profite aussi largement aux consommateurs, qui se laissent de plus en plus séduire. Plus de risque de perte ou de vol, plus besoin de chercher un guichet automatique, ou de fouiller ses poches pour trouver de la monnaie, mais aussi un suivi des comptes simplifié, des erreurs évitées… Autant de bénéfices indéniables

Si bien que peu à peu les français s’approprient les paiements électroniques, délaissant le liquide mais aussi le chèque, dont l’usage recule. Les derniers chiffres publiés par la Fédération Bancaire Française, en juillet 2016, révèlent que les espèces représentent moins de 5% des transactions en valeur (mais restent importantes en nombre de transactions, beaucoup de consommateurs payant encore les petits montants – leur pain et leur journal par exemple – en liquide). 

Le liquide laisse désormais peu à peu la place :

  1. aux achats en ligne, en forte croissance (le nombre de transactions en ligne a augmenté de 19 % entre 2014 et 2015) ;
  2. aux paiements par carte, favorisés par l’acceptation quasi-généralisée de la carte bancaire dès 1 euro par les commerçants (92 % des français plébiscitent la carte bancaire pour les achats quotidiens) ;
  3. au paiement sans contact progressivement adopté (il a représenté 46 millions de transactions sur le seul mois de mai 2016)  ; 
  4. aux virements, facile à réaliser en toute autonomie sur les services de banque en ligne (leur nombre a augmenté de 7% entre 2013 et 2014).

Alors déjà, billets et pièces se font de plus en plus rares dans les poches des Français (et des Européens) !

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