C’est l'édition des records. Avec 180 000 visiteurs, plus de 170 nationalités représentées et de 14 000 startups recensées, VIVA Technology 2025 enregistre une affluence de 20 % supérieure à l’édition précédente. Des chiffres qui ne font que confirmer sa position de rendez-vous mondial de la Tech, et d’événement majeur pour qui s’intéresse à l’innovation et à ses perspectives. Alors, quelles avancées ont marqué cette édition ? Quels messages forts ont été portés par les leaders réunis sur ces quatre jours ? Nous y étions.
L’intelligence artificielle, thématique star de VIVA Technology 2025
Qu’elle soit générative, agentique ou quasi-incarnée dans des robots, impossible de passer à côté de l’intelligence artificielle lors de cette édition 2025. Elle a dominé l’événement à travers les 40 % d’exposants qui ont présenté des solutions fondées sur l’IA. Le ton était donné dès l’entrée du salon qui s’ouvrait sur l’AI Avenue, animée par Salesforce, ou encore le stand AWS et ses démonstrations d’IA générative.
Tous les secteurs sont concernés, de la santé à la finance. A la Maison de l' Innovation, l'espace de BNP Paribas, a été pensé comme une habitation design et high-tech avec ses différents espaces d’accueil : le salon pour les conférences, la cuisine pour le networking et la convivialité, le garage pour la recharge de sa voiture, etc. La startup zurichoise Unique, intégrée au sein du Groupe, fait de l'IA un usage précieux. Elle déploie notamment des assistants IA spécialisés dans l’automatisation des opérations financières pour en garantir la conformité, et améliorer leur rapidité comme leur fiabilité.
VIVA Technology 2025 : la Maison de l'Innovation de BNP Paribas
Vers une IA symbole de souveraineté ?
Plus que jamais, et c’est là une différence avec l’édition 2024, l’intelligence artificielle est pensée sous l’angle de la souveraineté, en réponse à l’instabilité croissante du contexte géopolitique mondial. Signe de cette tendance, l’ouverture des portes de Viva Technology 2025 le mercredi 11 juin, par une conférence marquante réunissant Jensen Huang, fondateur de NVIDIA, Arthur Mensch, PDG de Mistral AI, et le président français, Emmanuel Macron, sur la scène du Dôme de Paris. Ensemble, ils ont affirmé leur volonté de bâtir une « IA souveraine européenne », reposant sur une chaîne de valeur locale depuis les puces, les données et jusqu’aux modèles. Cette ambition se concrétise dans le lancement de Mistral Compute, une infrastructure de calcul IA européenne portée par Mistral AI et NVIDIA, dont l’objectif est de permettre à l’Europe de reprendre la main sur ses technologies et ses données.
D’autres acteurs européens : Scaleway, OVHcloud, Nextcloud, Ionos par exemple, s’inscrivent dans cette dynamique, développant des offres cloud souveraines, avec l’intention affichée de proposer une alternative crédible aux hyperscalers américains.
Un intérêt grandissant pour la Tech « à impact »
Après la souveraineté, place à la responsabilité. L’IA et les technologies émergentes œuvrent de plus en plus à la protection de l’environnement par le biais de startups (très) engagées. Sur l’Impact Bridge, un espace de 1 500 m2 entièrement dédié aux solutions qui bénéficient à la fois à la société et à l'environnement, soutenu par EDF, toutes les startups présentes ont été reconnues comme des acteurs de la Tech for Change pour leurs contributions significatives.
La société japonaise Ocean Eyes propose, par exemple, une solution de prévision des conditions océaniques à partir de données collectées via satellite et traitées par l’IA. A la Maison des Innovations de BNP Paribas, Kumulus Water, financée et accompagnée par le Groupe, impressionne avec un procédé très innovant : la création d’eau potable à partir de… l’air.
La cybersécurité en tête de liste
L’essor de l’IA s’accompagne d’un autre enjeu majeur : la cybersécurité, et la façon dont les entreprises doivent apprendre à faire face à une nouvelle génération de cybermenaces. Une priorité pour un groupe bancaire de l’envergure de BNP Paribas. Le jeudi 12 juin, Olivier Nautet, CISO & Head of Cyber Security & Digital Fraud de BNP Paribas, interrogé lors de la conférence « Comment les entreprises peuvent-elles naviguer dans la nouvelle ère des cybermenaces, alimentées par l’IA ? » a alerté : « nous ne sommes qu’au début de l’intelligence artificielle. L’IA ne représente pas simplement une évolution dans la cybersécurité, mais bien une révolution. Il faut intégrer l’IA dans des architectures hybrides où l’humain conserve un rôle décisionnel critique. »
3 questions à Olivier Nautet, CISO & Head of Cyber Security & Digital Fraud de BNP Paribas
- En quoi l’intelligence artificielle transforme-t-elle profondément le paysage des menaces cyber, et sommes-nous face à une évolution ou une révolution ?
Nous ne sommes qu’au début de l’intelligence artificielle. L’IA ne représente pas simplement une évolution dans la cybersécurité, mais bien une révolution. Les hackers s’en servent déjà pour décrypter les systèmes, générer des attaques plus ciblées, ou encore produire des emails parfaits dans n’importe quelle langue. L’IA permet aussi des attaques de type zero-day , qui ciblent une vulnérabilité logicielle dont le développeur n'a pas connaissance et peuvent frapper avant même que les défenseurs n’aient le temps de réagir. L’avantage c’est que l’IA permet aussi de créer des boucliers de plus en plus performants.
- Comment répondre à la pression croissante de la vitesse et de la masse des données à traiter dans les systèmes de cybersécurité ?
- Devant la généralisation des menaces et/ou des contenus falsifiés (deepfakes, fake audio, désinformation), comment un groupe comme BNP Paribas peut-il protéger sa réputation et préserver la confiance ?
On ne peut pas tout contrôler, encore moins sur Internet, mais il faut pouvoir réagir vite, prouver que le contenu est faux et restaurer la vérité. C’est pourquoi nous nous appuyons sur des modèles scientifiques et combinons technologie et expertise humaine. Ce qui suppose d’anticiper en continu : il faut des systèmes de monitoring, des plans de communication, et des outils d’authentification intégrés dans la culture de l’entreprise. Le vrai danger, ce n’est pas l’attaque elle-même, c’est l’incapacité à prouver qu’elle n’est pas réelle.
Cap sur la santé avec la Med Tech et la Health Tech
Mieux vivre, plus longtemps ! Voilà une promesse portée par les startups de la Med Tech et de la Health Tech présentes en nombre cette année. Parmi elles, la startup française BodyO et son Buddyo, appareil de 30 centimètres cubes et de 6,5 kilos présenté comme un « compagnon de santé » à domicile qui agit comme un petit laboratoire d’analyse médicale personnel. Il peut contrôler une vingtaine de paramètres de santé : pression artérielle, température du corps, fréquence cardiaque, oxygénation du sang, taux d’acide urique…
Autre exemple impressionnant, Baracoda, startup mise en avant par BNP Paribas, qui a dévoilé son miroir de salle de bain intelligent, capable d'afficher plusieurs paramètres : taux d'oxygène dans le sang, rythme cardiaque, stress, etc. Il est surtout capable de détecter une chute ou mouvement anormal et d’alerter les secours. Ces deux exemples partagent une même idée : faire de l’intelligence artificielle un outil de prévention, de suivi et sécurité au service de notre bien-être à tout âge.