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1848 : création du Comptoir National d’Escompte de Paris

Au lendemain de la révolution de février 1848, des libraires, tous républicains, s’impliquent dans la création du Comptoir National d’Escompte de Paris (CNEP).

Au tournant de la Révolution

Le 24 février 1848, Alphonse de Lamartine proclame la Seconde République et le soir-même, un gouvernement provisoire est formé. Le 4 mars, Louis-Antoine Garnier-Pagès est nommé ministre des Finances. L’une de ses mesures pour redresser la situation économique désastreuse du pays, endetté et figé, est la création d’établissements spécialisés dans l’escompte. Il faut agir vite et se passer, dans un premier temps, des banquiers enlisés dans leurs difficultés. A Paris, des libraires, éditeurs et politiques donnent l’impulsion nécessaire à ce projet.

Les hommes de la situation

Dès le 7 mars 1848, Garnier-Pagès crée 69 comptoirs d’escompte dans les plus grandes villes françaises. Ces comptoirs sont complétés par des sous-comptoirs spécialisés par branches industrielles et par des magasins généraux abritant les marchandises mises en gage. Le 8 mars 1848, le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP) est créé. Garnier-Pagès, Duclerc et Pagnerre ont été rejoints par le journaliste et homme politique Armand Marrast, mais aussi par une cohorte de libraires éditeurs : Louis Hachette, Langlois, Charles Gosselin, Ambroise Firmin-Didot ainsi que le fondeur de caractères Hippolyte Biesta. Car le métier d’éditeur et libraire subit directement les insuffisances du système de crédit français : il nécessite une immobilisation de capitaux pour fabriquer les livres, avant même leur mise en vente. La création d’un comptoir d’escompte a fait l’objet d’un débat au Cercle de la librairie dès le 29 février 1848 et les membres se sont déclarés favorables à ce projet, soutenu par Pagnerre.

Pagnerre, au carrefour des pouvoirs

Les libraires et éditeurs ne sont pas les seuls concernés de près par le crédit. D’autres corps de métiers parisiens ont besoin d’escompter les traites commerciales. Mais la révolution de 1848 est une période charnière. Pour ces grands commerçants du livre, qui ont une claire vision de la situation et une proximité avec le pouvoir, elle cristallise la volonté d’avancer avec efficacité sur le sujet économique. Pagnerre, nommé adjoint au maire de Paris en février 1848 et présent au gouvernement provisoire, est un homme d’influence dans l’édition comme en politique.

Il a fondé le Comptoir central de la librairie en 1840 et le Cercle de la librairie en 1847. De toute évidence, ses idées innovantes ont été de la première importance dans la création du Comptoir national d’escompte de Paris, dont il prend la tête brièvement à ses débuts – avant de céder la place à Hippolyte Biesta, secondé par le banquier Alphonse Pinard. Au fil des années, le CNEP démontre son utilité. Le nouvel établissement, né d’une révolution, prendra une place croissante dans le secteur bancaire français en devenant dès 1860 une banque de financement du commerce international.

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