Pourriez-vous tout d’abord nous décrire simplement ce qu’est Syntony ?
Nous avons créé Syntony il y a trois ans. Je dis « nous » parce que nous sommes deux, mon mari Joël et moi-même. C’était une activité qui existait déjà. Joël était à l’époque dirigeant d’une filiale d’une PME parisienne et en est le créateur. Comme nous habitons Toulouse, cette SS2i avait comme principaux clients l’aéronautique et le spatial. Quand mon mari m’a proposé de le rejoindre dans cette aventure de rachat de fond de commerce, j’ai accepté de suite. Nous nous devions de faire voir le jour à des produits qui sont uniques au monde et cela aurait vraiment été dommage de passer à côté de ce projet. A l’époque je travaillais chez Airbus, j’ai fait plein de postes divers et variés dans plusieurs secteurs pendant 10 ans, ce qui m’a permis de beaucoup apprendre à leur côté, aujourd’hui j’ai un vrai savoir-faire.
Au sein de Syntony, je suis DRH et DAF. Je gère aussi le marketing et fait une peu de commerce. Je suis très polyvalente comme tout entrepreneur, je pense. Au début, nous étions 5 dans l’aventure. Joël, 3 ingénieurs et moi. Aujourd’hui nous sommes 26 et nous serons 30 à la fin du mois.
Pourquoi Syntony ?
Syntony c’est le moment où les ondes s’accordent. La syntony signifie le « la » donné par le chef d’orchestre et symbolise aussi très bien notre technologie : une information GPS est le résultat de 7 signaux satellites qui s’accordent pour donner une position. Et puis c’est aussi l’ambiance que nous souhaitons insuffler dans notre entreprise. Nous voulons garder une qualité de relation et une ambiance très ouverte et harmonieuse avec tous les salariés que nous avons recrutés nous-mêmes. Cette qualité de relation est en adéquation avec la qualité de nos produits.
Nous ne travaillons qu’en B2B. Nous avons deux types de produits sur lesquels nous nous basons pour faire les dérivés :
- Les récepteurs, qui permettent de géolocaliser les tout moyen de transport (fusée, avion, train…etc…).
- Les simulateurs, utilisés sur des bancs de tests. Avant de lancer des satellites, les créateurs de ces derniers ont besoin de les tester 24/24h pendant 1 ou 2 mois au sol sur des scénaris de réception de signaux GPS divers et variés. Ils permettent donc de tester toutes les fonctionnalités pour que seul ceux qui sont conforment à leurs attentes puissent s’envoler.
Créée en 2015, Syntony est encore une jeune pousse. À quel stade en êtes-vous aujourd’hui ?
Nous attirons les grands groupes et c’est pourquoi, nous sommes dans une phase très ascendante. Le produit simulateur a eu plusieurs extensions. Parmi elles, Subwave qui réalise plus de 70% de notre CA. C’est un simulateur qui est utilisé dans les tunnels, et tout ce qui est couvert. Là où le signal GPS habituellement n’apparait pas. Il sert à recréer un signal GPS tel qu’il serait reçu de l’extérieur pour que les puces GPS de tous les smartphones et les supports Tetra continuent de se géolocaliser. Ce projet a de vraies retombées concernant les contraintes sécuritaires dans les métros. Le premier à nous avoir fait confiance est le métro de Stockholm, qui est venu vers nous il y a deux ans. Le client est très satisfait si bien qu’il vient de se positionner pour avoir l’extension du produit qui s’appelle « Subwave + » et qui permet une meilleure précision de l’information. Nous grandissons très vite car nous avons besoin d’être très réactifs aux demandes de nos clients qui sont de plus en plus nombreux.
En tant qu’entrepreneure, quelle est la difficulté à laquelle vous ne vous attendiez pas ?
La difficulté n’était vraiment pas celle d’être femme ! Si je dois résumer les trois ans passés en tant que femme entrepreneure, je crois que ça m’est arrivé deux fois de gentiment recadrer quelqu’un qui me disait « mais vous êtes une femme ». Au contraire, c’est une chance d’être une femme !
J’ai la chance de piloter cette entreprise avec des hommes et des femmes parce que nous avons des visions très diverses mais très complémentaires. Pour moi, c’est une grande force. Oui je suis une femme, je réfléchis avec mon cœur de femme et je ne me pose jamais la question de savoir « comment réfléchirait un homme ? » je pense que ce serait une grave erreur. Ce n’est pas ce qu’on attendrait de moi et ce serait contre-productif.
Alors pour moi, la plus grande difficulté, c’est de s’inventer tous les jours. Je pense qu’on doit prendre 10 à 15 décisions par jour et à chaque fois on est content du résultat pour finalement recommencer de nouveau le lendemain matin tout en gardant le cap et si possible toujours faire les bons choix.
La difficulté n’était vraiment pas celle d’être femme ! je réfléchis avec mon cœur de femme et je ne me pose jamais la question de savoir comment réfléchirait un homme ? je pense que ce serait contre-productif
“ Un conseil ? Restez soi-même. C’est ce qui nous a le plus aidé depuis 3 ans. Cette authenticité fait la qualité de confiance. Autant avec nos salariés que nos clients et nos partenaires. C’est le meilleur passeport pour réussir. Se connaitre avec ses qualités et ses défauts. ”
Co-créatrice de Syntony
Quel rôle BNP Paribas a-t-il joué dans votre parcours entrepreneurial et dans le développement de Syntony ?
La belle histoire aussi, dans tout ce qui nous est arrivé, c’est la rencontre avec BNP Paribas lors d’un déjeuner à Toulouse en octobre l’an dernier durant lequel Martine Liautaud (co-auteure du guide "Entreprendre au féminin, mode d'emploi") était invitée et elle avait une jolie façon d’exprimer l’entrepreneuriat féminin, ses enjeux, ses difficultés et les valeurs humaines qu’elle véhiculait.
nos interlocuteurs BNP Paribas apportent des solutions à nos besoins, voire les anticipent et sont force de proposition. Cette qualité d’accompagnement contribue fortement à ma sérénité d’entrepreneure.
Cela m’a vraiment donné envie de faire partie de ce programme (Wbmi). Donc en avril, j’ai tenté ma chance je l’ai contactée et puis notre histoire l’a beaucoup intéressée. Maintenant, je suis tutorée par deux personnes (une pour les USA et une pour la France) et ils m’aident tous deux énormément dans mes prises de décisions au quotidien grâce à leur expérience et leur recul très serein par rapport au monde du business. Leur mentoring a réellement un effet propulsant non négligeable. Notre réussite tient aussi aux bons conseils de nos partenaires divers et variés : tous nos interlocuteurs BNP Paribas apportent des solutions à nos besoins, voire les anticipent et sont force de proposition. Cette qualité d’accompagnement contribue fortement à ma sérénité d’entrepreneure.
Quels sont vos prochains défis ?
Notre vrai défi aujourd’hui est de convaincre le marché Nord-Américain. Nous avons déjà plusieurs clients qui nous prouvent leur confiance mais on a vraiment envie de s’implanter et de s’y créer un réel réseau. Notre défi pour cette année est de mettre cette nouvelle technologie dans le métro de New-York. Nous sommes en pourparler déjà depuis 18 mois mais c’est un gros contrat donc le cercle décisionnel est d’autant plus long. Notre développement passe par énormément de travail. Je suis en déplacement en moyenne deux semaines par mois. C’est un rythme à tenir. Nous devrons de nouveau partir aux USA en avril pour plusieurs semaines car nous avons été sélectionnés par le programme Impact de Business France.
Et quels sont, selon vous, les prochains défis de l’entrepreneuriat féminin ?
Non plus de s’intéresser à la réaction de nos interlocuteurs mais plus d’être convaincues de ce qui fait notre force. Ce qui me désole, c’est que les femmes de mon âge, tiennent encore des discours étonnement sexistes aux jeunes femmes qui arrivent. Alors que ce n’est aucunement un handicap d’être une femme aujourd’hui.
Le challenge, c’est d’enfin apprécier qui nous sommes. Ça ne doit pas être une différence dans le milieu du business. Il faut surtout se demander quelles sont les qualités féminines et pourquoi elles sont intéressantes pour l’entreprise. Il faut que les jeunes femmes réalisent qu’on a toutes nos chances dans l’entrepreneuriat et qu’il n’y a vraiment aucune différence. A partir de ce moment-là, il n’y aura plus besoin de se battre ou de se sous-estimer en entretien d’embauche, par exemple. Arrêtez de se penser fille mais juste ce qu’on a envie d’être. Quand les femmes diront « Moi, je veux être ça ! » on aura tout gagné.
Le challenge, c’est d’enfin apprécier qui nous sommes. Arrêtez de se penser fille mais juste ce qu’on a envie d’être. Quand les femmes diront « Moi, je veux être ça ! » on aura tout gagné.
Une anecdote à nous raconter ?
Sur les salons, nous sommes toujours en recherche de talents, beaucoup d’étudiants viennent visiter notre stand. Et j’essaye toujours de les mettre à l’aise pour qu’ils me parlent et qu’ils me laissent leur CV pour essayer de les convaincre de venir. Et avec l’un deux, au lieu de me serrer la main, il m’a fait un check et j’ai trouvé ça très chouette ! Je me suis dit que j’étais encore capable d’être aussi proche des gens et ça m’a fait plaisir.
3 dirigeantes d’entreprises soutenues par BNP Paribas nous présentent leurs expériences entrepreneuriales. Quelles sont les barrières à franchir, les obstacles à éviter et les astuces à connaître ? Découvrez aussi les témoignages d’Alix de Sagazan, fondatrice d’AB Tasty et Juliette Soria, dirigeante de Silamir.