Une chance pour chaque jeune, grande cause nationale
En France, 22 % des moins de 25 ans sont sans emploi et touchés par la précarité. Le système scolaire et l’absence de mixité génèrent exclusion et inégalités. Nous devons donc nous donner les moyens d'offrir aux jeunes la place de se réaliser personnellement par la culture, l’art, le sport, l’orientation professionnelle. Objectif : relancer l’ascenseur social, inclure, faciliter l’autonomie et l’épanouissement personnel. Pour cette raison, BNP Paribas, Google, Accor et de nombreuses associations se sont mobilisés, à l’initiative de Make.org, pour « donner une chance à chaque jeune ».
Qu’est-ce qu’une « grande cause » ?
Une grande cause commence par une large consultation auprès de 500 000 français, sur une question simple et engageante. En se fondant sur les propositions les plus soutenues, une série d’actions concrètes est ensuite mise en œuvre pendant 3 ans avec le soutien de partenaires entreprise, médias et associations.
La consultation a été lancée en mai 2018 : 220 000 participants ont apporté 1663 réponses à la question « Comment donner une chance à chaque jeune ? » et 1,5 million de personnes ont voté. Lors de VivaTech 2018, plus de 100 associations, entreprises, start-ups, médias et visiteurs ont traduit les meilleures propositions en plan d’actions. Lors des Assises de la Jeunesse de la Croix Rouge en juin 2018, 1 000 à 2 000 jeunes ont continué ce travail. Ce samedi 19 mai, Make.org, avec les partenaires fondateurs de cette grande cause, ont annoncé les actions qui seront mises en œuvre au cours des 3 prochaines années afin de donner à chaque jeune une chance de réussir.
“ Je me suis engagé très tôt, j’ai créé mon association la même année où j’ai créé mon entreprise. Pour moi réussir, c’est réussir collectivement. Dans les quartiers où j’ai grandi, il y a une vraie énergie et envie d’entreprise, mais ils ne sont pas connectés avec l’écosystème économique. Au début, je n’avais pas peur de l’échec, je n’avais rien à perdre ”
Huit actions en 3 ans pour un impact national
Le plan d’action de la société civile pour atteindre les objectifs de cette grande cause doit permettre à chaque jeune de révéler son potentiel, accompagner les situations les plus difficiles, développer des liens entre des jeunes d’horizons différents et, enfin, inciter chaque jeune à s’engager dans la société.
Le plan comprend 8 actions :
Orientation pour tous : une aide à l’orientation des jeunes défavorisés grâce au déploiement de la solution Impala déjà mise en œuvre avec succès dans de nombreux établissements scolaires ;
Prends la parole : des formations à la prise de parole en public avec CoorpAcademy ;
Mentor express : des mentorings de jeunes par des collaborateurs de grands groupes ;
Alternative décrocheur : afin d’identifier et réinsérer les jeunes qui sortent du système avec l’Ecole de la deuxième chance, association soutenue aussi bien par des grands groupes comme BNP Paribas que de plus petites entreprises, notamment celles créées par d’anciens « décrocheurs », comme Ali Sidhoum, fondateur de Trust IT ;
Coaching parents : pour aider les parents avec Inter Service Parents ;
Jumelage : solution vidéo qui permet à plusieurs classes à distance de participer à des cours communs ;
Service civique boost : pour développer le service civique, vecteur de mixité et d’inclusion ;
Passeport engagement : cette initiative est mise en œuvre par France Bénévolat et soutenue par des entreprises telles que SAP. Les jeunes sont accompagnés dans leur projet d’engagement – associatif, sportif, etc. – et leur expérience est valorisée en termes d’apprentissage.
Réaliser l’ensemble de ces actions en 3 ans est un véritable challenge. Pour le relever, des consultants de PwC vont accompagner les acteurs de la grande cause dans le cadre d’un mécénat de compétences, tout comme certains salariés de grandes entreprises comme BNP Paribas.
Quand les collaborateurs des grands groupes mentorent les jeunes
L’une des actions du plan – « Mentor express » – se concentre sur le mentorat de jeunes par des employés de grandes entreprises. L’objectif est de mieux leur faire connaître la réalité des métiers et de les mettre en lien avec l’écosystème économique. Anne-Sophie Beraud, VP Groupe Inclusion & Diversity Accor explique que « le mentoring express va être l’opportunité pour les volontaires parmi nos 30 000 salariés de faire découvrir l’hôtellerie, transmettre l’envie de travailler dans nos métiers, voire susciter un déclic chez les jeunes ! ».
« Les métiers des grandes entreprises comme BNP Paribas sont mal connus, d’autant plus qu’ils ont énormément évolué au cours des 10 dernières années », analyse pour sa part Bertrand Cizeau, Directeur Communication Groupe BNP Paribas. « Nous avons déjà 400 collaborateurs qui consacrent 3 à 4 heures par mois au mentorat des jeunes. À horizon 2020, nous souhaitons atteindre le million d’heures de collaborateurs consacrées à de telles actions. Le mentorat est la manière la plus concrète de transmettre la réalité des entreprises aux jeunes. Ce qui change avec la grande cause, c’est la coalition, c’est le passage à une plus grande échelle pour un plus grand impact. Nous en sommes ravis. »
Nos métiers ont énormément évolué au cours des 10 dernières années. Le mentorat est la manière la plus concrète de transmettre la réalité des entreprises aux jeunes .
Dans cette action, les partenaires seront aidés par des associations comme Nos quartiers ont du talent, ainsi que par des entreprises technologiques comme JobIRL, un réseau d’échange entre les jeunes et les employés d’entreprise qui comptent déjà 55 000 membres actifs. Il permet aux jeunes de dialoguer directement avec des professionnels ou des étudiants sur leurs centres d’intérêt ou leurs interrogations.
Un plan d’actions en collaboration étroite avec l’école
L’Éducation Nationale s’implique dans la réalisation de ce plan d’actions, comme l’a montré la Rectrice de l’Académie de Versailles : « L’Académie va démultiplier ses efforts pour travailler avec les acteurs locaux aux interstices des politiques publiques pour donner une chance à chaque jeune », explique Charline Avenel, la rectrice. « L’initiative de Make.org nous sert de boîte à outils pour mettre la tech au service de ces enjeux ».
« Les jeunes ont besoin de témoignages concrets de gens du même milieu qui ont réussi pour les sortir du déterminisme social dans lequel ils sont élevés. Il faut changer les codes de la réussite. Personnellement, l’une de mes grandes chances a été les encouragements sans faille de mes professeurs. Je préfèrerais dire « une opportunité pour chaque jeune » car je pense qu’on crée sa chance. La chance, c’est du courage et du culot, notamment pour construire son réseau. » Hapsatou Sy, entrepreneure.
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