Qu’est-ce que l’empreinte carbone et plus particulièrement celle d’un portefeuille ?
TC : L'empreinte carbone d’une activité est la mesure des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui lui sont associées. L’empreinte carbone d’un portefeuille est donc la mesure des émissions indirectes de GES associées au choix d’investissement. Elle est liée aux émissions des entreprises qui composent le portefeuille analysé.
Quelle est la différence entre les émissions directes et indirectes ?
TC : Les émissions directes sont celles directement générées par les installations détenues ou contrôlées par l’entreprise. On les qualifie de « Scope 1 ».Les émissions indirectes résultent quant à elles :
- Des achats d’électricité, de chaleur ou de vapeur nécessaires à la fabrication du produit ou service ; on parle alors de « Scope 2 » ;
- D’émissions qui ne sont pas liées directement à la fabrication du produit ou service, mais à d’autres étapes de son cycle de vie comme l’extraction de matières premières, l’approvisionnement, le transport jusqu’à l’usine de production, le recyclage éventuel, l’usage du produit par ses clients, etc. Il s’agit ici du « Scope 3 ».
Comment mesure-t-on l’empreinte carbone ?
TC : Chez BNP Paribas, pour calculer l’empreinte carbone d’un fonds, on prend les émissions directes et indirectes de chacune des sociétés qui le composent, on les pondère par la valeur d’entreprise (soit la somme de la valeur de marché des capitaux et de la dette nette) puis par le poids de chaque titre au sein du fonds. Cela nous permet de déterminer quelle est la part des émissions de la société qui peut nous être allouée compte tenu de notre pourcentage de détention de chaque entreprise... En additionnant les intensités carbones de chaque entreprise du portefeuille, on détermine l’empreinte carbone du portefeuille.
Photo : Thibaud Clisson
D’où tirez-vous toutes ces informations ?
TC : Les fournisseurs de données peuvent être des cabinets spécialisés dans l’analyse climat (comme le cabinet Carbone 4) ou des organisations internationales à but non lucratif, comme le CDP (anciennement appelé « Carbon Disclosure Project »). Le CDP détient la base de données mondiale la plus importante sur la performance environnementale des villes et des entreprises. Depuis 2003, il administre chaque année auprès des entreprises un questionnaire pour recueillir des informations sur leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Certaines filiales spécialisées de sociétés de notation ou de fournisseurs d’indices financiers - comme Trucost, rattachée à Standard & Poor’s – peuvent aussi fournir ce type d’information.
Qu’en est-il chez BNP Paribas Asset Management ?
TC : BNP Paribas Asset Management est depuis longtemps engagé en la matière. Dès 2008, BNP Paribas AM a lancé le premier ETF à faible intensité carbone, le BNP Paribas Easy Low Carbon 100 Europe UCITS ETF. Depuis 2015, BNP Paribas AM mesure l’empreinte carbone de ses fonds actions selon les scopes 1 et 2. Depuis 2019, BNP Paribas AM calcule l’empreinte carbone de ses fonds actions et obligations.
BA : Pour l’activité indicielle, les 12 derniers mois ont été marqués par le lancement d’un ETF obligataire sans combustibles fossiles (le BNP Paribas Euro Corporate Bonds SRI Fossil Free UCITS ETF) et par un durcissement de la méthodologie de l’ETF Low Carbon 100 Europe. Cela a abouti au retrait définitif des énergies fossiles.
Comment communiquez-vous auprès des investisseurs ?
BA : Nous leur fournissons l’empreinte carbone de nos fonds indiciels et ETF à la demande. Nous prévoyons aussi de rendre visible l’empreinte carbone de nos ETF sur nos sites Internet BNP Paribas Easy et sur les rapports mensuels des différents fonds indiciels et ETF. Cette donnée deviendra ainsi un critère de choix supplémentaire pour nos clients, qu’ils soient institutionnels, distributeurs ou particuliers.
Photo : Bertrand Alfandari
Y sont-ils sensibles ? Percevez-vous une évolution dans les comportements ?
BA : Au cours de trois dernières années, l’encours de l’ETF BNP Paribas Easy Low Carbon 100 Europe UCITS ETF a été multiplié par cinq et atteint désormais plus de 600 M€*, ce qui témoigne de l’engouement des investisseurs pour la thématique bas carbone et la conscience de certains investisseurs des enjeux liés au réchauffement climatique.
Rappelons que l’article 173 de la loi sur la transition énergétique du 17 août 2015 définit les obligations d’information des investisseurs institutionnels en ce qui concerne les paramètres environnementaux et sociaux : ils sont désormais tenus de publier l’intégration de ces critères dans leurs opérations d’investissement, ils doivent indiquer la part verte de leurs portefeuilles et la contribution de leurs investissements dans la lutte contre le changement climatique et la facilitation de la transition énergétique.
Il leur faut donc communiquer sur la gestion du risque climat et la part carbonée de leurs portefeuilles.
calculer l’empreinte carbone d’un fonds et de proposer des OPCVM décarbonés est un véritable atout. Cela devrait devenir une nécessité pour tous les asset managers dans un avenir proche.
De ce point de vue, la faculté pour BNP Paribas AM de calculer l’empreinte carbone d’un fonds et de proposer des OPCVM décarbonés est un véritable atout. Cela devrait devenir une nécessité pour tous les asset managers dans un avenir proche.
Percevez-vous encore des réticences concernant les investissements décarbonés ?
BA : La principale réserve vient du fait qu’il n’est pas évident pour un investisseur institutionnel de se priver des titres des sociétés pétrolières, dont la rentabilité et les dividendes restent élevés. En outre, un portefeuille décarboné souffre par construction d’un biais sectoriel par rapport à l’indice traditionnel auquel il se compare, ce que certains investisseurs peuvent difficilement accepter, surtout les institutionnels.
Ceci étant, l’indice Low Carbon 100 Europe® NTR a dégagé sur 10 ans une surperformance de 20,75 % par rapport à l’indice Stoxx Europe 600® NR, un indice traditionnel sur les actions européennes, auquel on le peut le comparer. Un fonds en cohérence avec le scénario 2°C des accords de Paris peut donc être à la fois porteur de sens et générateur de performance !*
Par ailleurs, le fonds souverain norvégien et ses 1 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion a annoncé en mars dernier qu’il sortait du secteur de l’exploration et de la production de pétrole et de gaz. Si d’autres grands investisseurs institutionnels s’en inspirent et que cette tendance se confirme, on peut penser que les titres pétroliers en souffriront et que cela n’aura non seulement pas de conséquence pour les OPCVM décarbonnés mais même en facilitera la performance par effet de report. Les dernières réticences des investisseurs institutionnels pourraient bien disparaître d’elles-mêmes !
* Source BNP Paribas AM au 28 juin 2019
1 ETF : Exchange Trading Fund (fonds indiciel listé sur une bourse)
Photo header : ©Asvolas
Les investissements réalisés dans les fonds sont soumis aux fluctuations du marché et aux risques inhérents aux investissements en valeurs mobilières. La valeur des investissements et les revenus qu’ils génèrent peuvent enregistrer des hausses comme des baisses et il se peut que les investisseurs ne récupèrent pas l’intégralité de leur placement. Le fonds décrit présente un risque de perte en capital. Pour une définition et une description plus complète des risques, merci de vous reporter au prospectus et DICI du fonds. Avant de souscrire, vous devez lire la version la plus récente du prospectus et DICI disponibles gratuitement sur notre site Internet easy.bnpparibas.fr. Les performances passées ne préjugent pas des performances à venir.