• Diversité et inclusion

"BNP Paribas accompagne la diversité au sens large" Jean-Laurent Bonnafé - La Tribune

Jean-Laurent Bonnafe
Jean-Laurent Bonnafe
Administrateur Directeur Général de BNP Paribas

Vendredi 17 mai, Journée Internationale de lutte contre l’homophobie et la transophobie, Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur Général de BNP Paribas, revient sur les initiatives portées par le Groupe en faveur des LGBT+. Propos recueillis par Irène Frat, publiés dans un dossier spécial LGBT(Ce lien s'ouvre dans un nouvel onglet) en entreprises de l'hebdomadaire La Tribune(Ce lien s'ouvre dans un nouvel onglet).

Vous êtes le seul dirigeant d'une entreprise française à figurer (à la cinquième place) dans le ranking international d'OUTstanding. Pourquoi votre exemple est-il si peu suivi ? 

Le propre de ces classements, c'est de faire connaître et de permettre à chacun de se poser des questions. En conséquence, je ne me sens pas seul ! Sur la base des progrès réalisés depuis dix ans, je serai peut-être dans les dix ans à venir très loin dans le classement d'OUTstanding, dépassé par beaucoup d'autres ! D'ailleurs, je suis sûr que certains chefs d'entreprise seraient prêts à s'impliquer, mais une décision individuelle qui ne serait pas portée par une équipe serait contre-productive. Cela doit être une décision collective. C'est le cas pour BNP Paribas, une entreprise ouverte sur des cultures et des réalités différentes, dont la caractéristique est d'accompagner la diversité au sens large. 

Pouvez-vous détailler pourquoi vous portez les initiatives de BNP Paribas ? 

Si j'ai observé peu de discrimination contre les LGBT+ dans l'entreprise, pendant mes études - il y a très longtemps - j'ai assisté à des situations proches de la violence physique. Et ceux qui souffraient n'avaient aucune clé pour comprendre pourquoi on s'en prenait à eux. Cela a fait son chemin chez moi. Mais ce qui a été déterminant, c'est l'invitation d'un certain nombre de collègues, qui nous ont dit : ‘il y a des difficultés, nous devons nous y intéresser et agir'. C'est allé assez vite, d'autant que nous avons eu des signaux de Londres et de New York. Enfin, des réseaux existaient déjà au sein de l'entreprise. 

Et maintenant, tout cela se cristallise. Je suis donc très optimiste. Et pragmatique. Plutôt que de parler de questions universelles d'identité, je mise sur le bon sens et la bienveillance. A chaque fois qu'on peut faire un geste pour que quelqu'un soit plus à l'aise ou plus ouvert, se sente mieux compris et davantage considéré, c'est toujours une bonne chose, sur ce sujet comme sur d'autres. Vous pouvez faire semblant d'être différent de vous-même un jour ou deux, mais pour être serein, surtout dans des domaines comme l'innovation ou la prise de risque, vous devez être bien accueilli. En créant un univers plus favorable, on obtient assez naturellement un engagement complet des collaborateurs. Ce n'est pas nécessairement ce qui est à l'origine du mouvement dans les organisations, mais c'est un fait. 

A chaque fois qu'on peut faire un geste pour que quelqu'un soit plus à l'aise ou plus ouvert, se sente mieux compris et davantage considéré, c'est une bonne chose, sur ce sujet comme sur d'autres.

Et cela se diffuse sans que l'on puisse le comptabiliser. En outre, avoir des alliés hétérosexuels est critique: cet enjeu doit traverser toute l’entreprise. N'importe qui peut se sentir concerné et avoir envie, à titre personnel, familial, professionnel, de s'engager. C'est ce qu'on observe chez BNP Paribas. 

En créant un univers plus favorable, on obtient assez naturellement un engagement complet des collaborateurs.

Concrètement, quelles sont les actions menées ?

Nous avons, en 2015, signé la Charte d'Engagement LGBT+ de l'Autre Cercle. Nous avons des centaines de milliers de clients dans les 72 pays où nous sommes présents, et nous avons reçu de nombreux emails, notamment de ceux qui ne partageaient pas l'idée qu'une entreprise puisse aller sur ce terrain ou considéraient même que c'était une faute… Certains commentaires étaient proches de la haine, ce qui ne peut d'ailleurs que légitimer notre décision, puisque si elle produit de telles réactions, c'est qu'il y a bien un problème. Nous avons sans doute perdu quelques clients, mais ce ne sont pas des domaines dans lesquels il faut être comptable. En revanche, au sein de l'entreprise, nous avons reçu beaucoup d'encouragements et de signes de reconnaissance. Nous avons fait ce que nous avions à faire. Avons-nous eu raison ? Evidemment! En outre, notre décision de sponsoring des Gay Games, de même que les réseaux, qui sont des initiatives individuelles, donnent de la puissance au mouvement. Et s'il y a faute ou dérapage envers une personne LGBT+, nous agissons en conséquence  comme pour le harcèlement en général. La procédure, qui commence par un entretien individuel, peut aboutir à une sanction disciplinaire, une rétrogradation voire un licenciement. La sensibilisation et les mesures de prévention doivent être suffisamment importantes pour éviter toute forme de discrimination. Chez BNP Paribas, nous sommes convaincus de la nécessité et de l’intérêt d’être le plus ouverts possible mais nous ne pouvons pas progresser seuls. L'école et la société doivent faire évoluer les positions. Il s'agit d'une démarche collective. 


Propos recueillis par Irène Frat, publiés dans un dossier spécial LGBT en entreprises de l'hebdomadaire La Tribune.

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