Quels engagements ou événement majeurs retenez-vous pour 2021 en matière de climat ?
Outre la COP 26, qui a été au cœur des débats en 2021, je retiendrais le lancement de deux initiatives très marquantes : la « Net-Zero Banking Alliance » ou NZBA et la « Taskforce on Nature-related Financial Disclosures » ou TNFD. Lancée en avril, sous l’égide de la « Glasgow Financial Alliance for Net Zero » (GFANZ), la première entend mobiliser l’ensemble du secteur financier autour d’un objectif clair : une économie neutre en carbone d'ici 2050. Déclinée pour les investisseurs et les gestionnaires d’actifs, la GFANZ compte également, parmi ses membres, deux filiales du Groupe : BNP Paribas Cardif et BNP Paribas Asset Management.
La TNFD a quant à elle été lancée en octobre, après un travail préparatoire d’un an dans lequel BNP Paribas a joué un rôle moteur. Son but ? Créer un cadre de reporting commun permettant de protéger notre capital naturel et de limiter les risques dus à la perte de biodiversité. BNP Paribas y est représenté par Sébastien Soleille, Responsable de la transition énergétique et de l’environnement. Pour le Groupe, la NZBA et la TFND constituent deux initiatives majeures qui entrent en parfaite résonnance avec notre raison d’être et notre volonté d’agir très concrètement en faveur d’une économie plus durable. Dans les deux cas, BNP Paribas fait d’ailleurs partie des membres fondateurs de ces initiatives.
AU CŒUR DES DÉBATS EN 2021 : LA « NET-ZERO BANKING ALLIANCE » ET LA « TASKFORCE ON NATURE-RELATED FINANCIAL DISCLOSURES »
Quelles sont les prochaines étapes clés concernant ces deux coalitions ?
Pour la NZBA – qui rassemble désormais une centaine de membres, deux fois plus qu’au lancement – la prochaine étape sera, pour les différentes institutions financières, la publication d’objectifs intermédiaires de réduction d’émissions de CO2 financées, en se concentrant en priorité sur les secteurs les plus polluants.
La protection de la biodiversité sera vraiment au cœur des préoccupations cette année, notamment lors de la COP dédiée à cet enjeu-clé et qui devrait avoir lieu en Chine. Les attentes sont très fortes vis-à-vis de cet événement qui a déjà été reporté une première fois et risque de l’être à nouveau du fait de la crise sanitaire.
Pour la TNFD, l’un des grands enjeux est de produire d’ici la fin de l’année le cadre de reporting que j’évoquais. Très concrètement, les membres de la TNFD travaillent sur une version « beta » de ce cadre, qui sera publiée dans les prochains mois. L’objectif est qu’il puisse être testé largement par les entreprises pour apporter par les suites les adaptations adéquates.
« Très concrètement, les membres de la TNFD travaillent sur une version "beta" du cadre, qui sera publiée dans les prochains mois. »
Le terme de « transition juste » revient de plus en plus souvent. De quoi s’agit-il exactement ?
La transition juste est un enjeu absolument crucial, qui dépasse le secteur financier. Le changement climatique et les politiques mises en œuvre pour y faire face ont des implications sociales multiples sur la santé, l’emploi, la productivité, la répartition des richesses… Or il est clair pour tous que la transition énergétique ne se fera que si elle est juste et inclusive. Pour ne citer qu’un exemple très concret, il ne pourra pas y avoir de croissance verte sans reconversion massive des personnes qui travaillent dans les secteurs d’activité voués à disparaître. Il ne faut pas non plus perdre de vue la nécessaire solidarité Nord / Sud, décisive pour que nous puissions avancer tous ensemble. Ce dernier sera d’ailleurs l’un des enjeux majeurs de la COP27, prévue en Egypte au mois de novembre de cette année 2022.
LES IMPLICATIONS SOCIALES SONT MULTIPLES SUR LA SANTÉ, L’EMPLOI, LA PRODUCTIVITÉ, LA RÉPARTITION DES RICHESSES…
Quels défis attendent les institutions financières cette année en matière de climat ?
Je pense qu’ils seront surtout réglementaires, notamment au niveau européen. Pour réussir sa transition vers une Europe plus verte, moins dépendante des énergies fossiles et porteuse d’une croissance durable, l’UE doit mobiliser 1 000 milliards d’euros au cours de la prochaine décennie. C’est tout l’objet du pacte vert européen – le « green deal » : une fois porté à son terme, il devrait concerner plus de 50 réglementations différentes.
L'année 2021 a bien sûr été marquée par l’entrée en vigueur des premières obligations du règlement SFDR (« sustainable finance disclosure regulation ») concernant la transparence en matière de durabilité pour les investisseurs. Par ailleurs, dès cet été, l’intégration des critères ESG prévue par Mifid2 et IDD devrait s’appliquer ce qui aura un impact très concret : les conseillers financiers et gérants de portefeuilles auront désormais l'obligation de se renseigner sur l’impact recherché par leurs clients au travers de leurs investissements, afin de leur proposer des produits financiers adaptés.
Autre réglementation importante à suivre en 2022, la normalisation du reporting extra-financier. Le G20 comme la Commission Européenne ont mandaté des organisations pour définir des normes nouvelles de « durabilité » ou de responsabilité pour les entreprises. Dans le cas de l’Europe, c’est l’EFRAG qui a été mandatée par la Commission européenne pour travailler sur ce dispositif à travers la « Corporate Sustainability Reporting Directive » ou CSRD. Toutes ces règles vont dans le sens d’une plus grande robustesse et comparabilité des données communiquées par les entreprises.
Photo ©Damien Grenon
Laurence Pessez est sur LinkedIn
Suivez toutes les actualités RSE sur la page LinkedIn de Laurence Pessez, Directrice la Responsabilité Sociale et Environnementale de BNP Paribas.