Un stade de pollution marine critique
Depuis des décennies, l’Océan fait face à une contamination généralisée des milieux aquatiques via deux types de pollution : une pollution plastique – la plus visible – mais également une pollution chimique.
Un Océan saturé de déchets plastiques…
des plastiques ne sont pas recyclés.
Limiter les fuites de plastique ou de substances chimiques dans les milieux marins passe par une meilleure gestion en amont des déchets et des eaux usées.
Pour Victoria Leccia, c’est donc une évidence : « Limiter les fuites de plastique ou de substances chimiques dans les milieux marins passe par une meilleure gestion en amont des déchets et des eaux usées. » Car ce chemin s’accompagne d’une fragmentation progressive du plastique : 95 % des plastiques présents dans l’Océan mesurent moins de 5 millimètres.
A l’heure actuelle, on estime qu'il y a au moins 24 trillions de particules de déchets microplastiques, ou « granulés plastiques », dans les seules couches supérieures de l'Océan. Invisibles à l’œil nu, ils s’infiltrent dans tous les écosystèmes, sont ingérés par les poissons et remontent les chaines alimentaires : de nombreux scientifiques alertent aujourd’hui sur leur présence dans l’alimentation humaine.
… et mis en danger par la pollution chimique
La pollution chimique est quant à elle préoccupante pour des raisons sanitaires, environnementales et économiques. En effet, l'étude « Toxicity: The Invisible Tsunami » de Deep Science Ventures (2025) la considérait comme autant source de dangers pour la nature et les êtres vivants que le changement climatique. Comme ce dernier, la pollution chimique est issue d’activités industrielles sans lien direct avec l’économie bleue et dont les performances environnementales, notamment vis à vis de la biodiversité, doivent être encadrées.
On peut citer l’exemple de certains engrais et de pesticides qui, par le ruissellement, peuvent générer une pollution chimique dans les cours d’eau, avant de finir leur route dans l’Océan. Certaines études notent que l’on détecte ainsi dans certains poissons des taux importants de métaux lourds et de composés organiques persistants, comme les PFAS (substances perfluoroalkylées que l'on appelle aussi « polluants éternels »). Soutenir les meilleures pratiques est donc crucial, notamment dans le but de préserver la santé tant des écosystèmes qu’humaine, certaines études se penchant sur les effets en matière de fertilité ou de fonctions endocriniennes, mais aussi sur le développement de maladies.
En attente d’une régulation à l’échelle mondiale
Lors de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC) en juin 2025, dont BNP Paribas était sponsor officiel, 95 pays avaient proclamé leur volonté de conclure un traité international ambitieux et efficace prenant en compte l’ensemble du cycle de vie des plastiques et d’y adosser un objectif mondial de réduction de la production et de la consommation de plastique vierge. Les négociations se déroulant du 5 au 15 août 2025 à Genève et faisant suite à celles de Busan fin 2024 n’ont pas abouti. Plusieurs Etats partisans d’un traité ambitieux comme les pays de l’Union Européenne, la Colombie, l’Australie et le Royaume-Uni pourraient chercher à établir ensemble un « traité multilatéral entre Etats volontaires ».
Agir à la source, pour prévenir et contrôler la pollution marine
Face à la crise de la pollution marine, les institutions financières ont un rôle clé à jouer, en soutenant les entreprises dans la transition vers des modèles circulaires et moins polluants. BNP Paribas a pleinement intégré cet enjeu à sa stratégie environnementale, notamment via sa position publique sur l’Océan, complétée en juin 2025 à l’occasion de l’UNOC par un bilan de cinq ans d’actions.
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Éviter que les polluants ne pénètrent dans les écosystèmes
BNP Paribas travaille aux côtés de ses clients pour qu’ils puissent adopter les meilleures pratiques de durabilité, notamment via l’évaluation de la gestion de leurs rejets dans les secteurs de l'extraction minière et de l'agriculture. Le Groupe accompagne ses clients pour une meilleure gestion des produits dangereux et minimiser l'impact sur les milieux naturels, notamment aquatiques.
Le Groupe soutient le développement d’infrastructures en finançant de grands acteurs du traitement de l’eau et des déchets via des produits financiers adaptés, comme les blue bonds et blue loans, notamment auprès d’entreprises du secteur de l’eau, qui jouent un rôle clé dans la prévention de la pollution marine. « On peut mentionner par exemple le blue bond de 550 millions d’euros que BNP Paribas CIB a structuré pour le groupe Saur qui vise notamment à améliorer les facilités des infrastructures pour mieux traiter l’eau avant qu’elle soit relâchée dans l’environnement », précise Victoria Leccia.
Le stewardship, levier pour transformer les pratiques de l’industrie chimique
L’UNEP (United Nations Environment Programme) estime le coût environnemental et sociétal de l’exposition aux produits chimique à 7,5 billions de dollars – plus de 10 % du PIB mondial. Entreprises et investisseurs sont de plus en plus exposés aux risques et coûts potentiels liés aux problèmes de santé, à la perte de la biodiversité, à la réhabilitation de l'environnement et à la purification de l'eau. En 2023, l'équipe « stewardship » de BNP Paribas Asset Management a entamé un dialogue avec les fabricants de substances chimiques de ses portefeuilles via le biais de « l'Investor Initiative on Hazardous Chemicals » (dans le comité de pilotage duquel elle siège).
Pour Rachel Crossley, Head of Stewardship Europe pour BNP Paribas Asset Management, « l’érosion de la biodiversité et les risques sanitaires liés à la pollution chimique, y compris la pollution de l'Océan, menacent la stabilité et la santé de l'ensemble du système financier. Nous sommes convaincus que les investisseurs peuvent et doivent jouer un rôle central pour encourager la transition vers des alternatives plus sûres en soutenant l’élaboration de normes et en s’engageant de manière proactive auprès de l’industrie chimique ».
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Miser sur l’économie circulaire pour réduire les déchets plastiques
Le Groupe accompagne aussi ses clients dans le développement de modèles circulaires, « avec des actions ciblées tout au long du cycle de vie des plastiques, à la fois en amont – en évitant la production et l’utilisation des plastiques à usage unique et via l’éco-conception – et en aval, en soutenant le développement du recyclage et du réemploi », détaille Victoria Leccia.
Le plastique à usage unique est un véritable point d'attention. Nombre de nos clients s'efforcent de les réduire, et, en tant que banque, nous nous engageons à leur côté dans ce processus.
« La prévention et le contrôle de la pollution est un sujet important pour beaucoup de nos clients : dans l'agroalimentaire ou plus largement dans l'industrie manufacturière par exemple, le plastique à usage unique est un véritable point d'attention. Nombre de nos clients s'efforcent de les réduire, et, en tant que banque, nous nous engageons à leur côté dans ce processus », acquiesce Agnès Gourc, Head of Sustainable Capital Markets, BNP Paribas CIB. Son équipe propose notamment des prêts et obligations liés à la durabilité : « nous indexons le taux du financement à des objectifs concrets, par exemple la réduction des plastiques à usage unique ou l'augmentation de l'utilisation de plastiques recyclés ».
L’objectif de ce modèle vertueux ? Pour Victoria Leccia, il est clair, il s’agit de « faire évoluer les modèles économiques pour contribuer de façon durable à la protection des écosystèmes ».
Investir dans des solutions innovantes pour boucler la boucle du plastique
Cette approche se traduit concrètement par plusieurs initiatives soutenues par le Groupe, telles que :
- La réduction des emballages plastiques : en 2022, BNP Paribas a structuré un Sustainability-Linked Loans (ou SLL) pour Carrefour, dont le taux d’intérêt est indexé à l’atteinte d’un objectif de réduction du volume d’emballages plastiques. Ce type de financement incitatif permet de lier performance environnementale en l’occurrence circulaire et performance financière.
- Le soutien à l’innovation dans le recyclage chimique : le Groupe a accompagné la levée de fonds de Carbios (lien inactif), entreprise française pionnière dans le recyclage enzymatique des plastiques, notamment textiles. Leur technologie capable de décomposer les polymères complexes, comme le polyester, ouvre la voie à un recyclage de haute qualité pour des matériaux qui échappent encore largement aux filières classiques.
- La promotion de modèles zéro déchet : BNP Paribas a récemment investi dans Le Drive tout nu, une start-up française également lauréate de MyComForImpact, qui propose un modèle de distribution alimentaire sans emballage jetable. Grâce à une levée de fonds de 7 millions d’euros, l’entreprise va pouvoir étendre son réseau à l’échelle nationale et industrialiser sa chaîne de consigne.