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Gestion durable de l’eau : un impératif face au changement climatique

Publié Aujourd'hui

Sous tension, l’eau est le premier marqueur des dérèglements climatiques : de la sécheresse aux inondations, sa gestion est un sujet incontournable. L’édition 2025 du Forum de Giverny en France a placé au cœur des débats l’adaptation au changement climatique et la gestion durable de l’eau. Comment le Groupe BNP Paribas agit-il pour accompagner ses clients et financer des solutions durables et résilientes ? Entretien croisé avec deux spécialistes de la Direction de l’Engagement d’entreprise de BNP Paribas : Nathalie Jaubert, responsable stratégie, recherche et expertise ESG et Guillaume Poupy, responsable des expertises ESG dont celle sur l’eau.

L’eau, premier marqueur du changement climatique

L'eau est une ressource vitale qui joue un rôle essentiel pour notre santé, nos écosystèmes et notre économie. « L’eau a cette particularité de circuler à travers toute la biosphère, reliant par ses cycles tous les milieux naturels – des glaciers jusqu’à l’Océan – et, plus intimement, tous les organismes vivants », explique Guillaume Poupy. Elle est indispensable pour une multitude d'usages, allant de la consommation d'eau potable à l'irrigation agricole, en passant par les processus industriels et la production d'énergie. Cependant, l'eau est une ressource sous tension et le premier marqueur du changement climatique. Sécheresses, tempêtes, érosion du littoral, inondations… l’Organisation des Nations Unies (ONU) estime que près de 90 % des catastrophes naturelles causées ou amplifiées par le changement climatique sont liées à l’eau. Les inondations et les sécheresses représentent plus de 20 % des pertes économiques causées par les événements météorologiques extrêmes aux États-Unis chaque année.

Quels sont les enjeux actuels liés à l’eau ?

Les enjeux de l’eau sont classiquement séparés en trois catégories : deux liés à sa quantité, l’excès et la pénurie ; et un à sa qualité, la pollution. « On pourrait penser que le changement climatique vient globalement assécher les terres, mais c’est en réalité plus complexe que cela : le changement climatique cause également une accélération et intensification du cycle de l’eau, avec davantage d’eau en suspension dans l’atmosphère, causant des précipitations plus soudaines et intenses orages, tempêtes… Ces précipitations intenses causent des inondations, peuvent disséminer des pollutions, et ne rechargent pas correctement les nappes phréatiques » poursuit Guillaume Poupy. L'eau devient ainsi de plus en plus rare, imprévisible et polluée, ce qui menace directement de nombreuses activités économiques mais aussi les milieux naturels dont dépendent une biodiversité riche et l'accès à l'eau potable des populations du monde entier.

« On pourrait penser que le changement climatique vient globalement assécher les terres, mais c’est en réalité plus complexe que cela : le changement climatique cause également une accélération et intensification du cycle de l’eau. »

Guillaume Poupy

Responsable des expertises ESG dont celle sur l’eau

Sécheresses et inondations : deux aspects de la crise de l'eau

Dans une étude de la NASA publiée en 2023, deux scientifiques ont examiné 20 ans de données (2002 à 2021) provenant des satellites NASA/allemands GRACE et GRACE-FO pour identifier les événements de sécheresse et d'inondation extrêmes et leur fréquence. Les résultats de l’étude "Changing Intensity of Hydroclimatic Extreme Events Revealed by GRACE and GRACE-FO" modélisés dans une vidéo confirment que ces épisodes climatiques se produisent effectivement plus souvent.

 En 2024, les tempêtes et les inondations ont touché environ 413 000 personnes en Europe, notamment dans le sud-est de l'Espagne et en particulier la province de Valence où des précipitations intenses et prolongées ainsi que des inondations de rivière ont entraîné 232 décès. Selon un rapport du Service européen de changement climatique Copernicus et de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), les dégâts matériels liés aux inondations en Europe sur 2024 sont estimés à au moins 18 milliards d'euros. 

Les deux-tiers de l’eau douce sur Terre existent sous forme de glace. L'OMM estime qu'en 2023, les glaciers ont perdu plus de 600 gigatonnes d'eau, soit la plus grande perte de masse enregistrée au cours des cinq dernières décennies. Or si la fonte accélérée des glaciers soutient aujourd’hui le débit des cours d’eau, elle habitue à une abondance qui n’est que temporaire. 

18 Md€

de dégâts matériels en Europe estimés comme liés aux inondations en 2024

L’accès à une eau potable et non polluée 

Qu’entend-t-on par pollution de l’eau ? Il s’agit du déversement dans les milieux aquatiques (rivières, lacs, zones humides), directement ou indirectement (les pesticides et les excès d’intrants agricoles rejoignent les cours d’eaux et les nappes par ruissellement) de matières ou de molécules aux effets négatifs pour le milieu. Ces polluants peuvent être de nature très diverse : matières non biodégradables (déchets plastiques), matières biologiques en excès, molécules chimiques toxiques (notamment les PFAS ou « polluants éternels »), résidus médicamenteux… 

L’enjeu de la qualité de l’eau est primordial pour la santé des écosystèmes et des individus. Selon le dernier rapport de l’ONU sur l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) – le sixième est dédié à la gestion durable des ressources en eau – 2,2 milliards de personnes n'avaient pas accès à de l'eau potable gérée de manière sûre en 2024. « Lutter contre les pollutions prend différentes formes suivant le type de polluants. La meilleure solution consiste à agir en priorité à la source, en réduisant les quantités de polluants produits ; puis au moment de l’émission, en capturant les polluants avant qu’ils ne rejoignent le milieu naturel ; puis enfin en aval, en les retirant du milieu pollué, lorsque cela est possible » explique Guillaume Poupy.

Quelques chiffres clés sur l'eau dans le monde en 2024

2,2 Md

de personnes n'avaient pas accès à de l'eau potable gérée de manière sûre 

56 %

des eaux usées domestiques étaient traitées de manière sûre 

1,7 Md

de personnes n'avaient pas accès à des services d'hygiène de base à domicile, dont 646 millions d'enfants

Selon le rapport sur les ODD de l'ONU (2025).

L’eau, une ressource sous tension en Europe

En Europe, la répartition d’eau douce renouvelable est très inégale, allant de seulement 120 m³ par habitant par an à Malte à près de 70 000 m³ par habitant par an en Norvège selon le Water Information System for Europe  (WISE). Le changement climatique accentue ces disparités, réduisant les ressources dans les zones déjà arides. Chaque année, environ 34 % de la population  de l’UE est touchée par des situations de pénurie particulièrement ressenties en été.

En France, la ressource en eau douce, dépendante à 94 % des précipitations, diminue : entre 2002 et 2022, elle a reculé de 14 %, surtout dans le sud, sous l’effet conjugué de la hausse des températures, de la baisse des pluies et de l’intensification des sécheresses. Lorsque l'eau se fait rare, les secteurs économiques tels que l'agriculture sont confrontés à des pertes de rendement causées par des restrictions d’usage de l’eau liées au stress hydrique. Les centrales thermiques et hydroélectriques ne sont pas en mesure de produire autant d'électricité, ce qui augmente les prix de l'énergie (European Environment Agency, 2021). C'est pourquoi la Commission européenne s'est fixée pour objectif d'améliorer l'efficacité de l'utilisation de l'eau d'au moins 10 % d'ici à 2030 et encourage les États membres à fixer leurs propres objectifs, en fonction de leur situation nationale.

14 %

de la ressource en eau a diminué entre les années 1990-2001 et 2002-2022,  surtout dans la moitié sud de la France.

Quel est le rôle d’une banque comme BNP Paribas dans la gestion durable de l’eau ?

D’après l’OCDE, le coût pour garantir l’accès à l’eau pour tous est supérieur à 1 000 milliards de dollars par an, soit 1,21 % du PIB mondial. Cela requiert des financements adaptés et des solutions spécifiques aux différents défis de l’eau. Le secteur bancaire a donc un rôle central à jouer pour financer la transition hydrique. « En tant que banque engagée dans la finance durable et la protection des ressources naturelles, BNP Paribas joue un rôle clé dans la réponse aux besoins d'investissement et accompagne ses clients pour trouver les bonnes solutions de financement à long terme : réduction de l'impact de leurs eaux usées industrielles, soutien aux innovations technologiques, financement de projets d’infrastructures hydrauliques... » explique Nathalie Jaubert.

« Le manque d’eau, l’excès d’eau, ou une eau trop polluée peuvent causer des interruptions d’activités affectant les revenus de nos clients, ou provoquer des destructions de biens. Il est important pour nos clients d’anticiper et se prémunir correctement contre les risques liés à l’eau. »

Nathalie Jaubert
Responsable stratégie, recherche et expertise ESG

L’eau est indispensable au fonctionnement de toute activité humaine, et donc de l’économie. Irrigation, matière première, fluide de refroidissement ou de process, voie de transport… l’eau est partout. La gestion des risques liés à l’eau est donc cruciale pour les clients. « Le manque d’eau, l’excès d’eau, ou une eau trop polluée peuvent causer des interruptions d’activités affectant les revenus de nos clients, ou provoquer des destructions de biens. Il est important pour nos clients d’anticiper et se prémunir correctement contre les risques liés à l’eau », constate Nathalie Jaubert. Mais cela représente également des perspectives nouvelles d’investissements dans la « water tech » avec par exemple des solutions de filtrage de la pollution ou la récupération de l’eau de pluie. « Le sujet de l’eau représente aussi des opportunités pour certains secteurs d’activité : de nouvelles installations et de nouvelles solutions doivent être développées pour permettre la continuité d’activité dans un contexte changeant » précise-t-elle. 

L'eau n'est pas seulement une ressource rare, elle est au cœur des transitions écologique et sociale. Nous nous mobilisons pour rendre possibles les solutions de nos clients et de nos partenaires permettant un accès à l’eau équitable et durable.

Anne Pointet

Directrice de l’Engagement d’entreprise et membre du Comité Exécutif de BNP Paribas

Ecoutez le replay de l'intervention d'Anne Pointet sur Europe 1.

Face à la raréfaction de l’eau, quelles solutions pour anticiper, innover, investir ?

Pour relever le défi d’une gestion durable de l’eau et diminuer les conséquences du stress hydrique, la mobilisation de toutes les parties prenantes est impérative : pouvoirs publics, territoires, entreprises, citoyens, ONG... C’était tout l’enjeu du groupe de travail sur la gestion durable de l’eau co-présidé par BNP Paribas et Suez à l’occasion du septième forum du Cercle de Giverny pour travailler sur les nouveaux paradigmes de l’eau. Conclusion par Nathalie Jaubert, qui était co-présidente du groupe de travail : « Nous avons ensemble identifié 6 priorités couvrant notamment le financement, la gouvernance, la data et la formation. Un des sujets qui me parait particulièrement clé est celui du financement des services liés à l’eau : aujourd’hui, la tarification, et donc la rémunération des acteurs de l’eau, est en majorité proportionnelle aux volumes d’eau consommés : ce n’est plus adapté au contexte actuel de raréfaction de l’eau disponible et à des objectifs de sobriété, d’autant plus dans un contexte des nouveaux besoins d’investissements liés au changement climatique» 

Consulter les 6 propositions du groupe de travail

Explorez quelques solutions soutenues par BNP Paribas

  • Lancé dès 2008, le fonds d’investissement AQUA permet aux clients particuliers d’investir dans des entreprises et des projets qui contribuent à la préservation et à la gestion durable de l'eau telles que les infrastructures hydrauliques, le traitement de l’eau et les services aux collectivités. La stratégie AQUA est une des leaders du marché avec un encours de plus de 6,2 milliards d’euros et une performance moyenne annuelle de près de 20 % sur les trois dernières années*. 
  • Le Groupe structure également des financements innovants pour des projets hydriques et territoriaux dans le monde entier comme l’émission d’un green bond de 650 millions de pounds pour la modernisation et l’extension de stations de traitements des eaux au Royaume-Uni en 2024 ou encore un green bond de 260 millions de Francs suisses pour la construction de barrages hydrauliques en Corée en 2025.
  • BNP Paribas finance des start-ups comme Blue Foot Membranes, qui développe des membranes de filtration innovantes pour le traitement des eaux usées, permettant leur réutilisation et réduisant ainsi la pollution aquatique. 
  • Grâce à son accélérateur de start-up WAI by BNP Paribas (We Are Innovation), le Groupe accompagne le développement de Kumulus, la solution qui transforme l’humidité de l’air en eau potable. Une technologie utile, durable, pensée pour répondre aux enjeux d’accès à l’eau dans les zones les plus exposées aux pénuries. Découvrez cette solution innovante dans le reportage de Legend

* Source : BNP Paribas Asset Management au 10 sept 2025, classe d'actions retail du fonds AQUA de BNP Paribas Funds, nettes de frais.

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

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