• Mécénat

Réchauffement climatique et invasion d'insectes : l'économie mondiale affectée

Pour la première fois, des chercheurs soutenus par la Fondation BNP Paribas ont étudié l'impact des invasions d'insectes sur l'économie mondiale.

Une nouvelle étude

69 milliards d’euros par an, c’est le coût minimal annuel des dégâts provoqués par une dizaine d’insectes envahissants dans le monde. Un coût qui pourrait augmenter de 18% d’ici 2050 à cause du réchauffement climatique estime une équipe internationale de chercheurs menée par Franck Courchamp, Directeur de Recherche CNRS au laboratoire Ecologie, Systématique et Evolution (Université Paris-Sud/CNRS/AgroParisTech), dans une nouvelle étude réalisée avec le soutien de la Fondation BNP Paribas et de l’ANR publiée dans Nature Communication le 4 octobre 2016.

Pourquoi étudier les insectes ?

Depuis des milliers d’années, les insectes ont été responsables de la propagation de maladies chez l’Homme et le bétail, et de dégâts considérables, depuis l’anéantissement des cultures et réserves, en passant par la destruction des infrastructures, jusqu’à la dévastation des forêts, altérant ainsi les écosystèmes et les rendant plus fragiles. Dans le règne vivant, la seule classe des insectes (environ 2,5 millions d’espèces) est probablement le groupe le plus coûteux. De plus, ils font partie des espèces envahissantes les plus virulentes : 87 % des 2 500 invertébrés terrestres ayant colonisé de nouveaux territoires sont des insectes.  

Des dégâts sous-évalués

Par ailleurs, d’après cette étude, l’Amérique du Nord présente les plus importantes pertes financières avec 24,5 milliards d’euros par an, tandis que l’Europe n’est pour l’instant qu’à 3,2 milliards d’euros par an. Mais cette différence s’explique par un manque de sources d’évaluation et non par une réelle différence d’exposition au danger. Ainsi, selon les chercheurs, le coût annuel total estimé de 69 milliards d’euros est largement sous-évalué. 

De nombreuses régions du monde n’offrent pas assez de données économiques pour produire une estimation précise, qui a donc été minimisée. De plus, l’équipe de chercheurs s’est concentrée sur l’étude des dix espèces invasives les plus coûteuses, sans comptabiliser celles, très nombreuses, qui provoquent moins de dégâts. Enfin, si l’on considère les valeurs estimées pour les services écosystémiques à l’échelle globale (plusieurs centaines de milliards de dollars pour la seule pollinisation des cultures), les perturbations causées par les insectes envahissants pourraient atteindre un niveau bien au-delà de l’estimation actuelle.

Ainsi, selon les chercheurs, le coût annuel total estimé de 69 milliards d’euros est largement sous-évalué.

La santé et l’agriculture sont les plus touchées

Les insectes dans leur ensemble pèsent particulièrement sur l’agriculture en consommant 40 % des biens de consommation (l'équivalent de ce qui pourrait nourrir un milliard d’êtres humains). Sur la santé, le coût global attribuable aux insectes envahissants dépasse 6,1 milliards d’euros par an (sans prendre en compte le paludisme, le virus Zika, ou encore l’impact économique provoqué sur certains facteurs comme le tourisme, la productivité, etc). Une plus grande vigilance et la mise en place de procédures de réponse à une invasion biologique permettraient de faire économiser à la société des dizaines de milliards d’euros, selon les auteurs. Ces mesures de prévention pourraient diviser au moins par dix les coûts des maladies provoquées par les moustiques. 

Une étude publiée dans le cadre de Climate Initiative

Le soutien à cette étude s’inscrit dans le cadre de Climate Initiative, un programme de mécénat en faveur de la recherche sur le changement climatique lancé en 2010 par la Fondation BNP Paribas, en étroite coopération avec la délégation pour la Responsabilité Sociale et Environnementale du Groupe BNP Paribas. Au total, 10 projets d’étude du climat ont été ou sont actuellement soutenus au travers de ce programme pour améliorer nos connaissances sur le climat et sensibiliser le public aux enjeux du changement climatique.

INVACOST

invacost.fr

Invasive Insects and their Cost Following Climate Change. Les chercheurs pensent que certains organismes, plantes ou animaux, réagissent à l’élévation de température et changent leurs comportements ou que leurs aires de répartition sur la planète sont altérées. L’Université Paris Sud et le CNRS étudient une vingtaine d’espèces d’insectes différentes.

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