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Net-zéro : « Il ne s’agit pas d’annoncer des intentions, mais des objectifs avec des chiffres et des dates »

Publié le 03.05.2022

Après la présentation de son Plan stratégique 2025 en février, BNP Paribas publie aujourd’hui son premier « Rapport d’Analyse et d’Alignement pour le Climat ». Documenté, chiffré, fondé sur les données climatiques de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), celui-ci servira de boussole au Groupe pour poursuivre l'alignement de son portefeuille vers une économie décarbonée. Les objectifs que BNP Paribas se fixe ? Réduire l’intensité des émissions carbone dans trois secteurs clés : la production d’électricité, le pétrole et le gaz, et l’automobile. Plus de détails avec Yannick Jung, Responsable de Corporate & Institutional Banking Global Banking EMEA, et Laurence Pessez, Directrice de la Responsabilité Sociale et Environnementale de BNP Paribas.

Le rapport publié aujourd’hui par le groupe BNP Paribas annonce de nouveaux objectifs 2025 destinés à atteindre une économie « net-zéro », c’est-à-dire neutre en carbone, en 2050. Quelles en sont les grandes lignes ?

Laurence Pessez (L.P.) : Ce premier rapport d’analyse et d’alignement pour le climat présente nos objectifs de réduction des intensités d’émissions de gaz à effet de serre, ou GES, liées à nos activités de crédit dans trois secteurs d’activité parmi les plus émetteurs : la production d’électricité, le pétrole et le gaz et l’automobile. Les énergies fossiles émettent à elles seules plus de 75 % environ des GES dans le monde. Quels que soient le contexte mondial et les turbulences sur le marché de l’énergie aujourd’hui, il nous paraît fondamental d’avoir en la matière des objectifs ambitieux, donnant à BNP Paribas les moyens d’être en phase avec le scénario de neutralité carbone à horizon 2050 de l’Agence Internationale de l’Energie… voire en avance. Car, d’un certain point de vue, nous le sommes déjà : aujourd’hui, ces trois secteurs ne représentent que 7 % de nos financements, grâce au travail précédemment engagé par le Groupe pour diminuer nos financements des énergies fossiles. Notre point de départ 2020 est ainsi bien plus bas que la moyenne mondiale. Très concrètement, nous avons pour objectif de réduire l’intensité d’émission de CO2 d’au moins 30 % pour la production d’électricité, 10 % pour le pétrole et le gaz – amont et raffinage – et 25 % pour l’automobile. Nous avons également choisi de fixer ces objectifs d’alignement de notre portefeuille pour 2025, là où la majorité de nos pairs ont favorisé un horizon 2030. Notre volonté est d’agir dès aujourd’hui.

Yannick Jung (Y.J.) : Tout à fait, et c’est aussi le cas dans l’accompagnement de nos clients. L’avance évoquée par Laurence nous permet de réfléchir plus largement au sujet afin de faire travailler l’ensemble des métiers de BNP Paribas au service de nos clients vers une économie de moins en moins gourmande en carbone d’ici 2050. Nous avons ainsi pris, pour accompagner nos clients dans leur propre transition vers une économie bas carbone, d’autres engagements majeurs d’ici 2025 : une enveloppe d’au moins 200 milliards d’euros sera dédiée au soutien de la transition de nos clients grandes entreprises ; nous consacrerons, pour notre clientèle d'entreprises, 350 milliards d'euros de prêts et d'émissions obligataires sur des sujets environnementaux et sociaux. Nous avons également lancé l’an dernier le Low Carbon Transition Group, qui comptera 250 experts dont le rôle est justement d'accompagner nos clients dans cette transition.

Concrètement, qu'est-ce que cela veut dire pour le Groupe en termes d’activités ? 

Y.J : En avril 2021, BNP Paribas faisait partie des membres fondateurs de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA). Cette adhésion formalisait et renforçait notre ambition, annoncée en 2018, d’aligner les activités du Groupe sur les objectifs de l’Accord de Paris. Concrètement, dans le cadre de la NZBA, BNP Paribas s’est donc engagé, depuis l’an dernier, à aligner les émissions de gaz à effet de serre induites par ses activités de crédit et d’investissement pour compte propre, avec la trajectoire requise pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et à faire porter en priorité ses efforts sur les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre.  Les objectifs annoncés aujourd’hui s’inscrivent bien dans la continuité des décision ambitieuses prises par BNP Paribas depuis plusieurs années et qui en font un acteur clé dans la transition vers une économie neutre en carbone. Pour cela, nous allons mobiliser toutes nos activités de conseil, de financement – en particulier via les marchés de capitaux – mais aussi nos métiers spécialisés, afin d’être le partenaire clé de nos clients pour l’ensemble de leurs problématiques de transition énergétiques.

« Les objectifs annoncés aujourd’hui s’inscrivent bien dans la continuité des décision ambitieuses prises par BNP Paribas depuis plusieurs années et qui en font un acteur clé dans la transition vers une économie neutre en carbone. »

L.P. : Exactement : les chiffres sont nouveaux, mais pas l’orientation ! Participer à cette alliance nous oblige par ailleurs à une grande transparence que je juge centrale pour qui porte de tels engagements. Ainsi, les membres de la NZBA s’engagent en particulier sur trois points d’importance : se fonder sur des scénarios de transition crédibles et publiés par des instances reconnues, comme le GIEC – Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat – ou l’AIE ; se fixer des objectifs sectoriels intermédiaires, à horizon 2030 au plus tard ; et publier annuellement leurs progrès et les plans d’action associés. Il ne s’agit pas d’annoncer des intentions, mais bien des objectifs, avec des chiffres et des dates.

Et plus précisément, quels sont les impacts de ces nouveaux objectifs pour nos clients ?

Y.J. : C’est en proposant des solutions innovantes à ses clients que BNP Paribas est devenu l’un des pionniers de la finance durable. Notre leadership mondial dans ce domaine se reflète dans de nombreux classements : pour la seule année 2021, la plate-forme des marchés financiers Dealogic a classé BNP Paribas n°2 mondial des prêts ESG ou encore des obligations vertes – et pour celles-ci, nous sommes sur la première marche du podium pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique ! – et Euromoney nous a décerné le prix de la meilleure banque au monde pour la finance durable. J’en suis convaincu : pour aligner notre portefeuille sur notre objectif « net-zéro » d’ici 2050, pour continuer à jouer un rôle de premier plan dans la décarbonation de l’économie, il nous faut d'abord  continuer à accompagner activement nos clients dans leur transition. Nous le ferons grâce à la mobilisation de toutes nos équipes, aux investissements que nous réalisons en compétences et financements, et aux choix forts mais structurés de réduction de notre bilan carbone.

Les objectifs annoncés dans ce rapport constituent donc de nouveaux jalons après des prises d’engagements régulières sur la dernière décennie… 

L.P. : Tout à fait. Si les enjeux de durabilité sont un élément clé de notre Plan stratégique GTS 2025 (Growth, Technology, Sustainability), cela fait plus de dix ans maintenant que le groupe BNP Paribas contribue à lutter contre le changement climatique. Nous avons publié notre première politique de financement et d’investissement dans le secteur du charbon en 2010, avons annoncé en 2020 notre sortie de toute la chaîne de valeur du charbon thermique sous dix ans dans les pays de l’UE et de l’OCDE et vingt ans dans le reste du monde… En 2015, nous nous étions engagés à doubler le montant du financement aux énergies renouvelables en cinq ans : nous sommes passés de 7 à 15 milliards d’euros, montant que nous souhaitons encore doubler d’ici 2025 pour atteindre 30 milliards. En faisant partie des membres fondateurs des « Principes pour la Banque Responsable » en 2019 et de la NZBA en 2021, en participant à la Financial Services Task Force, en prenant les différents engagements évoqués aujourd’hui, BNP Paribas fait le choix de contribuer très activement à l’élaboration de méthodologies d’alignement, de guides pratiques et d’outils open source. Nous ne nous attachons pas seulement à répondre à nos propres engagements climatiques, mais souhaitons également partager notre démarche pour la rendre plus efficace, plus puissante. C’est en avançant tous ensemble que nous parviendrons au « net-zéro » en 2050.

Crédit photo : Floris Productions/Stocksy

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