Comment est né Envie Autonomie ?
Envie Autonomie est né d’un constat : de nombreuses personnes en perte d’autonomie ou en situation de handicap renoncent, faute de ressources financières suffisantes, à acquérir les aides techniques médicales dont elles ont réellement besoin – fauteuil roulant, lit médicalisé, siège de douche… Plusieurs motifs : elles ne peuvent pas payer le matériel car le reste à charge est trop élevé ou le matériel ne bénéfice d’aucune prise en charge ou elles n’ont pas accès au système de santé pour des raisons administratives ou sociales : 50 % de nos bénéficiaires actuels sont dans une de ces situations… Parallèlement, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, plusieurs milliers d’aides techniques médicales en bon état d’usage sont inutilisées chaque année : selon le rapport Denormandie-Chevalier publié en 2020, 30 à 40 % du matériel n’est plus utilisé dès un an après l'achat. Elles sont stockées chez des particuliers ou des établissements pour personnes âgées ou en situation de handicap, sans compter toutes celles qui sont jetées, faute de réemploi ou de recyclage.
Le réseau Envie est spécialiste de l’économie circulaire de l’électroménager depuis près de 40 ans. Une association du Maine et Loire qui accompagne des personnes en situation de handicap - le CLH - est venue voir Envie Anjou en 2015 pour nous demander de l’aide sur cette problématique. Nous avons recruté pendant 4 mois une personne pour réaliser une étude de faisabilité... et la réponse a été favorable : il y avait à la fois un vrai besoin et un gisement suffisant de matériel à collecter – critère crucial pour l’économie circulaire. Nous avons décidé de nous lancer aussitôt, cherché des fonds et créé quatre emplois dont deux postes d’insertion : Envie Autonomie était né ! Le projet a essaimé sur de nouveaux territoires, en 2019 nous avons créé une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) pour porter le développement du concept et avons été reconnus Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale (ESUS).
Concrètement, comment fonctionnent votre activité et votre modèle d’économie circulaire ?
Nous collectons le matériel grâce aux dons : plus de 26 000 l’année dernière ! Après une phase de tri, ce qui est réparable part en atelier, le reste part en recyclage, dans les filières de valorisation validées par les éco-organismes. Le matériel réutilisable est reconditionné dans nos ateliers régionaux par nos salariés en parcours d’insertion, avec des procédures qualité strictes. Il est ensuite vendu ou loué dans les magasins du réseau Envie Autonomie, à un prix solidaire – 50 % à 60 % moins cher que du neuf - avec deux années de garantie et l’assurance d’une conformité aux normes réglementaires. En parallèle, nous proposons des services de maintenance pour allonger la durée d’usage du matériel.
Nos clients sont bien sûrs des particuliers mais aussi un grand nombre d’Ehpad, qui rencontrent d’importants problèmes budgétaires : c’est un moyen pour eux de mieux s’équiper et de prolonger la durée d’usage de leur matériel tout en maîtrisant leurs coûts.
L'action d'Envie Autonomie depuis 2015
Aides techniques médicales collectées
Aides techniques rénovées
Soit un taux moyen de réemploi de plus de 23 %
Aides techniques médicales distribuées
Tout fonctionne grâce à nos 114 collaborateurs et collaboratrices, dont 47 sont en parcours d’insertion. Nous avons 19 agences régionales et visons d’en avoir 30 à fin 2026.
Avoir été lauréats de French’Impact en 2018 nous a permis d’entamer le changement d’échelle… et de nous ouvrir les portes des ministères pour notre combat : faire en sorte que les dispositifs médicaux de seconde main remis en bon état d’usage soient pris en charge par l’Assurance Maladie. Cela a été prévu dans l’article 39 de la Loi de Financement de la Sécurité Sociale de 2020. Les décrets d’application sont encore en préparation, mais nous ne lâchons rien !
"Au-delà du soutien financier, les équipes de BNP Paribas nous ont beaucoup apporté sur notre business plan, notre stratégie et la façon de défendre notre projet
Quel accompagnement vous offre BNP Paribas ?
Sur le plan financier, l’équipe Investissements Solidaires de BNP Paribas Asset Management a d’abord investi 520 000 euros en 2021 lors de notre levée de fonds, en titres participatifs et en souscrivant à notre capital, afin de nous aider à financer le fonctionnement de notre tête de réseau et le déploiement de notre activité. Puis elle a investi 1,4 millions d’euros en décembre 2022, via un véhicule financier dédié, dans notre contrat à impact. Ce contrat - le premier porté par l’ADEME - a été structuré par l’équipe « Positive Impact Business Accelerator » de la RSE du groupe BNP Paribas, pour un montant total de 4,9 millions d’euros. L’enjeu est de taille : nous aider à développer notre réseau dans toute la France. Sans ce soutien de plus de 1,9 millions d’euros de BNP Paribas, nous n’y serions pas arrivés. Ce partenariat avec un acteur financier aussi solide a donné de la crédibilité au projet, ce qui est crucial pour rallier d’autres investisseurs et boucler nos levées de fonds.
Au-delà du soutien financier, les équipes de BNP Paribas nous ont beaucoup apporté sur notre business plan, notre stratégie, notre modèle économique et la façon de défendre notre projet. Nous avons travaillé ensemble « à bras ouverts », nos interlocuteurs nous ont beaucoup challengés, poussés à l’excellence. Le travail de fond s’est fait avec eux.
Et cela continue : BNP Paribas Asset Management étant sociétaire, l’équipe Investissements Solidaires participe à notre comité des investisseurs, à notre conseil de surveillance, vote à notre Assemblée Générale, avec un vrai engagement. Cela nous aide à prendre les bonnes décisions et à perfectionner notre stratégie de développement.
"Avant la création de cette filière de réemploi, les matériels jetés étaient broyés sans dépollution avant recyclage de la matière ou enfouis sous terre"
Quels sont vos objectifs d’impact social et environnemental dans le cadre de votre contrat à impact ?
Les objectifs d’impact de 2022 à 2026 sur lesquels nous sommes engagés sont à la fois sociaux et environnementaux : créer plus de 200 emplois, dont 95 en contrats de parcours d’insertion, recycler plus de 4000 tonnes de matériaux, éviter l’émission de près de 14 000 tonnes de CO2 ainsi que l’extraction de près de 2400 tonnes de matières premières, en donnant une seconde vie plutôt qu’en fabriquant du neuf. À titre d’exemple, l’impact carbone d’un fauteuil manuel reconditionné en France diminue de 97 % par rapport à celui d’un fauteuil neuf avec un châssis aluminium fabriqué en Asie.
Avant la création de cette filière de réemploi, les matériels jetés étaient broyés sans dépollution avant recyclage de la matière ou enfouis sous terre… Le modèle porté par Envie Autonomie permet d’éviter beaucoup de déchets et de mieux recycler ce qui n’est pas réemployé en évitant l’enfouissement et en retirant les éléments polluants avant recyclage des matériaux dans l’industrie.
Nous allons poursuivre la mesure de notre impact en termes de durée d’usage du matériel, de bien-être des utilisateurs, de réduction du nombre d’équipements neufs : des arguments auxquels seront sans doute sensibles les acteurs de la politique de santé en France.
Côté social, grâce à des contrats d'insertion à durée déterminée de 2 ans, des citoyens éloignés du marché du travail – chômeurs longue durée, personnes en situation de handicap, bénéficiaires des minimas sociaux – se forment et développent leur employabilité de façon durable. Elles sont principalement employées chez nous pour la collecte et le reconditionnement des aides techniques.
Comment l’épargne et l’investissement solidaires soutiennent-ils les entrepreneurs à impact social et environnemental ?
Les investissements solidaires de BNP Paribas Asset Management représentent 188 millions d’euros à fin 2022. Ils ont permis de financer les projets de 29 partenaires en France, dont 2 nouveaux (Moulinot et la start-up anti-gaspi Phenix).
Les entreprises et associations financées agissent dans 8 domaines d’actions sociales comme :
- L’accès à l’emploi : 34 954 personnes identifiées comme appartenant à un public fragilisé ont pu ainsi être employées ou accompagnées ;
- La protection de l’environnement et la consommation responsable : 12 500 tonnes de biodéchets ont été valorisés et 200 millions repas sauvés depuis 2014.