Un sommet sur le thème de « la paix avec la nature »
La Présidente de la COP16, Susana Muhamad, ministre de l’Environnement en Colombie, a rappelé l’urgence de faire la paix avec la nature et de passer des mots à l’action. La première cause de l’effondrement rapide et massif de la biodiversité est liée aux activités humaines. L'appel à la "paix avec la nature", signifie arrêter d’abîmer la nature à travers nos activités et donc changer la façon dont nous consommons, afin de réduire nos impacts et notre exposition à l’utilisation du capital naturel. C’est aussi reconnaître que la nature est source de vie, de résilience face aux défis du changement climatique, et donc un facteur de paix. La tenue de cette COP en Colombie permettait aussi de mettre l’accent sur les enjeux des pays d’Amérique Latine, à la biodiversité très riche et très menacée, ainsi que des pays du Sud global plus largement.
Quelles implications pour la COP16 ? Cela signifie que les pays signataires doivent présenter des plans clairs qui alignent les actions nationales sur tous les objectifs du Cadre mondial, reliant l’action sur la nature à l’action climatique, reconnaissant l’importance d’une transition écologique socialement juste, y compris le rôle des peuples autochtones et des communautés locales comme acteurs et bénéficiaires de la préservation et la gestion durable de la biodiversité. Il s’agit aussi pour les pays de se donner les moyens de l’action - via la mobilisation de financements publics, la réforme des incitatifs économiques nuisibles à la nature, la mobilisation de la finance privée, et, pour les pays le nécessitant, l’aide au développement. Pour rappel, le Cadre mondial a fixé 4 objectifs à 2050 et 23 cibles à atteindre d’ici 2030 pour stopper et inverser la perte de biodiversité à travers la restauration et la protection des écosystèmes et aboutir à une vision d’une société « en harmonie avec la nature ».
La COP en pratique
Voulant être les pionniers d’une « COP de la population », les organisateurs colombiens ont aménagé une zone verte ouverte au public afin d’encourager la réflexion et la participation citoyenne sur la recherche de solutions pour la protection et la conservation de la biodiversité biologique, à travers la mise en place de débats, concerts et stands. Comme pour les éditions précédentes, l’entrée dans la zone bleue était réservée aux délégations officielles des pays membres, aux groupes d’observateurs accrédités (notamment organisations de jeunesse, communautés locales, peuples autochtones, acteurs de la recherche scientifique, secteur privé et financier), aux représentants des organisations multilatérales et aux médias accrédités. Elle était le lieu des négociations officielles mais comportait aussi un riche programme d’évènements parallèles présentant de très nombreux travaux et initiatives appuyant le GBF.
La délégation de BNP Paribas sur place était constituée d’experts de la Direction de l’Engagement d’entreprise – Camille Maclet, Expert Biodiversité, Antoine Sire, Conseiller pour l’économie à impact et l’inclusion sociale, Sébastien Soleille, Responsable Transition énergétique et Environnement – et de représentants de BNP Paribas aux Amériques, Maria Camila Bernal, Responsable Finance durable et ESG, CIB Hispanic LATAM, Hervé Duteil, Chief Sustainability Officer, Amériques et Jorge Valderrama, Responsable de Territoire Colombie. Ces 6 représentants ont été invités à prendre la parole lors de 24 événements, 15 dans la zone verte et 9 dans la zone bleue.
Des résultats en demi-teinte
Plusieurs accords importants ont été trouvés à Cali, parmi lesquels :
- La création du « fonds Cali » sous l’égide de l’ONU qui pourra être abondé par les entreprises faisant des bénéfices générés par la numérisation des données génétiques de plantes ou d’animaux issus de pays en développement. Ces données sont utilisées dans les secteurs agro-alimentaire, cosmétique et pharmaceutique notamment. L’objectif de la création de ce fonds est de partager équitablement les ressources financières collectées entre les entreprises et les pays en développement.
- La reconnaissance du rôle des peuples indigènes et des communautés locales dans la protection de la biodiversité, avec l’adoption de l'article 8J et la création d’un organe de représentation officiel et permanent dans les négociations onusiennes sur la biodiversité.
- L’importance de l'océan a été soulignée dans des résolutions sur la biodiversité marine, un accord a été notamment été trouvé sur les modalités de création des aires marines protégées.
Cependant, la COP16 n'a pas abouti à un consensus sur les modalités relatives à un mécanisme multilatéral de financement de la conservation et de la restauration de la nature dans le Sud, via lequel seraient mobilisés les 25 milliards de dollars par an à 2025 et 30 milliards de dollars par an à 2030 d’aide au développement fléchée vers la conservation, la restauration et la gestion durable de la biodiversité. Les Parties de la CDB n'ont pas non plus réussi à s'accorder sur la procédure d'évaluation des actions mises en œuvre pour respecter l'Accord de Kunming-Montréal. À la clôture de la COP16, seulement 44 pays (dont la France) avaient déposé leurs stratégies ou plans d'action nationaux (NSAP) sur un total de 119.
Affaire à suivre donc… La prochaine COP se déroulera en 2026 en Arménie, d’ici là deux COP sur le climat auront eu lieu, qui abordent la biodiversité sous l’angle du réchauffement climatique : la COP29 en Azerbaïdjan, qui a commencé le 11 novembre et se terminera le 22, et la COP30, très attendue en novembre 2025 au Brésil, pays chargé d’enjeux naturels, économiques et sociaux relatifs au climat et à la biodiversité, et pays d’adoption de la Convention sur la Diversité Biologique et de la Convention Cadre sur le Changement Climatique au sommet de Rio en 1992.
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