Certaines dispositions du Cadre mondial de la biodiversité visent à catalyser cette action par les entreprises et les institutions financières, en promouvant notamment :
- Une meilleure reconnaissance de l'importance de la biodiversité dans les investissements et les actifs financés et un renforcement des compétences à divers niveaux de l’organisation, en vue d’une prise en compte plus systématique de la biodiversité dans les décisions stratégiques et les politiques opérationnelles ;
- L'analyse des dépendances, impacts, risques et opportunités (DIRO) liés à la nature, le développement de plans de transition relatifs à la nature pour réduire les impacts négatifs et les risques, renforcer les impacts positifs et favoriser les opportunités, et leur reporting public (ceci faisant aussi l’objet du cadre volontaire de la Taskforce on nature-related financial disclosures – TNFD – et du cadre réglementaire de l'Union européenne « Corporate Sustainability Reporting Directive » - CSRD) ;
- La mise en œuvre de solutions techniques ou de pratiques industrielles permettant de réduire la contribution de l'entreprise aux facteurs d'impacts sur la biodiversité (réduction des pollutions, infrastructures vertes, etc.) ;
- La mise en œuvre de solutions de financements d'activités contribuant à la protection, la restauration, l'usage soutenable de la biodiversité (par exemple dans l'agriculture régénératrice, la gestion forestière durable, la protection des écosystèmes côtiers, etc.) ;
- L'appui au développement et au financement de solutions fondées sur la nature, définies comme des activités soutenables économiquement qui soient positives pour la biodiversité, qui contribuent à la lutte contre le changement climatique et l'adaptation à ses conséquences, et appuyant le développement économique et social des communautés.
Afin d'appuyer cette transition, le Cadre mondial de la biodiversité souligne l'importance du dialogue public-privé et de la mise en œuvre de solutions conjointes. Il engage aussi les pays signataires de la CDB à réformer leurs incitatifs réglementaires, fiscaux et financiers, afin de mieux stimuler les activités contribuant à protéger et restaurer la biodiversité, et réduire les incitatifs aux activités contribuant à sa dégradation, tout en veillant à une transition écologique juste sur le plan économique et social.
Des évolutions règlementaires notables dans l’Union européenne
Dans l'Union européenne, plusieurs réglementations récentes visent à renforcer la prise en compte des enjeux relatifs à la soutenabilité environnementale et sociale dans les stratégies des entreprises et les décisions d´investissement. Parmi elles, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) vise à harmoniser et renforcer l'analyse et la publication de données de durabilité des entreprises en Europe (actualisant la directive précédente sur la publication d'informations non financières, NFRD, de 2014). Entrée en vigueur début 2023, elle introduit des exigences de reporting sur plusieurs dimensions, y compris la biodiversité et le capital naturel, avec, pour les grandes entreprises une première échéance de reporting public en 2025 sur l'exercice 2024. En outre, la règlementation européenne contre la déforestation importée (EUDR dans son acronyme anglais) impose des mesures de vigilance renforcée de la part des entreprises commercialisant des produits pouvant être liés à la déforestation, en se concentrant sur les produits contenant du bœuf, du soja, du cacao, du café, de l’huile de palme et du bois. Son application était prévue à partir du 30 décembre 2024, mais la Commission Européenne a récemment annoncé son possible report d’application à fin 2025 pour permettre aux entreprises concernées et aux pays producteurs de commodités de s’adapter.
L'action de BNP Paribas en faveur de la biodiversité
En 2021, BNP Paribas a publié sa position sur le capital naturel et la biodiversité, exprimant ainsi son engagement à préserver la biodiversité au travers de ses financements et ses investissements et de ses opérations.
Concrètement, comment cela se traduit-il ?
BNP Paribas a mis en place au sein du Groupe diverses actions visant à réduire les impacts sur la biodiversité dans ses portefeuilles financés, et à favoriser les activités contribuant à protéger et restaurer la nature, notamment :
- Inclusion de critères relatifs à la biodiversité dans les politiques de financement et d’investissement depuis 2012, notamment sur les principaux secteurs exposés au risque de déforestation et de conversion d’habitats naturels (agriculture, huile de palme, pâte à papier, mines, pétrole/ gaz). En outre, tenant compte du fait que plus de 40% de la perte de forêt tropicale est associée à l'exploitation de commodités agricoles au Brésil, notamment dans les régions de l'Amazone et du Cerrado, BNP Paribas s'est engagé à inciter ses clients produisant ou achetant du bœuf ou du soja issus de ces régions à devenir « zéro déforestation » et à démontrer de manière transparente leurs progrès. En conséquence, BNP Paribas ne fournira des produits ou services financiers qu'aux entreprises (producteurs, conditionneurs de viande et négociants) ayant une stratégie visant à atteindre zéro déforestation dans leurs chaînes de production et d'approvisionnement d'ici 2025 au plus tard.
- Dialogue constructif avec les clients sur ce sujet, et encadrement des activités de crédit et d’investissement, en particulier dans les secteurs les plus sensibles ;
- Propositions de produits et services (e.g. des émissions obligataires ou des crédits indexés sur des objectifs en lien avec la biodiversité) pour soutenir activement les clients à financer leurs efforts de préservation et de restauration de la biodiversité ;
- Orientation des investissements vers des fonds visant à préserver la biodiversité ;
- Signature d’engagements Act4Nature en 2018 (actualisés en 2021) ;
- Publication d’une Position sur la protection de l’océan en 2020 et recherche d’investissements dédiés à la thématique océan, comme le récent partenariat signé avec Blue Alliance visant à concilier amélioration des aires marines protégées et développement économique et social des communautés ;
- Extension à la biodiversité des programmes de recherche soutenus par la Fondation BNP Paribas (Climate & Biodiversity Initiative) ;
- Travail engagé sur l'analyse et la mesure de l'empreinte de ses investissements sur la biodiversité, notamment pour BNP Paribas Asset Management et BNP Paribas Cardif.
"BNP Paribas Asset Management a publié sa feuille de route biodiversité en 2021 et s'est fixé des objectifs ambitieux pour réduire l’impact des investissements sur la biodiversité et intégrer les sujets liés à la biodiversité dans ses activités d'engagement des entreprises. Lors de la COP15 de la CDB, BNP Paribas Asset Management a participé au lancement de l'initiative Nature Action 100, promue par un groupe d'ONG et d'initiatives d'investisseurs, visant à promouvoir un haut niveau d'ambition des entreprises pour appuyer la protection et la restauration de la nature."
Zoom sur le cas de la limule
Depuis 2022, BNP Paribas Asset Management alerte sur la nécessité de protéger la limule, une espèce ancienne d'arthropode marin dont le sang est utilisé pour les tests en laboratoire. À l'échelle mondiale, pratiquement tous les vaccins, médicaments injectables et dispositifs médicaux implantés dans le corps humain ont été testés sur un composant du sang de limule. En partie du fait de cette exploitation de l'espèce à des fins biomédicales, les populations de limules sont en déclin. Or, il existe une alternative synthétique sur le marché, aussi efficace que le sang de limule. BNP Paribas Asset Management a écrit à 14 sociétés pharmaceutiques basées aux États-Unis, en Europe et en Asie, pour les encourager à passer à l'alternative synthétique largement approuvée.
Pour structurer ses actions et appréhender leurs impacts, le Groupe fait référence aux pressions sur la biodiversité listées par l’IPBES dans son rapport de 2019, et principalement les quatre premières : changements d’usage des terres et des mers, exploitation directe de certains organismes, changement climatique, pollutions.
En complément, le Groupe déploie des actions transverses, notamment pour améliorer la connaissance des impacts et des moyens de suivi et d’action : soutien à la recherche et développement, partenariats ciblés, participations aux groupes de place et associations d'entreprises, sensibilisation des parties prenantes internes et externes.
"Cette grille d’analyse de l’IPBES permet de s’appuyer sur des indicateurs concrets et diversifiés, rendant bien compte de la multiplicité des enjeux de la préservation de la biodiversité."