Si l’entrepreneuriat féminin se heurte encore à des freins pour se développer pleinement, l’envie d’entreprendre est bien là et les opportunités sont réelles. Il doit surtout s’envisager comme une chance pour l’économie, par la libération d’un potentiel de création de valeur qui n’est pas suffisamment exploité aujourd’hui.
Pour vous, quels sont les principaux freins au développement de l’entrepreneuriat féminin en France ?
Les freins psychologiques, qui procèdent de nombreux facteurs et notamment de l’éducation, remontent en premier lieu, comme le manque de confiance en soi ou une certaine aversion à la prise de risque. Ce sont les femmes concernées qui en parlent le mieux : certaines qualifient ces freins de « montagnes à déplacer » tant ils peuvent faire obstacle à leur développement professionnel et brider leur ambition. Certaines d’entre elles ont besoin d’être rassurées sur leurs compétences et d’accepter l’existence du risque lié à l’entrepreneuriat.
Un autre frein, non négligeable, est la sémantique même des écosystèmes de financement (due diligence, business plan, deck etc.), qui peut bloquer certaines personnes et notamment les femmes. Ces termes doivent être démystifiés. La composition majoritairement masculine du monde de l’investissement peut également jouer un rôle de ralentisseur. Certaines entrepreneures me rapportent encore des entretiens avec des investisseurs qui leur ont demandé : « Avez-vous fait valider votre business plan par votre mari ? ». Il s’agit certes, d’un exemple extrême, mais représentatif d’un biais qui perdure. Autre illustration, les questions posées aux femmes entrepreneures sont souvent orientées autour de la notion d’échec, du type : « Comment allez-vous gérer ce risque ? » au lieu de demander : « Selon vous, quels sont vos facteurs clés de succès ? ».
Sur le terrain, j’observe pourtant, que beaucoup de ces femmes font particulièrement preuve de résilience et d’optimisme.
Depuis 2017, BNP Paribas enregistre une progression annuelle à deux chiffres de ses clientes entrepreneures
#ConnectHers existe depuis 4 ans maintenant, quelles évolutions globales constatez-vous ?
Davantage de femmes créent leur entreprise, même si ces entreprises restent souvent des structures de petite taille – conséquence, du moins en partie, des freins cités ci-dessus. Nous accompagnons aujourd’hui près de 90 000 femmes entrepreneures via nos agences, nos centres d’affaires et un accès facilité au financement. #ConnectHers nous a permis de déployer ce programme partout en régions et une réelle dynamique positive s’est instaurée autour de ces cercles et communautés dédiés à l’entrepreneuriat féminin.
#ConnectHers by BNP Paribas, l'entrepreneuriat féminin en grand !
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Comment faciliter l’accès des femmes au monde de la tech en particulier, particulièrement porteur ?
Il existe des dispositifs collectifs qui œuvrent en ce sens, à l’image de Sista, « le collectif engagé pour la réduction des inégalités de financement entre femmes et hommes entrepreneurs », dont nous avons signé la charte. Celle-ci nous engage à améliorer la mixité au sein des équipes d’investissement, un des freins à l’entrepreneuriat féminin, et d’atteindre la proportion de 25 % des sociétés financées en fonds propres étant dirigées par des femmes d’ici 2025.
D’autres moyens sont à notre disposition, comme mettre en valeur les femmes qui émergent dans la tech, ce que nous faisons via notre compte LinkedIn #ConnectHers afin de partager l’envie de se lancer à celles qui hésitent encore. Ou encore proposer à ces femmes de la tech de participer à des programmes d’accompagnement comme celui de SISTA et aussi de The Galion Project, avec lequel nous avons établi un partenariat destiné à donner un coup d’accélérateur à la tech féminine. Depuis 2021, 25 startups dirigées par des femmes ont ainsi accès à ces programmes spécifiques de SISTA et du Galion financés par #ConnectHers.
CAPITALISONS SUR LA PUISSANCE DU COLLECTIF !
Quels sont les grands chantiers à développer ces prochaines années en faveur de l’entrepreneuriat féminin ?
Pour commencer, l’une de nos priorités sera de promouvoir toutes les initiatives qui contribueront à casser les silos entre les grandes entreprises, les PME, les startups, les associations et les pouvoirs publics en mettant sur pied des initiatives communes. Plus on embarque de monde, plus on crée de coalitions, plus l’impact est conséquent. Capitalisons sur la puissance du collectif. Ensuite, il nous faut développer des indicateurs de mesure. Tatiana Jama, cofondatrice de Sista, le dit très bien : « Il faut compter les femmes pour que les femmes comptent. » C’est très important, car sans élément tangible, factuel et indicateurs précis, non seulement, il n’y a pas d’état des lieux fiable, mais, nous ne pourrons pas suivre l’évolution des actions engagées. Enfin, nous avons besoin des hommes pour qu’ils soutiennent et participent à ces initiatives. Il s’agit de diversité au sens large, synonyme de richesse, de diversité et d’épanouissement pour tous.
Parlez-nous de FWE40, un palmarès inédit imaginé par BNP Paribas, qui est lancé cette semaine.
En quoi ce nouveau palmarès peut soutenir les entrepreneures ?
En effet, le French Women Entrepreneurs 40 est une initiative inédite que nous avons imaginée avec le Women’s Forum, sous le haut patronage du Ministère de l’Economie et des Finances, et en partenariat avec Be A Boss, BPI France, HEC Paris et Ecovadis. C’est le premier palmarès annuel des 40 entreprises* françaises en croissance dirigées par des femmes.
A l’image du Next40 dans le monde de l’innovation, nous voulons installer ce palmarès dans le paysage de l’entrepreneuriat. En plus de la visibilité que leur apporte ce palmarès, ce type d’initiative doit contribuer à mobiliser les financeurs et les investisseurs pour faciliter et contribuer à la croissance de ces entreprises. Les lauréates bénéficieront également d’un accompagnement sur mesure des partenaires pendant un an via le club FWE40. Dans un second temps, nous avons l’ambition de déployer le FWE40 à l’échelle européenne. Concrètement, le sourcing des candidates va s’opérer entre mars et septembre avec nos partenaires, pour une annonce du palmarès prévue en novembre prochain lors du global meeting du Women’s Forum.
* 3 catégories dont une vingtaine de startups, une quinzaine de PME et 5 ETI
BNP Paribas est partenaire de la 30ème édition de Go Entrepreneurs Paris
Le plus grand rassemblement d’entrepreneurs en France se déroulera les 6 et 7 avril 2022 à Paris la Défense Arena.L’occasion pour BNP Paribas de rappeler ses engagements pour accompagner la croissance et la performance des entrepreneures.
Laure Emmanuelle Filly y interviendra sur la thématique : Entreprenariat féminin : enjeux et défis le 6 avril à 12h15.
Une table ronde #ConnectHers : Entrepreneures, comment réussir sa levée de fonds ? est également programmée le 6 avril à 9h30.
Crédits photos : @NDABCREATIVITY, @Kris Tan, @rawpixel