Face au changement climatique, l’adaptation est devenue un enjeu global majeur. Comment anticiper les modifications déjà observées et à venir ? Quelles réponses mettre en œuvre à l’échelle nationale et internationale ? Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a élaboré différents scénarios climatiques et socio-économiques pour imaginer et explorer une série de futurs envisageables.
Ces scénarios sont utilisés par les pays du Nord pour penser leur politique d’adaptation à long terme. Mais comment ces prévisions peuvent-elles être mieux comprises comme une intervention pour une meilleure gouvernance des enjeux climatiques et plus particulièrement dans les pays les plus vulnérables au changement climatique ? Connecter ces scénarios à la gouvernance climatique n’est pas chose aisée. Ré-imaginer la gouvernance climatique fait en sorte que ces différents scénarios du futur puissent mener à des modes de gouvernance adaptés et efficaces dans les régions les plus vulnérables du monde, qu’elles deviennent des aides concrètes à la décision aux pays en développement.
“ Beaucoup d’opportunités d’adaptation face aux changements climatiques sont perdues à cause d’un manque de connexion entre les prévisions climatiques et les décisions politiques au niveau national et supra-national. ”
Chercheur à l’Université d’Oxford et professeur à l’Université d’Utrecht
Des prospectives sur les changements climatiques à la gouvernance
Une équipe transdisciplinaire menée par Joost Vervoort, chercheur à l’Institut Environmental Change de l’Université d’Oxford et professeur assistant à l’Institut Copernic du développement durable de l’Université d’Utrecht, et Aarti Gupta, professeur associée à l’Université de Wageningen en Gouvernance environnementale, mènera ses analyses dans quatre régions du monde : l’Afrique de l’ouest, l’Amérique centrale, l’Asie du Sud et l’Asie du sud-est.
Dans un premier temps, il s’agira d’analyser, en partenariat avec des chercheurs locaux et régionaux, la manière dont les gouvernements mais aussi les acteurs régionaux (entreprises, acteurs économiques clés, ONG) anticipent les changements climatiques. Quels éléments prennent-ils en compte, qui est impliqué dans ces réflexions, quels sont les problèmes identifiés, etc.
« Dans un second temps, nous collaborerons directement avec eux afin de les aider à améliorer leurs prospectives et leur gouvernance. Il s’agira véritablement de connecter les recherches climatiques, macro-économiques, agricoles avec les recherches en politique et en gouvernance et d’adapter l’ensemble aux contextes régionaux et nationaux », précise Vervoort.
Un projet global
Ce projet s’appuie sur une recherche préexistante focalisée sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. « Depuis six ans, nous avons tissé des contacts étroits avec les gouvernements de ces régions et nous parvenons à les aider à mettre en place des stratégies d’adaptation au réchauffement climatique », se félicite le chercheur hollandais.
Fort de cette expérience et de ces contacts, l’équipe vise cette fois à aller au-delà de l’aspect agricole, de penser l’adaptation de manière globale, à l’échelle des pays mais aussi à des échelles plus larges, afin de prendre en compte des sujets transnationaux comme les ressources en eau ou les migrations de population.
Ce projet bénéficie ainsi de nombreuses coopérations, à la fois de chercheurs et d’organisations dans plus de 25 pays différents, parmi lesquels son partenaire principal, le programme de recherche du GCRAI (Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale) sur les changements climatiques, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS).
nous avons tissé des contacts étroits avec les gouvernements de ces régions et nous parvenons à les aider à mettre en place des stratégies d’adaptation au réchauffement climatique.
À terme, le programme aboutira à des recommandations et des lignes directrices concrètes, à l’échelle régionale et globale, afin d’améliorer le rôle des scénarios futurs dans les gouvernances climatiques. Une diffusion de ces pistes d’actions auprès de la communauté scientifique ainsi qu’auprès des décideurs régionaux et nationaux est prévue en 2019.