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L'essor des gigafactories européennes pour la production de batteries

L'ère de la mobilité électrique se traduit par une mobilisation sans précédent des constructeurs automobiles, entrainant dans son sillage un nouvel écosystème dédié à la production de batteries. Au-delà de son impact sur la souveraineté industrielle de l'Europe, cette transformation exige la mise en œuvre de solutions financières adaptées pour soutenir son développement.

Gigafactories : une des clés du développement des véhicules électriques

Alors que la demande de véhicules électriques peut fluctuer à court terme, la transition vers une mobilité durable demeure inéluctable, dictée par des impératifs climatiques et réglementaires. Cette transition requiert des investissements massifs dans un outil de production industriel européen porteur d’une empreinte environnementale minimale.

Les gigafactories visent à produire à grande échelle les batteries de nouvelle génération, essentielles aux futurs moteurs électriques européens. Elles représentent un pilier crucial de la transition énergétique en accélérant l'adoption des véhicules 100% électriques (VE), rendant leurs capacités et coûts compétitifs avec l'ambition européenne. 

Leur implantation en Europe découle de plusieurs facteurs convergents : un élan politique suite à une prise de conscience sur l'urgence climatique, le soutien public à travers des subventions significatives telles que le European Green Deal, un marché européen solide pour les équipementiers automobiles, et des avancées technologiques rendant le VE compétitif par rapport aux véhicules à combustion interne.
Fabien Levaillant, Managing Director au sein du Low Carbon Transition Group chez BNP Paribas

Accompagner les industriels à travers une expertise spécifique au financement du secteur

Les premiers investissements massifs dans ce secteur, estimé à plus de 800 milliards USD en  2030, sont d’abord liés au développement des véhicules individuels, et principalement dirigés vers les technologies clés comme le NMC (Nickel, Manganèse, Cobalt) et le LFP (Lithium Fer Phosphate). Ils répondent également à l'interdiction de la vente de véhicules à moteur thermique neufs à partir de 2035.

Partie intégrante de cette transition, les institutions bancaires telles que BNP Paribas accompagnent les industriels en développant une expertise spécifique à ce secteur en pleine mutation. Face à ces défis, les experts du Low Carbon Transition Group de BNP Paribas ont ainsi fait de la compréhension approfondie de ce domaine une compétence clé, se positionnant en pionnier du financement de la chaîne de valeur des batteries et des énergies renouvelables.

L’enjeu clé de la structuration des projets

Le défi principal de ces projets industriels de grande envergure réside dans leur mise en œuvre et leur financement. Ce secteur nécessite en effet des investissements d'une intensité bien supérieure à celle d'autres secteurs de la transition énergétique établis, tels que notamment la production d'énergie renouvelable, avec des investissements rarement inférieurs à un milliard par projet.

Des initiatives Européennes 

Northvolt (article en anglais) a été précurseur dans ce domaine en lançant dès 2017 un projet de gigafactory en Suède, suivi d'une première levée de fonds de plusieurs milliards en 2020. Couvrant l'équivalent de cinquante terrains de football, le succès de Northvolt, la première usine de production de batteries à grande échelle en Europe, conseillée par BNP Paribas, a ouvert la voie. « Face aux besoins importants en capitaux, notre mission consiste à accompagner la structuration des projets des entreprises, en gérant spécifiquement l'allocation des risques inhérents à leur développement, avant de les présenter sur le marché afin de lever les capitaux nécessaires », explique Fabien Levaillant.

Ces dernières années, de nombreuses autres initiatives ont été lancées non seulement en France, en Allemagne, en Italie, mais également en Espagne et en Hongrie. Des partenariats stratégiques ont été formés pour accélérer le déploiement de capacités de production, comme l'accord avec ACC (Automotive Cells Company), surnommé « l'Airbus de la batterie », qui regroupe Stellantis, TotalEnergies et Mercedes-Benz.

 D'autres exemples incluent le partenariat entre Northvolt et Volvo, la création par Volkswagen de PowerCo pour la chaîne de valeur des batteries, et le partenariat entre Verkor et Renault en France. Aux États-Unis, soutenus par la loi Inflation Reduction Act (IRA), des projets similaires connaissent également une croissance rapide, visant à renforcer les chaînes de valeur régionales au profit des équipementiers locaux.

Des financements innovants

La production de batteries à grande échelle comporte un certain nombre de risques, notamment liés à la construction de chaînes de production complexes impliquant de multiples acteurs spécialisés, la maîtrise de la technologie avancée des batteries au lithium-ion pour assurer la compétitivité face aux véhicules à moteur thermique, ainsi que des activités de recherche et développement intensives. À cela s'ajoute la nécessité d'assurer l'approvisionnement à long terme en matières premières rares, et de développer une chaîne de recyclage actuellement très limitée pour créer à l’avenir un écosystème durable. 

Face aux start-ups levant à la fois des fonds propres et de la dette, et n'ayant pas encore d'historique de production et de revenus, le financement par cash flow reste l'une des options viables, nécessitant une bonne visibilité sur les revenus contractuels futurs. Un élément clé de ces levées de fonds récentes a été le soutien des constructeurs automobiles, qui s'engagent via des contrats d'achat à engagement ferme (« take or pay »), assurant ainsi une visibilité minimale sur le chiffre d’affaire futur.

Le financement de ces projets exige une analyse sophistiquée et un accompagnement spécialisé. En tant que conseil, nous avons dû dépasser les cadres traditionnels du financement de projet pour créer des structures innovantes sur mesure, adaptées aux défis spécifiques de ce secteur et attractives pour les investisseurs institutionnels, tant en fonds propres qu'en dette. 
Fabien Levaillant

Le nécessaire soutien des institutions européennes

Un autre facteur crucial dans le succès des premiers financements du secteur réside dans le soutien des institutions publiques européennes, telles que la Banque européenne d'investissement et les agences de crédit à l'exportation (ECA). La participation de ces institutions a contribué à réduire les risques initiaux et à intéresser les marchés financiers à ces produits d'investissement innovants. Ces initiatives de financement marquent le début de l'essor des gigafactories en Europe.

 Au-delà de leur rôle en tant qu'installations industrielles majeures, ces usines créent un nouvel écosystème complet en Europe, partant de l'extraction et du raffinage des minerais nécessaires aux batteries. La « vallée de la batterie » dans les Hauts-de-France illustre parfaitement ce renouveau des bassins industriels européens, avec plusieurs grands constructeurs de batteries et acteurs de la chaîne logistique en cours d'implantation. « Ce développement suscite une véritable fierté parmi ses travailleurs », remarque Fabien Levaillant, soulignant ainsi le puissant impact sociétal de ces initiatives.

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