Pouvez-vous nous parler de votre rôle ?
Yacine Adjerime (Y.A.) : Je dirige le programme Agile@Scale, auquel est rattaché le Centre d’expertise Agile de la Banque Commerciale en France (BCEF) regroupant tous nos Coachs Agile. Mon équipe et moi-même avons la mission de construire et d’éprouver notre modèle opérationnel Agile@scale et d’accompagner les différents métiers de BCEF dans l’adoption de ces nouvelles méthodes de travail. Notre ambition ? Devenir collectivement plus efficients dans la conception, le développement et la distribution de nos solutions pour nos clients. Toutes nos activités sont concernées, et pas uniquement nos collègues de l’informatique ! Les valeurs de l’Agile doivent irriguer toute notre organisation et sont aujourd’hui portées au plus haut niveau, soutenues par le Comité Exécutif de BCEF. Nous avons la conviction que l’Agile ne pourra fonctionner dans la durée sans un état d’esprit orienté à la fois client et collectif.
Comment se passe le travail en mode Agile au sein de BCEF ?
Y.A. : La force de la méthodologie Agile repose sur les « squads ». Il s’agit d’équipes pluridisciplinaires d’une dizaine de personnes, qui regroupent toutes les compétences et les expertises dont nous avons besoin non seulement pour la conception et l’amélioration du parcours clients ou collaborateurs mais également pour l’élaboration de solutions de toute nature - et pas uniquement informatiques, contrairement à ce que l’on peut penser. Ces équipes sont autonomes et responsabilisées autour d’objectifs communs, pour répondre plus vite et au plus près des besoins de nos clients.
Elles délivrent progressivement, en itérant, et c’est très vertueux ! Ainsi, nous n’attendons plus de longs mois pour commencer à servir de la valeur à nos clients… Nous pouvons rapidement ajuster le tir si nous nous apercevons que notre solution ne rencontre pas le besoin exprimé. Vous l’aurez compris, le mot important, au-delà de l’organisation, c’est le client. L’Agile n’est pas une fin en soi. C’est un moyen puissant d’être là où nos clients - et collaborateurs, qui sont des « clients internes » - nous attendent. Cette démarche de test & learn est centrale dans notre nouveau mode de développement de nos produits. Elle suppose également d’accepter le droit à l’erreur. C’est une évolution culturelle que nous portons aussi.
Au final, nous aimons bien résumer notre approche Agile chez BNP Paribas en trois mots, aussi simples qu’une ritournelle : faster, better, happier. Faster parce nous nous mettons en situation d’accélérer le time to market (délai de mise en production). Better, parce que nous utilisons les retours clients et collaborateurs (suggestions, recommandations, mais aussi réclamations) pour améliorer en continu nos produits. Happier, car nous investissons beaucoup sur ces nouvelles compétences et cette nouvelle culture de travail pour nos équipes, nos collaborateurs qui gagnent en autonomie… et en employabilité. C’est notre rôle d’employeur responsable d’accompagner tous nos collaborateurs dans les métiers et fonctions de BCEF vers ces nouvelles façons de travailler ensemble, qui deviennent d’ailleurs celles de l’industrie.
Quand vous vous êtes présenté, vous avez évoqué la « mise à l’échelle » de la méthode Agile. Qu’est-ce que cela signifie ?
Y.A. : Chez BNP Paribas, la méthode Agile est une réalité. C’est un mouvement d’ampleur que nos collègues belges de BNP Paribas Fortis, mais aussi italiens de BNL, ont déjà engagé. De notre côté, au sein de BCEF, nous avons engagé ce mouvement de façon progressive, en capitalisant sur des expérimentations de travail en mode « plateau » conduites sur des parcours clients clés tels que l’entrée en relation ou le crédit immobilier. Et depuis presque deux ans maintenant, nous passons à la vitesse supérieure pour déployer cette approche de manière plus globale.
Mais le mouvement va bien au-delà : la Direction Générale du Groupe a en effet pris la décision de déployer cette agilité dans l’ensemble de ses entités, dans le cadre d’un vaste plan de transformation qu’elle vient de lancer - c’est pourquoi nous parlons d’Agile à l’échelle. Nous interagissons beaucoup les uns les autres, de façon très solidaire, pour s’épauler dans ce changement majeur qu’est le passage à l’échelle, du Top Management aux équipes opérationnelles. Notre objectif, d’ici fin 2022, est que l’ensemble du « panorama » de nos parcours clients et produits soit couvert par les modes de fonctionnement Agile. Les Coachs Agile sont là pour nous y aider, dans la durée, car il s’agit d’une transformation profonde.
Quelle peut être la valeur ajoutée du Coach Agile dans un grand groupe bancaire ?
Y.A. : L’univers bancaire et financier évolue vite : la digitalisation accrue des parcours clients et le développement du « selfcare » impliquent des changements très importants, tout en respectant un environnement réglementaire et de conformité exigeant.
Pour rester un groupe financier recommandé par nos clients, nous devons innover sans cesse pour enrichir nos solutions. L’Agile porte aussi cet enjeu d’innovation. Et c’est d’ailleurs également dans les missions du Coach Agile que d’inciter à cette ouverture d’esprit vers d’autres solutions et outils. Le métier de Coach Agile a un très bel avenir chez BCEF et au sein des autres métiers de BNP Paribas.
« Nous devons innover sans cesse pour enrichir nos solutions. »
Quelles qualités attendez-vous des futurs Coachs Agiles ?
Y.A. : Un Coach Agile doit avant tout placer le client au cœur de tous nos processus de création et d’amélioration continue. Si les équipes s’éloignent de ce chemin et de l’état d’esprit Agile, ce sera son rôle de les accompagner vers cette orientation client. Il va accompagner des équipes qui apprennent l’Agile : nous attendrons de lui qu’il soit impliqué et exigeant pour que nous atteignions collectivement notre objectif d’être plus agiles. Il doit aussi être réactif et savoir s’adapter aux différentes populations qu’il coache. La discipline fait également partie des compétences recherchées, pour appliquer avec rigueur les méthodes de l’Agile que nous utilisons : scrum, design thinking, lean start-up, kanban… . Enfin, il lui faut aussi de la détermination et de l’ouverture d’esprit pour aider à appréhender la nouveauté et le changement, pour développer des offres toujours plus innovantes, en partenariat avec des acteurs externes éventuellement. En résumé, un Coach Agile porte une grande responsabilité : celle de nous faire « grandir » pour viser l’excellence pour nos clients… et collaborateurs !
Comment devient-on « Coach Agile » ?
Y.A. : Le Groupe investit continuellement dans l’évolution et l’enrichissement des parcours de formation sur l’approche Agile. Par exemple, chez BCEF, nous avons lancé un large programme de formation sur les nouveaux rôles de l’Agile (product owner, scrum master, notamment). Nous avons également développé un parcours spécifique pour accompagner des collaborateurs en interne à prendre des positions de Coachs Agile. Notre ambition est que notre collectif de Coachs Agile atteigne 50 collaborateurs en 2023. Ce collectif intégrera des collaborateurs que nous avons accompagnés et formés ainsi que des candidats externes qui voudront rejoindre l’aventure Agile de BNP Paribas.
Un conseil à l’adresse de ceux qui seraient intéressés par le coaching Agile ?
Y.A. : C’est une transformation majeure que nous engageons, au diapason de nos priorités stratégiques, dans un groupe financier leader. Ce mouvement est inexorable et va nous amener à être plus rapides, au plus près des besoins et attentes de nos clients, et plus innovants encore. Pour ce faire, notre organisation se décloisonne, avec des collaborateurs qui ont compris l’enjeu – pour eux et pour l’entreprise – de faire bouger les lignes. À mon sens, devenir Coach Agile au sein de BNP Paribas, c’est rejoindre une aventure riche de sens, passionnante et créatrice de valeur.
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Découvrez le témoignage vidéo de David Elkaïm, Coach Agile, et de Pierre Ruhlmann, Chief Operating Officer et Chief Transformation Officer de BCEF.