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Forum Convergences 2022 : Zéro Exclusion, Zéro Carbone, Zéro Pauvreté

Publié le 15.09.2022

Le Forum Convergences a fait sa rentrée au Palais Brongniart les 5 et 6 septembre. Pour cette 14e édition, 300 entreprises, associations, fonds d’investissement, start-ups ou membres de la société civile ont exposé leurs solutions pour « conjuguer justice sociale et transition écologique », fil conducteur de ce forum que BNP Paribas soutient depuis sa deuxième année. Conférences, tables rondes ou débats montraient une vraie détermination à accéder à un monde 3Zéro : Zéro Exclusion, Zéro Carbone, Zéro Pauvreté. Récit.

L’urgence d’agir au programme du Forum Convergences

« Cette rentrée 2022 a un goût amer, il nous faut jouer ensemble le jeu des bonnes résolutions » a lancé Fanny Roussey, la directrice générale de Convergences, lors de son discours introductif. Méga-feux, assèchement des rivières, inondations… Le dérèglement climatique a fait la démonstration de sa force et a créé un très puissant sentiment d’urgence. « Nous n’avons plus le temps d’alarmer sur le dérèglement climatique ou de constater les inégalités sociales. Nous voulons ici réitérer notre appel à l’action collective, pour agir concrètement et résoudre les crises de notre siècle » a martelé Fanny Roussey. L’objectif de ces rencontres ? Faciliter l’atteinte des 17 Objectifs du Développement Durable, adoptés par les Nations unies en 2015. « Notre mandat pour ce forum est simple, nécessaire et ambitieux : outiller, fournir les ressources nécessaires à chaque citoyen, organisation, structure, pour contribuer à son échelle, et au quotidien, à un monde 3Zéro ». Et le temps est compté.

Pour répondre à ces urgences environnementales et sociales, une cinquantaine de conférences ont été proposées durant ces deux jours, ainsi qu’un « village des solutions », pour présenter innovations ou projets répondant aux défis d’aujourd’hui. Au programme : redonner le pouvoir aux citoyens, entreprendre dans les territoires et les tiers-lieux, s’engager pour la solidarité internationale… Des espaces dédiés autour d’une agora centrale où différents intervenants se sont relayés.

L’impact, mot-clé pour financer les défis de la transition écologique

Comment financer les défis de la transition écologique ? Le décor de l’ancien temple de la Bourse collait bien à cette recherche de financement. Et pour répondre à cette question, un mot était sur toutes les lèvres : impact. Un leitmotiv démontrant que tous les intervenants avaient à cœur d’agir. Parmi eux, les acteurs de la finance à impact étaient présents pour exposer leurs solutions. Le Global Investing Impact Network (GIIN) définit l’impact investing comme un investissement « réalisé avec l’intention de générer un retour positif, ayant un impact social et environnemental mesurable, tout en assurant un rendement financier » selon trois critères : l’intentionnalité, l’additionnalité et la mesurabilité. Mais les outils de mesure ainsi que les moyens financiers pour y parvenir font débat.

C’était au cœur de la conférence « Impact investing : effet de mode ou intention sincère ? » organisée au premier étage du Palais, où la cinquantaine de conférences ont eu lieu. Peut-on créer de la valeur environnementale grâce à l’impact ? Ambition réelle ou coup médiatique ? Plusieurs se sont risqués à apporter leurs idées sur ce sujet.

Le rôle des acteurs publics

Les acteurs publics par exemple qui, en tant que garants et accélérateurs de certains investissements à impact, jouent un rôle fondamental dans l’investissement à impact. Cyril Gouiffès, responsable du département Social impact au Fonds européen d’investissement (FEI) a insisté sur l’engagement de son institution : « notre objectif est de faciliter l’accès au financement des PME européennes. » Le FEI intervient auprès des banques et autres institutions financières pour qu’elles s’engagent davantage pour les PME, en leur fournissant des garanties sur une partie des prêts qu'elles leur accordent. « Nous pensons qu’il y a une corrélation positive entre performance d’impact et performance financière. Notre mission : accélérer l’innovation par l’investissement dans des fonds privés. »

Une place majeure pour les institutions financières 

Les institutions financières, quant à elles, font partie des acteurs privés majeurs du financement de la transition écologique. Sylvain Taboni, Directeur Impact Investing du Positive Impact Business Accelerator à la direction RSE de BNP Paribas, était venu en témoigner : « Le fait d’utiliser les fonds propres de la Banque nous permet de soutenir le développement des entreprises à impact avec moins de contraintes que n'en aurait une société de gestion classique, notamment en termes de durée ou de business model. » L'équipe, qui cogère avec Principal Investment l’enveloppe du Groupe dédiée aux investissements à impact, investit dans des fonds à impact et prend des participations directes dans des entreprises.

1001 FONTAINES, LE VISAGE DE L’INVESTISSEMENT À IMPACT

Illustration très concrète de ces investissements, l’ONG 1001 Fontaines, dont le Directeur général, Julien Ancele, participait à cette conférence. Fondée en 2004, 1001 Fontaines veut fournir un accès pérenne à l’eau potable aux populations vulnérables, dans cinq pays du monde. Initialement financée par des subventions, l’ONG a fait évoluer son modèle pour accélérer son développement, en misant sur la dette ou en ouvrant son capital. « Pourquoi chercher des investissements à impact ? Quand je suis allé voir l’Agence Française de Développement (AFD) pour obtenir des financements, on m’a dit que j’entrais dans la vallée de la mort, parce qu’il est très difficile d’obtenir des dons ou des subventions » se souvient Julien Ancele. L’ONG, qui a affiché clairement son ambition sociale, est parvenue à convaincre des institutions bancaires comme BNP Paribas, qui l'accompagne via son programme Act For Impact (voir plus bas). Un gage de crédibilité pour l’ONG, mais pas seulement. « Le niveau d’exigence de ces investisseurs est tel qu’il nous oblige. Quand vous passez devant le comité d’investissement de BNP Paribas, il faut être bon ! Concrètement, cela professionnalise les équipes et le fonctionnement de l’ONG », a-t-il conclu.

Des outils financiers publics et privés pour agir

Une fois campés les acteurs et les leviers de l’impact, reste à définir les outils à mettre en place pour atteindre les ODD, dans les pays développés comme en voie de développement. C’était bien l’objet de la conférence consacrée au sujet « Favoriser un développement inclusif et durable grâce à des investissements alignés sur les ODD ».

Plusieurs instruments financiers – sustainability-linked-bonds, obligations vertes, obligations à impact… – répondent à l’urgence environnementale et à son manque de moyens. Maha Keramane, Responsable du Positive Impact Business Accelerator de BNP Paribas, a expliqué toute l’utilité des sustainability-linked bonds. Moins connues que les obligations vertes, utilisées pour financer spécifiquement des projets poursuivant des objectifs environnementaux, ces obligations ont un taux d’intérêt qui varie selon que l'émetteur atteint ou non tous types d’objectifs en matière de développement durable ou de critères ESG, fixés au préalable. 

« C’est un outil très intéressant, qui permet d’avoir des objectifs de durabilité très précis, comme la parité hommes-femmes dans le management, la restauration d’un espace de biodiversité, ou la réduction d’émission de CO2 d’une entreprise », a-t-elle détaillé avant de décrire un autre outil qu’elle connaît bien pour avoir accompagné son développement en France : les contrats à impact. Si ceux-ci financent des projets principalement orientés sur des causes sociales – pauvreté, inégalités, accès à la santé et aux services financiers – ils se diversifient désormais pour porter aussi des causes environnementales, favorisant par exemple l’économie circulaire.

Explications par notre experte : « ces obligations financent des programmes innovants, menés par des ONG ou par des entreprises sociales, avec un impact spécifique qui sera mesuré. Si les objectifs d’impact – taux de sortie durable du chômage, baisse du décrochage scolaire ou du taux de placements d’enfants en situation de précarité – sont atteints, alors les autorités publiques remboursent l’investisseur, y compris avec un bonus en cas de dépassement : plus l’impact positif est fort, plus l’obligation devient rentable pour l’investisseur. Cela démontre le lien entre l’impact généré et la création de valeur économique. »

L’inclusion financière, un outil au secours de la finance à impact

Pour atteindre un monde 3Z, l’inclusion financière, qui permet de fournir des solutions financières et bancaires aux populations exclues des solutions traditionnelles, devient un sujet incontournable alors que l’on observe une montée des risques environnementaux comme économiques. Lors de la conférence « Quelle résilience de la finance à impact face aux chocs exogènes ? », Alain Lévy, responsable de l’inclusion financière Asie et Amériques chez BNP Paribas, a rappelé les éléments publiés en mai dernier dans le premier Rapport de performance sociale de microfinance de BNP Paribas. 

Les 18 Instituts de microfinance (IMF) partenaires de BNP Paribas ont aidé 8,1 millions de bénéficiaires ; alors que le contexte global se fait plus difficile encore, l’accompagnement des IMF est repensé. « La plupart des IMF qui ne faisaient pas de rééchelonnement de prêt s’y sont mis pour aider leurs clients », a souligné Alain Lévy. Et de rappeler l’impératif social de la finance à impact : « Avec l’entrepreneuriat social, l’objectif n’est plus le rendement financier des entrepreneurs. Le rendement, c’est désormais l’impact, qu’il soit social ou environnemental. »

Découvrir le rapport de performance sociale de microfinance

Aider les pays en voie de développement : partage des ressources et juste équilibre

Tenke Zoltani, senior advisor au PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), une coalition entre investissements privés et soutien public, a rappelé les difficultés à trouver des investisseurs pour financer les pays en voie de développement. « Il faut booster l’économie des pays en voie de développement, ouvrir la voie, mais c’est un long processus, nous faisons beaucoup de pédagogie ». Pour ce faire, tout est une question d’équilibre. « Il ne faut pas s’opposer à la rentabilité financière des investissements, qui attirent des capitaux. Les bénéfices doivent être proportionnels aux risques. » 

Denis Sireyjol, à la tête de Proparco, un institut de développement financier filiale de l’Agence française de Développement (AFD) a milité pour un nécessaire équilibre : « Nous voulons bâtir des coalitions pour apporter des formations, de l’assistance technique. Nos clients privés ont besoin de nos financements, mais les banques privées peuvent les apporter. Notre rôle est de pousser ces acteurs à remettre en question leur partage des ressources », et donc, à investir dans des projets durables pour les pays en voie de développement. « L’équilibre est difficile quand on travaille avec le secteur privé. Nous devons travailler avec des entreprises qui mettent l’impact au cœur de la stratégie. »

Act For Impact dans le village des  solutions 

BNP Paribas était aussi présent via Act For Impact, son dispositif de soutien aux entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire. Le dispositif regroupe 200 chargés d’affaires engagés dans toute la France aux côtés des entreprises à impact, quel que soit leur stade de développement : création, amorçage ou accélération. « Nous proposons un accompagnement de financement grâce à nos experts bancaires et conseillons également les entreprises sur toutes les problématiques extra-bancaires. Concrètement, nous proposons à nos clients d’accéder à tout un écosystème de partenariats, de mises en relation et de visibilité », détaille Agnieska Lemoine, chargée d’affaires pour les entrepreneurs à impact. « Le programme Act For Impact veut accompagner des entreprises engagées ; Il faut donc avoir un regard différent, et conjuguer une approche extra-financière à l’analyse financière. » 

La start-up Welcome Place, qui œuvre pour l’inclusion financière, était également sur le stand. Fintech naissante, elle propose des solutions financières aux réfugiés ou immigrés en France. « L’ouverture d’un compte en banque, l’obtention d’une carte bleue ou l’accès à d’autres services s’apparentent à un parcours du combattant pour les nouveaux arrivants », constate Rooh Savar, le co-fondateur de Welcome Place. Cet ancien journaliste et activiste politique iranien, réfugié en France depuis 2009, s’est appuyé sur sa propre expérience pour créer son entreprise à impact, soutenue par Act For Impact : « Le soutien d’un acteur comme BNP Paribas, via Act For Impact, donne de la crédibilité et nous ouvre des portes, en nous mettant en relation avec des acteurs de la finance. »

Un podcast sur celles et ceux qui œuvrent au quotidien pour faire bouger les lignes

Pour mieux comprendre les enjeux des entreprises à impact, BNP Paribas s’est associé à Maddyness pour créer « MADE IN ESS ». Chaque mois, ce podcast met en lumière une personnalité inspirante du secteur : Label Emmaüs, Coalitions ou Ynsect étaient au programme des premiers épisodes. Retrouvez toute la série sur Ausha et n’hésitez pas à vous inscrire à la newsletter pour suivre les prochaines sorties.

Ecouter le podcast 

Crédits photo : Mary-Lou Mauricio / Raphael de Benguy

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