Réchauffement climatique : comment l'Afrique peut-elle s'adapter ?
Quelles stratégies d’adaptation permettront de diminuer notre vulnérabilité face au réchauffement global de la planète ? Quelles réponses, quelles solutions, sont les plus efficaces ? L’équipe transdisciplinaire dirigée par Friederike Otto, de l’Université d’Oxford, et par Mark New, de l’Université de Cap Town en Afrique du Sud, vise à répondre à ces questions dans le cas des pays d’Afrique.
« L’Afrique est l’une des régions les plus vulnérables au réchauffement climatique », justifie Mark New, directeur de l’African Climate & Development Initiative (ACDI). Les régions arides et semi-arides connaissent en effet plus que les autres des évènements climatiques et météorologiques extrêmes tels que la sécheresse et les inondations. Mais la situation de l’Afrique tient aussi à son « déficit d’adaptation » : les hommes et leurs activités sont souvent mal adaptés aux risques climatiques. Ce déficit est important en Afrique, à cause de divers facteurs notamment des changements socioéconomiques rapides (urbanisation, poussée démographique…), une faible planification de développement et des systèmes de gestion fragiles.
“ La vulnérabilité face aux changements climatiques dépend du risque de survenue d’évènements météorologiques extrêmes mais aussi de la sensibilité des zones exposées, c’est-à-dire des interventions humaines adaptées ou non à la situation locale. Nous souhaitons comprendre l’influence de ces deux composantes et surtout proposer des actions concrètes afin de réduire la vulnérabilité des pays africains dans le futur. ”
Université de Cap Town
Risque et sensibilité
Dans un premier temps, l’objectif de cette étude consistera à distinguer l’influence du changement climatique de l’influence des activités humaines sur l’environnement local. En s’appuyant sur de nouvelles méthodologies grâce à l’émergence d’une science des évènements météorologiques extrêmes, il s’agira de déterminer à quel point le réchauffement climatique impacte les évènements extrêmes que sont les sécheresses et les inondations. « Les épisodes de sécheresse aux environs de Cap Town sont de plus en plus fréquents. Grâce aux méthodologies développées à Oxford et au développement d'une expertise en modélisation du climat à Oxford et à l’Université de Cap Town, nous pouvons désormais mesurer l’impact de l’augmentation des gaz à effet de serre sur la fréquence de ce type d’évènements », explique Fredi Otto.
Parallèlement à ces travaux de modélisation des risques climatiques, l’équipe étudiera l’impact des différentes interventions humaines sur la vulnérabilité de cette région, et comment celles-ci influencent la gravité de l’impact des sécheresses et des inondations. « Nous nous servons pour cela de nos travaux menés depuis plus de vingt ans sur deux rivières en Afrique du Sud. Il s’agit d’évaluer comment les réponses sur le terrain peuvent diminuer la propension à être affecté par les évènements climatiques extrêmes », ajoute Mark New.
Il s’agit d’évaluer comment les réponses sur le terrain peuvent diminuer la propension à être affecté par les évènements climatiques extrêmes.
Parmi ces interventions humaines : le mode de culture des agriculteurs, les systèmes de gestion de l’eau ou encore les infrastructures contre les inondations. Ces facteurs conditionnent ce que l’on appelle la sensibilité ou la susceptibilité d’une région face aux évènements climatiques.
Des modèles au monde réel
À terme, l’équipe pourra donc quantifier l’impact de ces deux composantes de la vulnérabilité : l’augmentation des gaz à effet de serre d’une part et les réponses humaines d’autre part. « Nous pourrons dès lors faire tourner nos modèles pour explorer différents types de facteurs de risque, tels que les niveaux d’émission de gaz à effet de serre ou les activités humaines locales », poursuit le géographe d’Afrique du Sud.
S’il est difficile d’influencer l’évolution des émissions de gaz à effet de serre, il est en revanche possible de faire des choix plus pertinent en termes d’adaptation sur le terrain. L’objectif final de ce projet est donc d’évaluer l’efficacité des différents types de réponse afin de diminuer la sensibilité des pays africains au réchauffement climatique. Grâce à des partenaires comme les départements d’agriculture, les agences nationales de l’eau, les agences de développement ou encore la Banque Mondiale, ces résultats devraient ainsi permettre de stimuler des programmes d’adaptation concrets et efficaces pour le futur.
Crédits photos ©Synergos Institute/Flickr - NASA Johnson/Flickr - Mariusz Kluzniak/Flickr - UNICEF Ethiopia/Flickr - World Bank