Camille, vous travailliez auparavant à Harvard… Comment passe-t-on de chercheuse à entrepreneure ? Y a-t-il un parcours-type de l’entrepreneure ?
Il n’y a pas de parcours prédéfini ou obligatoire pour créer une entreprise, et heureusement ! Pour ma part j’ai toujours voulu être entrepreneure : j’ai créé "mon premier business" à 11 ans ! Mais la recherche était également inscrite dans mon histoire familiale. J’ai choisi de commencer par ça (en neurosciences, ndlr) parce que la recherche s’apparente pour moi à une quête de vérité, à une façon holistique d’expliquer le monde et de parvenir à des solutions objectives pour résoudre des problèmes concrets… C‘est exactement l’ambition de Goshaba, aujourd'hui, l’entreprise que j’ai fondée.
Avec du recul, quelle étape vous semble décisive dans la création d’entreprise ?
Trouver les bons associés et, de façon générale, savoir s’entourer de personnes expertes et de confiance dans les domaines dans lesquels on ne l’est pas soi-même. Je suis arrivée en France depuis les États-Unis pour créer mon entreprise, mon idée en poche. Avant même de chercher des fonds, j’ai commencé immédiatement par la quête de partenaires engagés et complémentaires, emballés par le concept. J’ai eu la chance de rencontrer très vite mes deux futurs associés et co-fondateurs, Djamil Kemal (Co-CEO) et Minh Phan (CTO). L’alchimie était créée, les compétences de chacun bien agencées.
Être à la fois créateur et dirigeant, cela peut paraître antinomique…
Ça l’est parfois vraiment ! Mais savoir allier ces deux facettes me semble fondamental pour apporter de l’innovation et de la valeur ajouté tout en transformant une idée en réalité. C’est incroyable d’avoir des idées, beaucoup moins si celles-ci sont décorrélées de ce dont est capable l’entreprise à un instant-t. Un créateur d’entreprise, tout créatif et innovant soit-il, ne doit pas sous-estimer le côté administratif et procédural de la création et de la gestion d’entreprise. Il faut s’y coller et cela ne correspond pas toujours aux premières aspirations : on peut se sentir perdu à devoir naviguer de la sorte entre l’engagement créatif d’un côté et les réglementations liées au monde du travail de l’autre. Mais le processus est nécessaire, il permet de donner forme à l'idée dans le réel. Il ne faut pas que la tête et les pieds soient complètement séparés !
“ selon moi, AUJOURD’HUI une entreprise doit posséder deux choses fondamentales pour prétendre à la réussite : une raison d’être, c’est-à-dire un impact positif, qu’il soit social ou environnemental, et un potentiel commercial ”
CEO de Goshaba
Au-delà du concept lui-même, qu’est-ce qui créée la bonne opportunité pour une entreprise qui se lance ? À quel moment peut-on se dire « j’y vais » ?
Aujourd’hui, selon moi, une entreprise doit posséder deux choses fondamentales pour prétendre à la réussite : une raison d’être, c’est-à-dire un impact positif qu’il soit social ou environnemental, et un potentiel commercial. Pour ma part, j’aurais pu appliquer mon savoir à un autre domaine que le recrutement. Mais il s’avère que celui-ci combine ces deux paramètres : un vrai besoin business d’un côté et un réel impact social de l’autre. Les départements RH étaient très demandeurs d’outils d’évaluation qui les aident à dépasser les biais cognitifs et évaluer les compétences réelles des candidats, de façon plus équitable.
Quels conseils pratiques donneriez-vous à des aspirant(e)s entrepreneur(e)s ?
Au quotidien, adopter l’hygiène de vie la plus équilibrée possible, incluant une pratique sportive régulière, de la méditation. Prendre soin de son corps et de son mental est fondamental pour quiconque, à plus forte raison lorsque l’on se trouve à un poste à responsabilités. Et pour ne pas se laisser happer par les difficultés professionnelles, être capable de faire appel à un coach lorsque cela s’avère nécessaire. Il ne s’agit pas d’un aveu de faiblesse, bien au contraire. Cette démarche montre que l’on est prêt à progresser, à se remettre en question pour être plus en phase avec les besoins de son entreprise et de ses collaborateurs.
Enfin, rejoindre des réseaux business me parait essentiel pour favoriser les échanges de bonnes pratiques et pour partager nos expériences, qui sont souvent similaires. Cela permet également de faire des rencontres et parfois même d’envisager des opportunités de business. J’ai de mon côté intégré de nombreux réseaux, dont le think tank "The Galion Project".
Pouvez-vous nous parler de votre expérience au sein de "The Galion Project" ?
BNP Paribas est l'un de mes principaux investisseurs et Goshaba a participé à l'accélérateur de startups du Groupe (WAI). C'est BNP Paribas qui m'a encouragée à intégrer ce think tank. C’est un réseau de réflexion et d’entraide entre entrepreneurs qui permet d’être entouré, et propose de nombreux outils dont trois types d’événements : des rendez-vous business avec des webinaires ou des ateliers de travail, des rencontres plus informelles pour networker et enfin des « Breaks » immersifs sur plusieurs jours. J’ai beaucoup aimé ces moments de pause et de réflexion. Sous couvert de confidentialité, nous avons partagé des problématiques de business, d’investisseurs, d’associés, de stress.
J’ai pu m'y nourrir des conseils et retours d’expériences de ceux qui sont passés par là et qui ont pris les mêmes risques à certaines étapes de la vie de l’entreprise. En résumé, mon expérience au sein du Galion Project m’a procuré une nouvelle énergie dans mon leadership.
Un message en particulier pour les femmes entrepreneures ?
Les biais de genre existent, tout le monde le sait, c’est d’ailleurs ce genre d’écueil que Goshaba propose d’éviter par un processus de recrutement qui passe outre les biais et les signes distinctifs d’identité. Lorsque l’on est une femme, il s’avère fondamental et en ce sens très utile de prendre connaissance de la littérature sur le genre et les discriminations pour comprendre dans quel système nous nous inscrivons. Ces outils d’analyse permettent d’atteindre une liberté d’esprit et en conséquence une liberté d’actions. Le fait de prendre conscience des mécanismes à l’œuvre permet de les surmonter… c’est scientifique ! Lisez les BD de Liv Strömquist ou regardez les vidéos humoristiques de "Camille et Justine" par exemple. Elles permettent de prendre du recul et de reprendre confiance en soi lorsque nécessaire, en quelques minutes et le sourire aux lèvres qui plus est !
The Galion Project et BNP Paribas
Avec l’ambition de changer le monde grâce à l'innovation de rupture, ce think tank regroupe une communauté de plus de 300 entrepreneurs, qui porte « un modèle d’entreprise Tech innovant, ambitieux et responsable » pour un monde meilleur. En étant partenaire de The Galion Project, ConnectHers by BNP Paribas soutient les entrepreneures innovantes de la Tech pour leur permettre de concrétiser leurs ambitions et ainsi augmenter la représentation des femmes dans ce secteur.
En 2021, BNP Paribas va offrir à une promotion de 10 femmes entrepreneures la possibilité d’intégrer "The Galion Project". Après un appel à candidatures qui va se dérouler jusqu’au vendredi 30 avril, les entrepreneures seront départagées par un jury. Pour postuler, envoyer un email à : connecthers [at] bnpparibas (dot) com
L'entrepreneuriat féminin chez BNP Paribas avec le programme #ConnectHers :
Avec son programme #ConnectHers, BNP Paribas se mobilise concrètement pour accélérer la réussite des femmes entrepreneures en leur proposant de bénéficier d’un accompagnement adapté à la taille de leur entreprise avec ateliers thématiques ou encore orientation vers des réseaux business partenaires. De plus, chaque année, BNP Paribas réserve 2 milliards d’euros de crédit bancaire et au moins 10 % des fonds propres investis par BNP Paribas Développement aux entreprises portées par des femmes.
Rendez-vous sur la page Linkedin de #ConnectHers
Crédits photos : @Goshaba, @Camille Morvan, @fona, @Rymden