C’est une réalité qui ne fait plus débat : la perte de biodiversité représente un risque financier aussi important que les enjeux climatiques. C’est la raison pour laquelle BNPP Asset Management a fait de la préservation de la biodiversité un axe majeur de sa stratégie d’investissement durable aux côtés de la transition énergétique et de la croissance inclusive. Mais concrètement comment faisons-nous, aujourd’hui, pour identifier et limiter l’impact sur la biodiversité des entreprises dans lesquelles nous investissons l’épargne de nos clients ?
Au sein de BNP Paribas Asset Management, nous appliquons des critères ESG à toutes nos stratégies d’investissement car nous sommes persuadés qu’une entreprise qui prend en compte ces critères générera davantage de valeur pour nos clients et pour la société dans son ensemble. Et la biodiversité dans tout ça ? Bien conscients que la perte de biodiversité présente des risques physiques, systémiques et de transition majeurs pour les investisseurs, nous avons traité cet enjeux dans chacun des 6 piliers de notre approche de l'investissement durable. En filigrane, nous pensons que mieux comprendre l’exposition de nos portefeuilles à ces risques et mieux quantifier l’impact de nos portefeuilles sur la biodiversité nous permet de prendre de meilleures décisions d’investissement.
« En la matière, les données et les outils de mesure et de reporting sont essentiels »
Cette année, nous avons utilisé l’outil public et innovant ENCORE de la Natural Capital Finance Alliance, pour mieux comprendre et visualiser l’impact des changements environnementaux sur l’économie. En exploitant la modélisation des données d’ENCORE, nous avons appris que nos principales dépendances sont l’eau et les services écosystémiques qui offrent une protection contre les dérèglements climatiques, les inondations et les tempêtes ou le contrôle de l’érosion. Nous avons également mené un exercice à grande échelle de mesure de l’empreinte écologique de nos portefeuilles afin de déterminer notre exposition globale aux risques liés à l’eau et à la déforestation.
En effet, seulement 17% des entreprises publiques dans lesquelles nous investissons communiquent des données relatives à leur exposition au stress hydrique et à l’intensité de leurs prélèvements d’eau. Et plus d’un tiers de notre exposition dans les secteurs qui présentent le plus grand risque de déforestation concerne des entreprises dont la politique ou le dispositif de traçabilité est faible, voire inexistant. Ainsi, nous devons donc continuer à engager le dialogue avec les entreprises sur leurs politiques et procédures d’approvisionnement en matières premières liées à la déforestation, notamment le soja, l’huile de palme, le bétail et les produits du bois.
« Nous devons donc continuer à engager le dialogue avec les entreprises sur leurs politiques et procédures liées à la déforestation. »
Nous avons également noué des partenariats industriels clés, comme avec Iceberg Data Lab ou CDP, pour établir de nouvelles mesures et informations harmonisées sur la biodiversité. Grâce à elles, nous publierons la première empreinte biodiversité de nos fonds d'ici fin 2021.
L’analyse ESG se concentre traditionnellement sur le carbone, mais moins sur la modification de l’habitat des abeilles, la destruction des mangroves ou le déclin des stocks de poissons. Pourtant, la perte de capital naturel a aussi un impact majeur sur nos investissements notamment via les chaînes d'approvisionnement des entreprises, tous secteurs confondus. Affronter deux crises simultanément n’est pas une mince affaire, mais avons-nous le choix ? Imaginons un instant les conséquences d’un manque d'approvisionnement en eau sur un grand projet industriel, ou encore les conséquences financières, mais également réputationnelles, pour une entreprise qui aurait à faire face à un boycott de consommateurs engagés dans la lutte contre la déforestation. Et que dire des implications de la savanisation potentielle de l’Amazonie pour l’agriculture sud-américaine ? Grâce à nos travaux sur les données et les nouvelles mesures sur la biodiversité, nous entendons agir et encourager la prise en compte du capital naturel dans les décisions d'investissement.
« la biodiversité constitue également un thème phare de notre activité d'engagement actionnarial »
Au sein de BNP Paribas Asset Management, la biodiversité constitue également un thème phare de notre activité d’engagement actionnarial. Nous dialoguons avec les entreprises pour stopper la déforestation et maintenons le dialogue avec celles qui sont exposées à des zones où l'eau se raréfie. Par ailleurs, avec nos gérants de portefeuille, nous travaillons à mettre en place des stratégies d'engagement dédiées pour nos fonds qui ont un thème environnemental. Grâce au vote par procuration, nous soutenons les propositions des actionnaires en matière de biodiversité et pouvons être amenés à proposer nos propres résolutions. Notre participation à des coalitions et à des événements importants comme l'UICN représente autant d’opportunités pour nous d’influencer les pouvoirs publics et les acteurs économiques de tous pays. En matière de préservation de la nature, comme dans bien d’autres domaines, le secteur financier et les investisseurs de long terme ont un rôle à jouer pour encourager les entreprises à réduire leur impact sur la biodiversité et leur demander davantage de transparence.
Robert-Alexandre Poujade
Titulaire d’un master en management avec spécialisation en finance à ESCP Europe-Business School en 2010, Robert-Alexandre Poujade a rejoint BNP Paribas Asset Management en 2011; il est analyste ESG depuis 2015. Ses sujets de prédilection sont le capital naturel, l’économie bleue et la biodiversité. Il couvre également les secteurs suivants : biens de consommation de base, consommation discrétionnaire, sylviculture, emballage, chimie et agrochimie. Robert-Alexandre est membre du groupe consultatif technique SPOTT Timber, Pulp and Paper / Palm Oil de la Zoological Society of London. Avant d’intégrer le Sustainability Centre de BNP Paribas Asset Management, Robert-Alexandre a passé quatre ans au sein de l'équipe Solutions Structurées, Guaranteed et Asymmetric.
Congrès de l’UICN, édition 2021
Le Congrès de l'UICN (l'Union internationale pour la conservation de la nature) réunit à Marseille, du 3 au 11 septembre, ONG, grandes entreprises, scientifiques et fonctionnaires autour du thème de la biodiversité.
Robert-Alexandre Poujade intervient sur la thématique "De la stratégie à l'action : meilleures pratiques en matière de gestion d'actifs et de sélection d'investissements". Il participe également à une session virtuelle, "Natural capital and green economy: embedding biodiversity in decision-making from business to policy”.
En tant que partenaire de l'évènement, BNP Paribas est également présent à travers les interventions de :
- Antoine Sire, Directeur de l'Engagement d'entreprise, sur “Realigning Economy and conservation - Towards a Systemic Change in Economics and Finance”
- Sébastien Soleille, Responsable Transition Energétique et Environnement, sur "Climate change and biodiversity interlinkages: from science-policy assessments to action"
- Isabelle Giordano, Responsable de la Fondation BNP Paribas et Responsable Mécénat Groupe, lors d'une table ronde "Mécénat pour la nature"
- Gwendolyn Yu, Responsable de la Transformation au sein de la direction d'Engagement d'entreprise, sur la transformation de la Finance avec le Global Biodiversity Framework
- Astrid Behaghel, Directrice de l'investissement à impact, BNP Paribas Principal Investments, sur "Entreprise et recherche".