Que faut-il entendre par inclusion financière ?
Alain Lévy : C’est l’ensemble des moyens que l’on met à disposition des personnes exclues du système bancaire traditionnel pour qu’elles aient accès à un compte bancaire, à un crédit, à l’éducation financière ou encore à une assurance par exemple. Selon le Global Index 2021, le dernier publié par la Banque mondiale, 1,4 milliard d’adultes seraient exclus des services bancaires dans le monde. Les raisons sont multiples : des revenus très faibles, un isolement géographique, des personnes interdites bancaires…
Marie Degrand-Guillaud : L’inclusion financière, c’est non seulement l’accès aux services financiers de base mais c’est aussi un accès éclairé et maîtrisé, qui permet de bien comprendre ce à quoi on accède, de pouvoir faire des choix en connaissance de cause, d’être en autonomie dans la gestion de son argent, et ainsi vivre sa vie de manière indépendante.
Comment Nickel répond-il à ces besoins ?
M. D.-G. : Dès le départ, un travail a été fait pour permettre à tous d’accéder à un compte de la même manière : chez Nickel, il n’y a pas de découvert, donc pas de frais associé pour le client et pas de risque pour la banque. Nous sommes dans une approche très universelle, rendue possible par le « temps réel », une innovation technologique qu’on ne retrouve pas ailleurs : les mouvements qui passent sur le compte sont affichés en temps réel pour le client, et non 3 ou 4 jours après. Et c’est grâce à cette gestion en temps réel que le client a accès immédiatement à toutes les données liées à son compte, ce qui lui permet de gérer sa vie et son budget en autonomie. Et puis, nous avons mis cette technologie au plus près de tous grâce à des points de vente qui se trouvent en grande proximité et qui offrent en plus de la simplicité dans la relation, de la convivialité et de la confiance…
Le Groupe accompagne les Institutions de microfinance depuis 35 ans pour favoriser l’inclusion financière, sociale et environnementale. Comment agissez-vous sur le terrain ?
A. L. : Le crédit rural de Guinée été la première institution de microfinance que nous avons soutenue, c’était en 1989 ; c’est dire à quel point nous croyons à ce levier d’inclusion ! Aujourd’hui le Groupe soutient 21 IMF à hauteur de 345 millions d’euros de crédits et investissements selon les chiffres à fin 2023. Notre action porte principalement sur l’octroi de micro-crédits ; il s’agit de micro-crédits productifs, qui visent à aider le micro-emprunteur à créer ou développer une activité existante pour améliorer son niveau de vie, ou de micro-crédits moins liés à la production et qui visent par exemple à faciliter l’accès de certaines populations à l’éducation ou à la formation. Ces micro-crédits peuvent être individuels – c’est surtout le cas en Europe – ou « de groupe, selon le « Grameen model » créé par le Prix Nobel de la Paix, Professeur Muhammad Yunus qui repose sur une solidarité au sein d’un groupe en cas de problème de solvabilité de l’un des membres.
Quels sont vos grands enjeux pour cette année 2024 ?
M. D.-G. : Nous avons abordé 2024 avec beaucoup d’enthousiasme et de projets pour répondre aux besoins de nos cibles, qui se sont élargies au cours de nos 10 années d’existence et de croissance. Les clients qui ont chez Nickel leur compte principal – environ les 2/3 de notre clientèle – nous demandent aujourd’hui des crédits, de l’assurance habitation, de l’épargne. Nous faisons donc des tests pour démocratiser ces services, notamment avec Floa sur le crédit et avec BNP Paribas Cardif et Lemonade sur l’assurance.
A. L. : Nous essayons de développer de plus en plus la performance environnementale associée à la performance sociale. Nous œuvrons à une transition juste et donc nous voulons amener les micro-emprunteurs à être résilients face au changement climatique, à prendre soin de la biodiversité ; c’est dans cet objectif qu’ont été créés les ISLF+ (Inclusive Sustainability-Linked Financing) : ils permettent d’octroyer de meilleures conditions de prêt et une assistance technique aux institutions qui atteignent des objectifs à la fois sociaux et environnementaux. Notre objectif d’ici 2025 ? Développer ces ISLF+ dédiés de plus en plus à la transition juste et porter le nombre de bénéficiaires des IMF de 260 000 à 350 000. Un objectif ambitieux mais atteignable !
LE RAPPORT DE PERFORMANCE SOCIALE DE MICROFINANCE 2024 EN CHIFFRES CLÉS
- 21 IMF soutenues et participant à l’étude, dont 14 dans des pays émergents, 6 en Europe et 1 aux Etats-Unis
- 13 pays et 8 monnaies locales représentés
- 18 800 heures de Pro Bono réalisées par les collaborateurs et collaboratrices de BNP Paribas auprès des IMF partenaires
- 78 % : score de performance sociale SPI5 pour les IMF soutenues par BNP Paribas versus un score moyen de 61 % calculé sur la base de 366 IMF évaluées par Cerise