Des difficultés économiques qui durent…
L’activité a tout particulièrement été affectée par ces restrictions lors de la 1ère vague épidémique, au printemps dernier, la croissance avait alors été de -11,6% au T2 2020 (en variation trimestrielle, t/t).
L’un des enseignements importants de cette crise réside dans la capacité de rebond des économies en phase de déconfinement. En effet, le rebond économique du T3 2020 avait été nettement plus fort qu’attendu, le PIB avait alors progressé de +12,5% (t/t). Le début de l’année 2021 a commencé sur une note timide, le PIB de la zone euro ayant une nouvelle fois baissé au T1 (-0,6%, t/t). Pour la suite, l’accélération de la vaccination dans les États membres est de bon augure. Si la couverture vaccinale reste inférieure à celle observée aux États-Unis (plus de 40% de la population a reçu au moins une dose de vaccin), au Royaume-Uni (50%) et de surcroît en Israël (plus de 60%), la dynamique est positive en Europe. En Allemagne et en Espagne, près d’un quart de la population a reçu une première dose tandis que cette proportion atteint désormais plus de 20 % en Italie et en France.
… mais qui devraient sensiblement s’estomper au second semestre 2021
L’accélération des campagnes de vaccination dans les États membres de la zone euro est l’élément clé d’un rattrapage économique pérenne et vigoureux. En effet, le succès de la vaccination, dont dépendent en grande partie les perspectives économiques, permettrait de lever à la fois, l’ensemble des restrictions sanitaires et donc les freins à l’activité, mais également les incertitudes sur l’évolution future du virus, qui continuent d’influencer les choix des acteurs économiques, ménages et entreprises.
L’amélioration de la situation économique est visible dans les dernières statistiques dont on dispose. L’indice des directeurs d’achats (Purchasing Managers Index, PMI), qui tend à refléter la santé des différents secteurs de l’économie, est notamment bien orienté. Dans le secteur des services marchands, qui a été très affecté par les mesures sanitaires, le PMI s’améliore sensiblement depuis le début de l’année 2021, ce qui est de bon augure pour la croissance économique ces prochains mois. Le PMI services a dépassé, en avril 2021, le seuil de 50 (ce seuil sépare les zones d’expansion de celles de contraction) pour la première fois depuis le mois d’août 2020.
Malgré des restrictions sanitaires toujours en vigueur dans de nombreux pays, la croissance est donc de retour dans les services, témoignant de l’adaptation des entreprises du secteur aux contraintes. Le regain de confiance des consommateurs de la zone euro depuis le début de 2021, dont l’indice est désormais proche du niveau d’avant-crise, est un très bon signal, l’activité dans les services étant largement tributaire de la consommation privée. De son côté, le secteur manufacturier bénéficie de la reprise du commerce international. Le PMI manufacturier reste solidement au-dessus de 50 depuis l’été 2020 et a nettement augmenté en mars et avril 2021 pour atteindre des niveaux historiquement élevés.
« Le regain de confiance des consommateurs de la zone euro depuis le début de 2021, dont l’indice est désormais proche du niveau d’avant-crise, est un très bon signal. »
Au total, nous anticipons une accélération notable du rattrapage économique en zone euro à partir du second semestre 2021, sous l’effet de trois principaux facteurs : augmentation du rythme des vaccinations, effet de rebond de la demande au moment de la levée des restrictions, soutien des politiques publiques – monétaire et budgétaire - au sein de la zone euro (voir plus bas) et du plan américain (American Rescue Plan). Le PIB de la zone euro devrait enregistrer un net rebond sur l’ensemble de l’année (+4,2%) puis une nouvelle accélération en 2022 à +5,0%. Dans ce scénario, le PIB de la zone euro pourrait alors retrouver son niveau d’avant-crise au cours du 1er semestre 2022.
Les politiques publiques devraient continuer de soutenir la reprise en zone euro
Les finances publiques européennes ont été durement mises à l’épreuve par la récession économique, les dépenses sanitaires et le soutien massif des États aux entreprises et aux ménages. En 2020, le ratio de dette publique de la zone euro s’est établi juste en deçà du niveau symbolique de 100, à 98% du PIB. Il est en hausse d’un peu plus de 13 points de PIB par rapport à 2019, une augmentation plus forte que celle de 2009, lors de la grande crise financière.
Parmi les pays les plus touchés, l’Espagne, enregistre une hausse de son ratio d’environ 25 points de PIB tandis que la dette allemande progresse plus modérément de 10 points. Pour autant, cette augmentation n’est pas synonyme d’une forte dégradation de la soutenabilité des dettes publiques européennes. En effet, les rachats massifs d’obligations souveraines de la part de la Banque centrale européenne (BCE) permet de maintenir les taux d’intérêt à long terme à un niveau très bas en zone euro. La BCE a à ce titre récemment augmenté le rythme de ses rachats d’actifs afin d’éviter tout durcissement des conditions de financement. Le soutien monétaire sera maintenu tant que l’inflation, dont la hausse actuelle ne devrait être que temporaire, ne sera pas durablement au niveau de sa cible de 2%.
« Pour autant, cette augmentation n’est pas synonyme d’une forte dégradation de la soutenabilité des dettes publiques européennes. »
Dans ce contexte, la priorité sera de ne pas répéter les erreurs de 2011, et d’éviter un resserrement précoce des politiques publiques, qui entraverait la reprise. Une nouvelle hausse des dettes publiques est donc très probable cette année et les États membres devraient en outre commencer à bénéficier des premières subventions du plan européen Next Generation EU au second semestre.
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