Comment marche exactement votre « biopile » ?
Entretien avec Rodolphe Durand-Maniclas, Business Développeur et Cofondateur, pour mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette innovation digne d’un roman de science-fiction :
Pour commencer, je tiens à préciser que les mots « pile » ou « batterie » ne sont pas les plus adéquats pour décrire notre solution car cette dernière est un « supercapaciteur » ainsi qu’un producteur d’électricité. Cela se fait à partir de papiers et d’enzymes, en faisant appel au procédé de la biocatalyse. Nous plaçons du sucre et des enzymes sur un support papier et nous créons un circuit conducteur à partir d’éléments biologiques au sein de ce support. Des réactions biochimiques sont provoquées entre les enzymes, le sucre d’une part et l’oxygène d’autre part, ce qui génère de l’électricité.
“ Nous préférons parler d’une cellule bio-enzymatique. D’où le nom de BeFC qui signifie : « Bioenzymatic Fuel Cells ». notre cellule est écologique et durable, sans métaux, ni plastiques. Sa durée de vie est corrélée à celle des enzymes, qui va de quelques jours à quelques mois, en fonction de l’application ”
Rodolphe Durand-Maniclas, Business Développeur et Cofondateur de BeFC
Quelles applications peut-on imaginer ?
Toutes celles où l’on a recours à du matériel compatible avec la durée de vie et la puissance délivrée qui permet actuellement tant d’alimenter des capteurs, que de stocker des données et les transmettre grâce à des technologies sans fil. Il convient de distinguer la durée de stockage, avant activation, de nos cellules bioenzymatiques, qui est de plus de 15 mois à température ambiante. Dans le secteur médical par exemple, de nombreux appareils sont détruits après avoir été utilisés par le patient car potentiellement contaminés. Je pense aux patchs pour diabétiques, alimentés par des piles classiques que l’on jette après avoir utilisé seulement 5 ou 10 % de leur capacité.
Quelles sont vos perspectives de développement ?
Nous nous situons pour le moment sur un segment B2B, en intégration dans les appareils industriels, avec un potentiel technologique et de développement immenses. Nous nous développerons ensuite vers la vente de cellules à l’unité pour la grande consommation. Nous visons une industrialisation à grande échelle d’ici 2022.
Côté R&D, nous veillons continuellement à améliorer les performances de nos cellules et nous déposons de nombreux brevets, afin de construire une technologie qui s’adaptera aux futurs appareils de demain.
Nous cherchons d’ailleurs des partenaires industriels pour établir des contrats de co-développement, autour de nouveaux produits qui feraient appel à notre technologie.
Rodolphe Durand-Maniclas, Business Développeur et Cofondateur BeFC
La crise sanitaire a-t-elle impacté votre développement ?
Je crois que nous sommes un cas rare, car nous avons pu créer notre startup en pleine épidémie, en mai 2020, et mener notre première levée de fonds au mois de juin, poussés par l’intérêt des entreprises qui se tournent de plus en plus vers ce type de démarche, couplant innovation et durabilité.
Certains projets de co-développement ont été repoussés, mais pour le moment l’impact est limité. Je crois que nous sommes arrivés au bon endroit au bon moment, grâce à une technologie mature, dans un marché demandeur.
Pourquoi avoir participé au concours « 10 000 startups pour changer le monde » ?
Ce concours nous apporte de la visibilité, de nombreux contacts au quotidien et une reconnaissance prestigieuse. BNP Paribas a contribué à notre financement via une de ses filiales.