Climate & Biodiversity Initiative
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23.11.2020 | Mécénat
Comment s’adapter au changement climatique quand tout l’environnement se transforme ? Quelles sont les limites de l’adaptation rapide ? A travers le prisme de l’adaptation de la période de reproduction des mésanges, telles sont les questions auxquelles le projet « MOMMY KNOWS BEST » tente de répondre.
Soutenu par la Fondation BNP Paribas à travers son programme Climate & Biodiversity Initiative, le projet « MOMMY KNOWS BEST » cible particulièrement les Objectifs de Développement Durable (ODD) 15 « Vie Terrestre » et 13 « Lutte contre les changements climatiques ».
Piloté par Céline Teplitsky, chercheuse en écologie évolutive au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), le projet "MOMMY KNOWS BEST" a pour objectif d'évaluer dans quelle mesure des changements complexes de l’environnement peuvent affecter la capacité des mésanges bleues et des mésanges charbonnières à exprimer une réponse adaptative à l'augmentation des températures printanières.
Le projet se basera sur des études à long terme et à travers l'Europe, dans différents habitats (forêt/ville, Europe du Nord/Europe méditerranéenne).
« Les organismes sont adaptés à la variabilité de leurs environnements … dans une certaine mesure. Que leurs mécanismes d’adaptation actuels soient encore adéquats dans un futur proche dépend des limites imposées par la vitesse du changement climatique et par les autres défis environnementaux »
Chercheuse en écologie évolutive au CNRS
Face à la rapidité du changement climatique, la capacité des populations à s’adapter à de nouvelles conditions environnementales est d’une importance capitale pour leur persistance.
Pour ce faire, il existe 3 mécanismes :
Les exemples d’évolution rapide sont relativement rares, et la plasticité phénotypique est généralement considérée comme un mécanisme majeur d’adaptation rapide par lequel les organismes peuvent aussitôt changer leur mode de vie pour faire face à des changements environnementaux eux-mêmes rapides, tel que le changement climatique en cours.
Un exemple classique de plasticité phénotypique est la phénologie plus précoce de nombreux organismes lorsque les températures printanières augmentent. La phénologie étant la récurrence d’évènements périodiques (annuels le plus souvent) dans le monde vivant, déterminés par les variations saisonnières du climat, tels que la reproduction ou la floraison.
Par exemple, chez les oiseaux insectivores, pondre ses œufs plus tôt lorsque le printemps est plus chaud permet de synchroniser la naissance des oisillons et leurs besoins en nourriture avec la période d’abondance – elle aussi en avance – des chenilles qui en est la principale source. La capacité des femelles à répondre aux températures printanières précoces est ainsi primordiale pour le succès de la reproduction et le maintien des populations.
Une mésange bleue nourrit son oisillon après son envol © Stéphan Tillo
Ces réponses aux températures jouent actuellement un rôle majeur dans l’adaptation au changement climatique. Cependant il n’est pas garanti que, dans un contexte de changement global, ces mécanismes restent adaptatifs. Le changement climatique entraîne notamment une augmentation de la fréquence des évènements climatiques extrêmes, de la prévalence de parasites ou de la dissémination de maladies ; la réponse à ce changement pourrait également être influencée par d’autres facteurs d’origine humaine comme la destruction des habitats.
Cela soulève plusieurs questions majeures :
La période de reproduction des mésanges bleues (Cyanistes caeruleus) et des mésanges charbonnières (Parus major) est étudiée depuis des dizaines d’années dans de nombreuses populations à travers l’Europe ; plusieurs d’entre elles sont suivies depuis au moins une vingtaine d’années et parfois même depuis plus de 40 ans. Cela permet au projet de capitaliser sur la connaissance approfondie de leur écologie et leurs dynamiques.
C’est pourquoi les mésanges sont un sujet idéal pour évaluer les limites potentielles de la plasticité et leurs conséquences potentielles sur les dynamiques de populations.
Mésange bleue couvant ses œufs © Christophe de Franceschi
Le projet « MOMMY KNOWS BEST » est largement collaboratif et repose sur 2 types de suivi sur le long terme :
Le projet « MOMMY KNOWS BEST » essaiera de répondre à 2 questions essentielles :
Comprendre et prédire les réponses adaptatives des populations sauvages à leur environnement dépend de l’aptitude à représenter une vision globale de ces réponses. Evaluer comment la plasticité peut contribuer à la persistance d’une population sur le long terme est un défi de la recherche fondamentale et permettra de perfectionner les scenarii des réponses au changement climatique.
De tels scenarii peuvent aider à anticiper des actions de préservation et ils permettront de mieux prendre conscience de l’ampleur des défis imposés par le changement global auquel est confrontée la biodiversité – une étape importante pour amener la société à se mobiliser pour la préservation de cette biodiversité.
« Ce programme innovant nous renvoie à Lamarck et Darwin car mettant en lumière la manière dont le changement climatique génère des changements parmi la vie et l'évolution. Une science participative massive devrait assurer la diffusion et une diffusion efficace ».
Comité scientifique de la Fondation BNP Paribas