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Change Now 2023 comme si vous y étiez !

Publié le 06.06.2023

Plus de 1 000 actions concrètes, 400 conférences et ateliers, 120 pays représentés... Rassemblement unique des acteurs du changement, ChangeNow, le rendez-vous des solutions pour la planète, a été créé en 2017 avec la conviction qu’il est possible d’agir pour faire face aux grands défis environnementaux, sociaux et économiques de l’humanité. Les porteurs de solutions se sont rencontrés lors de l’édition 2023, qui s’est tenue les 25, 26 et 27 mai au Grand Palais Éphémère à Paris.

Jeudi 25 mai : S’il n’y avait que le climat

Juste à temps ! La scène « The Nest » est plongée dans la pénombre. On se faufile jusqu’aux derniers sièges vacants. Sur la scène, une silhouette se détache, puis une deuxième : le collectif Minuit12 ouvre la danse, le mouvement est lancé, ChangeNOW 2023 peut commencer. Santiago Lefebvre, son fondateur, le rappelle : il n’est pas seulement question de réchauffement climatique, mais aussi d’effondrement de la biodiversité, d’épuisement des ressources et d’inclusion. La transition doit concerner l’humanité tout entière ! Quatre immenses défis à relever. Pour y contribuer, cette sixième édition met l’art à l’honneur, comme essentiel à la construction des nouveaux récits pour un futur durable et désirable. La sagesse aussi : cette année, elle précède à tous les discours. La parole est à Mathieu Ricard, moine bouddhiste, fondateur de l’association Karuna-Schechen : « L’altruisme est la réponse la plus pragmatique aux enjeux de notre temps ».

« L'imagination permet de dessiner l'avenir et la société de demain. Les artistes sont les mieux placés pour défier les mentalités actuelles et soutenir les organisations dans leur évolution », Alice Audouin, présidente et fondatrice d’Art of Change 21. 

« Se régénérer » 

Le propos est limpide, la transition ne doit laisser personne de côté. C’est également la conviction de Kate Raworth, célèbre pour sa « Théorie du donut » tissant un lien étroit entre enjeux d’intégrité environnementale et justice sociale. L’économiste écologique est convaincue que nos modèles économiques doivent être entièrement repensés autour d’un seul objectif : être régénératifs et distributifs. Elle s’interroge : « Pourquoi les entreprises qui placent la durabilité et le respect de toutes les formes de vie au cœur de leur modèle économique restent-elles des exceptions ? » 

« Pourquoi les entreprises qui placent la durabilité et le respect de toutes les formes de vie au cœur de leur modèle économique restent-elles des exceptions ? » 

Comment convaincre les autres d’engager pleinement cette transition ? Pour Sandrine Dixson-Declève, co-présidente du Club de Rome, aucune pause n’est possible : il faut une régulation immédiate et plus juste des activités économiques, une action collective coordonnée et des signaux forts envoyés par les responsables politiques. « Faute de quoi, ajoute-t-elle, nous ferons face à une instabilité croissante et à la monté du populisme. La peur prend de plus en plus de place, alors même qu’il y a de l’espoir. Dernière chose : je suis convaincue que l’on peut construire sans avoir à construire de la guerre. »

Remettre en avant écologie et paix

La dégradation de l'environnement et le changement climatique ont en effet de plus en plus d'impact sur la dynamique mondiale de la paix et de la sécurité. Il est justement question d’instabilité politique sur la scène The Collective. La conférence, organisée en partenariat avec la Fondation Kofi Annan, porte sur le maintien de la paix et de la démocratie à travers des initiatives pionnières dans l’entrepreneuriat social, la justice et l’accès à l’information. Autant d’actions, voire de micro-actions, pour lutter à la fois sur la dégradation environnementale et sur les difficultés de gestion des ressources naturelles à l’origine de nombreuses tensions actuellement.

La tech, moteur du changement

La technologie apporte une aide précieuse pour mesurer, réduire, engager et optimiser les émissions de carbone. Elle permet de collecter et traiter des millions de données et favorise l’efficacité énergétique, enjeu stratégique crucial dans un contexte d’augmentation des consommations d’énergie. « Plus de données, c’est plus de modèles et plus d’efficience, souligne David Glijer, Directeur de la transformation digitale d'Arcelor Mittal. « L’imagination n’a pas de limites, de nombreuses solutions existent pour améliorer l’efficacité énergétique de l’industrie, du transport ou des bâtiments, constate Fanny Picard, fondatrice du fonds d’investissement à impact Alter Equity et pionnière de la finance responsable. On peut avoir de l’espoir, même s’il faut en premier lieu changer les comportements. » 

de nombreuses solutions existent pour améliorer l’efficacité énergétique de l’industrie, du transport ou des bâtiments

Les datas, derrière toute décision

Pour changer les comportements, les bonnes informations doivent circuler. Jean-Noël Barrot, Ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, souligne le rôle clé de la collecte des données, qui permet de donner aux citoyens/consommateurs les bonnes informations pour qu’ils prennent de bonnes décisions : « Avec les bons outils et une juste répartition de l’effort, les comportements peuvent changer, explique-t-il. Les plus importantes économies d’énergies jamais réalisées ont ainsi été réalisées à l’automne et pendant l’hiver ».

Les comportements individuels peuvent donc évoluer pour le meilleur, les habitudes des entreprises aussi. Pour Anouchka Didier-Mansour, directrice du développement durable de la maison Cartier, le changement doit être impulsé et incarné par les dirigeants. Sur la scène « The Nest », la collaboration entre les acteurs économiques est en question. Les grandes entreprises ont le pouvoir de collaborer avec de jeunes pousses, pour créer des solutions innovantes, à l’image de VoiceItt, logiciel de reconnaissance vocale inclusif soutenu par Microsoft, dans le cadre de son programme Microsoft Entrepreneurship for Positive Impact, qui aide les entrepreneurs à résoudre les défis les plus urgents de notre monde.

Vendredi 26 mai : Pour une transition juste

Cette deuxième journée débute par une intense session de pitchs autour de la thématique « Nourriture et Agriculture », sur la Garden Stage. La Start-up Moree propose des packagings alimentaires réutilisables, Climate Farmers participe au développement de fermes régénératives, Green Spot Technologie propose une réponse au problème du gaspillage alimentaire, Magnotherm construit des solutions de refroidissement et de chauffage hautement efficaces et durables basées sur des matériaux magnétiques, etc. « On change le monde une solution à la fois », a énoncé Santiago Lefebvre lors de la cérémonie d’ouverture. Bonne nouvelle, elles sont nombreuses. 

Biodiversité : une attention particulière

Au cœur du village des entreprises, Le Printemps des Terres, soutenu par BNP Paribas, s’est donné pour mission « d’être l’un des meilleurs outils de la transition écologique des territoires agricoles et forestiers, au service des acteurs locaux et en partenariat avec eux. Cela implique de s’inscrire dans les projets des territoires, d’en comprendre les limites et de se donner le temps » développent Laurent Piermont et Sylvain Goupille, ses fondateurs. Société à mission, Le Printemps des Terres investit dans des terres agricoles, des forêts dégradées ou sinistrées pour les restaurer de façon écologique, durablement et à grande échelle, tout en générant des revenus pour leurs exploitants et propriétaires. 

« La biodiversité fait partie des merveilles de la vie ». Pour la protéger, Nicole Rycroft a fondé Canopée, une organisation qui transforme les modalités de l’exploitation forestière, en offrant aux industries du papier et de la mode des solutions plus durables. Un amour des forêts et une conscience de leur rôle essentiel partagés par Laurent Boillot, PDG d’Hennessy, qui intervient également dans le cadre de la conférence Cop15, biodiversité et entreprises et plaide pour une large coalition des entreprises en faveur de la biodiversité.


« S’écouter est fondamental », renchérit Marcelo Behar, vice-président du développement durable du groupe Natura&co, dont l’action en Amazonie a permis de renverser l’extinction de certaines espèces surexploitées en prouvant qu’un usage différent était possible. « Nous devons revenir à un modèle non-prédateur et développer des indicateurs de la biodiversité comme nous l’avons fait pour le CO2. » Pour Stefanie Hauer, fondatrice de NatuRe Capital, « tout ce que nous faisons pour la biodiversité est bon pour la planète, pour le climat et pour l’eau. Il faut acheter des terres pour les protéger, et aider la nature à se restaurer elle-même »

Nous devons développer des indicateurs de la biodiversité comme nous l’avons fait pour le CO2 .

Investir massivement en faveur de la transition

Comment assurer la sortie des énergies fossiles tout en maintenant la sécurité financière et en menant une transition juste ?  C’est la question posée sur la scène Eiffel. Pour François Gemenne, spécialiste de la gouvernance du climat et des migrations, directeur de l'Observatoire Hugo à l'université de Liège, « le niveau d'investissement pour la transition écologique dans les pays du Sud reste dramatiquement insuffisant. Tant qu'il n'y a pas de transfert important de technologie, d'investissement massif dans les énergies renouvelables par les pays du Sud, ils n'auront d'autre choix que d’exploiter les combustibles fossiles. Pour une transition juste, il faut regarder au-delà de nos frontières et ne pas nous soucier de réduire seulement nos propres émissions mais de réduire les émissions à l'échelle mondiale. »

« Pour une transition juste, il faut regarder au-delà de nos frontières et ne pas nous soucier de réduire seulement nos propres émissions mais de réduire les émissions à l'échelle mondiale. »

Samedi 27 mai : partager un message d’espoir

En ce dernier matin, le Grand Palais Ephémère est encore calme. Il est temps d’aller à la rencontre d’OS Climate, organisation à but non lucratif qui met en place une communauté de collaboration Open Source pour créer une plate-forme de données et de logiciels pour l'investissement financier, les affaires et la réglementation, alignés sur les objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Elle entend combler les lacunes qui empêchent de diriger le capital vers une économie Net Zero résiliente, en facilitant la recherche et l’analyse de données. Un ambitieux programme soutenu par BNP Paribas. Le Groupe dirige en effet le développement de l'outil de modélisation Risques physiques & Résilience, qui permet aux parties prenantes d'identifier et de quantifier les risques liés à la résilience climatique, grâce à des modèles de vulnérabilité des actifs qui utilisent la prévision de la probabilité et de la gravité des événements climatiques extrêmes.

Démocratiser la transition pour fédérer

Les conférences continuent de mobiliser un public nombreux et attentif. Au centre, une table ronde : Démocratiser la transition. Et une question : qui sont ceux qui œuvrent au quotidien pour rendre la transition écologique accessible et compréhensible par tous ? 

C’est la mission que s’est donnée Francisco Vera, très jeune fondateur de Guardianes Por La Vida. « La crise climatique n'est pas seulement une crise climatique - elle menace également la biodiversité et les humains. Face à cela, on ne peut pas rester inactif. L'éducation critique est primordiale ». C'est pourquoi son organisation éduque les enfants au changement climatique, afin de créer un éco-espoir pour les générations futures.

Un vibrant message d’espoir et de courage

De l’espoir. C’est sur ce message que s’achève l’édition 2023 de ChangeNOW. Appelant à la solidarité dans la protection de la forêt amazonienne, qui abrite des millions de personnes dont lui-même : le cacique Raoni monte sur scène lors de la cérémonie de clôture pour partager un vibrant message d’espoir et de courage.

A ses côtés, le chef Tapi et la cheffe Watakalu, veillent à ce que son héritage perdure : « Nous allons guérir le monde ensemble (...). Nous sommes ici aujourd'hui parce que, si vous voulez protéger l'environnement, nous avons besoin de votre soutien ».

ChangeNOW s’achève, mais le chemin pour créer une transformation positive dans le monde est ouvert et de nombreuses solutions existent, pour changer dès maintenant.

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