D’où vient le nom de Sopht ?
Hugo de Broucker : Ce nom est issu de la combinaison entre un mot répandu dans notre secteur, software – logiciel en français - et Sophia, qui signifie sagesse en grec. L’idée est d’utiliser avec sagesse les outils du numérique, ce qui rejoint les questions de sobriété et d’intelligence dans la manière dont on manie ces outils très puissants. Nous voulons apporter un équilibre innovant entre décarbonation, environnement numérique et pratiques des DSI.
Comment est née la start-up Sopht ?
Hugo de Broucker : Ses fondateurs ont travaillé près de 10 ans sur des projets de transformation digitale de grandes entreprises. Ils ont constaté qu’un maillon était systématiquement absent : l’évaluation et la prise en compte de l’impact de ces activités sur l’environnement. Or, le numérique représente une part importante et grandissante des émissions de CO2 mondiales, de l’ordre de 4 %*. Le numérique émet 2 fois plus de gaz à effets de serre que l’aviation civile* . Pour les entreprises, il devient crucial de pouvoir piloter ces émissions de carbone. Sopht s’inscrit dans cette stratégie en fournissant aux directions informatiques (DSI) des outils de calcul et de compréhension de l’impact de leurs activités sur l’environnement pour, in fine, contribuer à leur décarbonation.
*source Shift Project
C'est le poids de l'économie numérique dans le PIB mondial
Au cours des 15 dernières années, sa croissance a été deux fois et demie plus rapide que celle du PIB mondial.*
Le numérique représente aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, et ce chiffre pourrait augmenter de manière significative si rien n’était fait pour réduire l’empreinte des activités digitales : + 60 % d’ici à 2040, soit à terme 6,7 % des émissions de GES nationales.**source Arcep, Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse
Décarboner l’activité d’une DSI, ce n’est pas le chemin le plus direct pour rencontrer BNP Paribas...
Hugo de Broucker : La rencontre initiale s’est faite en 2022, via B!UP, l’accélérateur de BNP Paribas. Une formidable opportunité d’échanger et de pouvoir être « accéléré » au sein de Station F (Paris), un environnement ultra-stimulant. Après ce premier contact, nous avons rencontré la direction IT de la Banque Commerciale en France (BCEF) à l’occasion d’un appel d’offres que nous avons gagné en décembre 2022.
L’équipe IT de la Banque Commerciale en France de BNP Paribas* cherchait une solution pour évaluer et piloter les émissions liées à ses applications et nous avons eu la chance d’être choisis ! C’est très précieux de pouvoir naviguer dans le Groupe avec l’aide de l’accélérateur B!UP qui nous ouvre de nombreuses portes.
*Sopht co-innove avec BNP Paribas dans le cadre de l’initiative Green Eco. Une collaboration qui s’est concrétisée par la création d’un un tableau de bord permettant de mesurer l'empreinte environnementale de chacune des applications de l’IT de la Banque Commerciale en France et de trouver des leviers de réductions.
B!UP, le hub de transformation du Groupe BNP Paribas
B!UP est le programme d’accélération de start-ups de BivwAk!, le hub de transformation du Groupe BNP Paribas. Accueilli à Paris au sein du campus de start-ups Station F, B!UP vise à fournir aux start-ups de la Fintech et Insurtech, les compétences, les ressources et le réseau dont elles ont besoin pour mener à bien leur projet.
Quelle la nature de votre partenariat avec BNP Paribas aujourd'hui ?
Hugo de Broucker : Chez Sopht, nous préférons parler de collaboration plutôt que de partenariat. Elle nous a apporté deux bénéfices principaux : tout d’abord, un guide formidable pour nous repérer dans un groupe de la taille de BNP Paribas, ce qui a facilité nos rencontres avec les bonnes entités et les bonnes personnes. La collaboration avec B!UP nous a également permis de bénéficier pleinement de l’environnement de Station F et des connexions qui existent au sein de cet écosystème de start-ups. C’est inestimable de pouvoir profiter de la force de frappe de B!UP pour avancer et d’être intégré au sein d’un lieu d’échanges dédié aux startups évoluant dans la green IT ou ailleurs. On a senti qu’il y avait vraiment dans l’accélérateur cette ambition de faire grandir et décoller ces entreprises.
Les perspectives de la collaboration sont assez claires aujourd’hui : nous avons déjà pu faire la preuve de la valeur de Sopht, du sérieux de la démarche et de notre capacité d’industrialisation auprès des équipes IT, et nous sommes en discussion aujourd’hui avec d’autres entités de BNP Paribas. C’est toute la logique de l’accélérateur : faire ses preuves et répliquer cette approche auprès de différentes branches.
Quelles sont les perspectives de Sopht ?
Hugo de Broucker : Arrivés à quatre et désormais une vingtaine, nous étions à l'étroit au sein de B!UP à Station F. Nous venons de rejoindre les bureaux de « We are Innovation », un autre accélérateur de BNP Paribas, dédié aux start-ups plus matures. Nous sentons que c’est le moment de prendre notre envol car notre croissance est prometteuse.
Quels sont vos conseils en matière de sobriété numérique ?
J’aimerais partager le fruit de notre expérience. Même si elle est encore récente, nous commençons à voir des résultats très concrets concernant l’optimisation de l’équipement matériel, qui est une source d’émission importante. On observe que les entreprises ont des plans de renouvellement de leur parc informatique très fréquents, tous les 3 ans le plus souvent. Or, c’est là que se trouvent les plus grosses marges de réduction de l’empreinte carbone. Nous avons effectué des simulations simples chez nos clients en comparant l’impact du renouvellement de 25 % ou de 50 % d’un parc et selon une période de 3, 4 ou 5 ans. En s’appuyant sur un benchmark des matériels et leurs volumes d’émissions, des performances ou encore de l’efficacité, on dessine des trajectoires qui permettent à nos clients de réfléchir à une stratégie d’amortissement plus sobre sans nuire à l’efficacité. Les gains sont vraiment significatifs.
" On observe que les entreprises ont des plans de renouvellement de leur parc informatique très fréquents, tous les 3 ans le plus souvent. Or, c’est là que se trouvent les plus grosses marges de réduction de l’empreinte carbone. "
La méthode Sopht pour mesurer le poids carbone des activités numériques en deux étapes :
- Première étape :
Le calcul : Sopht collecte des données concrètes sur un laps de temps défini, préalable indispensable pour mesurer le poids carbone des activités. Ensuite, ces données sont suivies en temps réel pour connaître à tout moment la consommation de CO2 associée aux activités d’un service IT. Plus qu’une photo à date, cela donne un film en continu pour observer la trajectoire de décarbonation et s’assurer que les actions sont efficaces. - Deuxième étape :
Une fois la collecte mise en place, la donnée est transférée sur une plateforme de pilotage accessible aux clients afin de définir ensemble le seuil standard (la référence qui servira d’étalon) et les objectifs de réduction, souvent liés à ceux du Groupe. Sopht coconstruit cette trajectoire car ses actions peuvent impacter tous les utilisateurs d’un même système, il faut être prudent. La mission de Sopht est de conjuguer tous les enjeux de l’entreprise : environnementaux, de performance métier, de disponibilité de l’application, d’utilisation efficace par les clients, ainsi que ses enjeux financiers.
En savoir plus sur Sopht :
- Année de création : fin 2021, Paris
- Mission : Sopht est une Green Tech qui développe une solution logicielle, à destination des directions informatiques, leur permettant de mesurer l'empreinte environnementale de leur écosystème IT, pour leur proposer une trajectoire de décarbonation.
- Vision : mettre la tech au service de son propre impact environnemental pour accélérer la décarbonation des environnements IT des entreprises et reléguer la compensation à un rôle résiduel.