Les invasions biologiques, une menace qui coûte au moins 27 milliards de dollars par an
1 300 milliards de dollars entre 1970 et 2017, dont 163 milliards pour la seule année 2017, avec une tendance nette à l’aggravation. C’est l’estimation basse issue des résultats de l’étude publiée fin mars 2021 sur le site Nature, intitulée « Combien coûtent les espèces envahissantes à l’humanité ? » et menée par une équipe de scientifiques du CNRS et de l’Université Paris-Saclay dirigée par Franck Courchamp, Directeur de recherche au CNRS.
Sur la période étudiée, les chercheurs montrent que ce coût double tous les 6 ans et triple tous les 10 ans : une dynamique d’aggravation nourrie par l’explosion des échanges internationaux et par le dérèglement climatique, deux facteurs importants de déplacement ou d’importation des espèces. Cette estimation a été réalisée sur la base des données existantes et connues, compilées à travers la base de données InvaCost.
Les espèces envahissantes, en mettant en péril l’équilibre des écosystèmes dans les territoires infestés, impactent la plupart des secteurs de l’économie, dépendants de leur environnement : l’agriculture, l’alimentaire, la santé, les infrastructures, l’immobilier…
Le coût des espèces envahissantes
entre 1970 et 2017
en 2017
par an
Le danger des invasions biologiques
Les espèces exotiques envahissantes sont des espèces végétales ou animales « importées », souvent par l’intermédiaire de l’homme mais également par accident, qui nuisent par leur présence à l’écosystème du territoire d’arrivée. En proliférant, ces espèces colonisent et bouleversent la biodiversité de la zone géographique dont elles ne sont pas natives : on parle alors d’invasion biologique. Une espèce exotique – délibérément introduite ou non en dehors de son aire d’origine – n’est pas forcément envahissante, si celle-ci s’adapte à son nouveau territoire sans menacer son équilibre. En Europe, on estime ainsi à environ 20 000 le nombre d’espèces exotiques, dont 5 000 sont considérées comme envahissantes.
Développement de maladies, destruction de zones agricoles et forestières, de zones de pêche, anéantissement de réservoirs naturels, destruction de canalisations, d’équipements électriques, d’infrastructures et de bâtiments… Les espèces exotiques envahissantes affectent lourdement l’économie mondiale.
Les exemples sont légion. Citons le moustique-tigre en France, porteur de maladies ; la fourmi de feu, responsable de 100 000 hospitalisations par an aux États-Unis, la moule zébrée, cauchemar des grands lacs canadiens car elle libère des substances toxiques pour l’environnement ; les jacinthes d’eau, boucheuses de canalisations et responsables de dégâts au niveau des infrastructures ; et même le chat, qui est à l’origine de la disparition de centaines d’espèces d’oiseaux, de serpents et de rongeurs dans de nombreuses îles à travers le monde.
La base de données InvaCost, soutenue par la Fondation BNP Paribas
Ces résultats ont été obtenus grâce à la base de données InvaCost (Invasive Insects and Their Cost Following Climate Change), projet de recherche financé par la Fondation BNP Paribas et le Fonds AXA pour la Recherche dans le cadre de la chaire de Biologie des invasions. Ce projet est mené conjointement par le CNRS, l’Université Paris-Saclay et le Laboratoire Écologie, Systématique et Évolution (ESE). L’objectif d’InvaCost ? Prévoir les invasions massives d’insectes pour mieux les endiguer et ainsi protéger la biodiversité, l’économie et la santé des populations.
L’étude « Combien coûtent les espèces envahissantes à l’humanité ? » est le prolongement direct de cette base de données, sur laquelle elle se fonde et puise sa matière. À terme, InvaCost devrait permettre d’obtenir une image en temps réel des coûts associés aux invasions biologiques.
Enfin, l’étude souligne que les coûts investis en mesures de prévention sont dix fois moins importants que les coûts imputables aux dégâts. L’équipe de recherche souligne par-là que la prise de mesures de prévention et de gestion pourrait devenir une priorité à échelle internationale.
- Découvrir l'étude High and rising economic costs of biological invasions worldwide (en anglais)
La Fondation BNP Paribas & l’environnement : soutenir la recherche scientifique sur le climat & la biodiversité
Depuis 2010, la Fondation BNP Paribas s’investit significativement auprès d’équipes de recherche soucieuses de comprendre les impacts du changement climatique sur la biodiversité de notre planète et son évolution, tout en sensibilisant le grand public. A travers son programme international de mécénat Climate & Biodiversity Initiative, ce sont au total 18 projets de recherche qui ont été financés et valorisés grâce à un budget de 12 millions d’euros. Il a également déjà permis de sensibiliser plus de 400 000 personnes aux enjeux du changement climatique.
Entre 2020 et 2022, la Fondation valorisera 9 nouveaux projets internationaux de recherche sur la biodiversité à hauteur de 6 millions d’euros.
Photos - header : Agrile du frêne ©Stephen Ausmus
Poisson lion ©Mathijs Vos / Unsplash - Fourmi de feu ©Aoyama Y. / Okinawa Environmental Research Support Section - Jacinthe d'eau ©Anna Turbelin