• Economie

Crise sanitaire et consommation : les européens restent prudents

Depuis 9 mois, les Européens composent avec la crise sanitaire et les restrictions (confinement, couvre-feu...) qu’elle impose.La deuxième vague n’avait pas encore frappé, que déjà les ménages affichaient une confiance bien prudente. Loin d’un optimisme de sortie de crise, l’attentisme est de mise, comme le dévoile la dernière étude de l’Observatoire Cetelem réalisée dans neuf pays européens.

L'impact de la crise sanitaire sur la consommation

En amont de la sortie de son édition annuelle prévue en février prochain, l’Observatoire Cetelem a voulu prendre le pouls de neuf pays en mesurant l’impact de la crise sanitaire au niveau du moral et des dynamiques de consommation.

L’étude, menée par Harris Interactive début septembre 2020, est donc une photographie entre deux confinements. Elle reste pourtant révélatrice des états d’esprit de la période actuelle, et tout aussi significative de la résilience de chaque pays, du comportement individuel de chaque citoyen, et des différentes gestions de crise menées en Europe.

Le moral des Européens : d’un pays à l’autre le ressenti est inégal

Sans surprise, le moral des ménages européens est globalement en recul sans que l’on note pour autant de décrochage majeur. Un peu comme à l’accoutumée, le ressenti collectif de la crise est bien plus négatif, partout en Europe, que le ressenti individuel (respectivement -0,5 point et -0,1 point). Si les variations sont sensibles d’un pays à l’autre, cela semble relever de plusieurs facteurs. Le premier à l’évidence tient à la plus ou moins bonne gestion de la crise sanitaire dans chaque pays, le deuxième révèle l’efficacité des politiques d’accompagnement sociale et économique, et enfin le troisième témoigne de la bonne santé économique, avant la crise sanitaire, de chacun des pays.  C’est autour de ces trois variables que se jouent véritablement les tendances à la baisse différente dans la presque totalité des pays analysés. 

La note moyenne européenne attribuée sur la perception de la situation du pays est de 5/10.

Le cas de l’Allemagne est exemplaire (5,8/10), si la chute de la confiance en valeur relative (-0,7) est importante, cela tient d’abord à un niveau de départ de la confiance des Allemands très élevé. Qui plus est, force est de constater que l’impact sanitaire a été moindre que dans le reste de l’Europe durant la première vague de la pandémie, et que l’économie allemande s’est montrée plus solide.

A l’inverse, la Belgique apparaît comme l’un des pays les plus touchés au monde en termes de mortalité Covid-19, mais paradoxalement les niveaux de confiance, en valeur absolue, restent élevés (5,3/10). L’Espagne, quant à elle, cumule les difficultés sur les trois paramètres : une fragilité économique originelle, une gestion hésitante de la crise sanitaire et des mesures d’accompagnement très difficiles à financer au regard de la situation économique et sociale du pays (3,9/10).

Enfin, la France, qui a choisi de protéger la santé des Français avant l’économie du pays reste en deçà de la moyenne européenne (4,7/10).

Le pouvoir d’achat : une stabilité en trompe l’œil

En Europe, le sentiment dominant est celui d’une stagnation du pouvoir d’achat (49 %). Et pourtant, derrière ce chiffre se dessinent des disparités particulièrement fortes. Alors que pour 70 % des Suédois et des Allemands le pouvoir d’achat a stagné ou augmenté, un Portugais sur deux déclare constater une baisse, un constat partagé de près par les Espagnols, les Belges et les Italiens. La France connait une position intermédiaire avec 38 % des Français qui ont le sentiment d’une baisse.

Ce qui est frappant dans tous les pays, et somme toute assez prévisible, c’est que la perception d’une hausse potentielle du pouvoir d’achat s’effondre. 

Une tendance à l'épargne

Le corollaire de cette évolution perçue du pouvoir d’achat en période de crise est naturellement, et presque mécaniquement, le retour à des principes de précaution individuelle qui voit les niveaux d’épargne augmenter partout. 78 % des Européens affirment vouloir maîtriser leurs dépenses et épargner. Mise à part l’exception portugaise où plus de 9 sur 10 des citoyens souhaitent épargner plus, la presque totalité des pays affichent autour de 75 % d’intentions d’épargne. Ceci est un des révélateurs forts de cette impression d’une confiance désormais de plus en plus prudente.

"Cette crise inédite par sa nature et par ses conséquences a généré beaucoup d’anxiété chez les Européens. Par ailleurs, les confinements mis en place dans de nombreux pays ont permis aux Européens d’accumuler une épargne forcée. En France, la Banque de France estime à 130 milliards d’euros l’épargne supplémentaire accumulée par les ménages en 2020. Ces sommes épargnées constituent un puissant levier pour la reprise quand la page de la crise sanitaire sera tournée.

Mais dans un contexte toujours incertain, on peut néanmoins penser qu’une partie de cette épargne forcée se transformera en épargne de précaution".

Flavien NEUVY, directeur de l’Observatoire Cetelem

Se nourrir et se loger : ces dépenses qui restent essentielles

A l’exception des pays où le pouvoir d’achat a été particulièrement protégé (Suède et Allemagne), tous les Européens considèrent que, durant cette période de crise, la part dédiée à l’alimentation (34 %) et au logement (20 %) a été largement prépondérante (vs loisirs, habillement, etc).

Une consommation plus locale et plus solidaire

S’agissant des grandes dépenses de consommation qui préexistaient, certaines se sont vues consolider – structurellement ou non ? La préférence pour la consommation de produits locaux s’est renforcée – 43 % des Européens la jugent prioritaire – au nom d’une conjugaison de facteurs comme la défense des producteurs et des emplois de proximité, la relocalisation d’activités et le souverainisme, la défense de l’environnement.

Un constat chiffré qui montre l’émergence d’un nouveau phénomène : celui d’une consommation solidaire avec l’économie du pays.

Consommation des ménages en Europe : les impacts de la crise sanitaire

La crise sanitaire pousse les Européens à faire preuve de prudence. Ils veulent augmenter leur épargne.

Découvrez l'étude complète

L'Observatoire CETELEM

Crédits photos :  @Iryna (header) ; @jackfrog, @caftor 

Pour s'abonner à notre newsletter, c'est ici !

Choisissez vos thématiques préférées et la fréquence d'envoi