Le gaspillage alimentaire, des conséquences lourdes
Le gâchis de denrées alimentaires implique un constat cruel qui pose avec urgence une question éthique : près de 690 millions de personnes souffrent toujours de la faim dans le monde d’après l’Unicef, alors que, rien qu’en Europe, 88 millions de tonnées de denrées sont jetées chaque année.
Au-delà de cet aspect majeur, le gaspillage alimentaire entraîne une chaîne globale de conséquences nocives pour l’environnement et les sociétés humaines dans leur ensemble : exploitation intensive des ressources naturelles, parfois à marche forcée, mauvaise gestion des stocks, de la logistique, des surplus et des déchets menant à des coûts environnementaux et économiques colossaux, inadéquation entre la production locale et consommation effective… La surproduction et la surconsommation coûtent cher à l’économie comme à la planète. L’Ademe estime à 10 millions de tonnes la quantité de nourriture gaspillée chaque année en France pour 16 milliards d’euros gâchés. Les 88 millions de tonnes gaspillés en Union européenne génèrent près de 143 milliards d’euros de coûts associés.
Depuis quelques années, les lignes bougent. De l’éveil des consciences des consommateurs et des producteurs aux lois anti-gaspillage alimentaire, le sujet gagne en visibilité. La crise de la Covid-19, en mettant en lumière le creusement des inégalités, a également fonctionné comme un accélérateur d’innovation responsable. Une tendance complétée par les outils propres à la finance durable, leviers d’action désormais très demandés par les grands acteurs de l’économie.
Quel rôle peut jouer la finance durable contre le gaspillage alimentaire ?
On appelle finance durable le pan de la finance qui oriente ses décisions de financement et d’investissements vers des projets dits responsables, que ce soit socialement ou environnementalement (on parle alors aussi de finance verte). En d’autres termes, la finance durable vise à soutenir des projets et des entreprises reconnus comme ayant un impact positif. En agissant de la sorte, les entreprises concernées financent une transformation positive de leurs activités.
Dernièrement, la finance durable a ainsi vu émerger des initiatives spécifiquement tournées vers la lutte anti-gaspillage alimentaire de la part de géants de la distribution alimentaire. C’est le cas du groupe européen Ahold Delhaize. Celui-ci a récemment émis ses premières obligations socialement responsables ou SLB* (Sustainability-Linked Bonds), dont la performance est directement liée à la réduction effective de ses émissions carbone mais également de son gaspillage alimentaire.
Accompagné par BNP Paribas en tant que book-runner, Ahold Delhaize* a conditionné ces obligations à l’atteinte de deux objectifs : la réduction du gaspillage alimentaire de 32 % en 2025 par rapport à 2016 et de 29 % de ses émissions carbone.
Dans la même lignée, la chaine de supermarchés britannique Tesco* a créé un précédent en émettant ses premières SLB liées à des objectifs ambitieux de réduction de son empreinte environnementale.
Dans les deux cas, ces SLB ont rencontré une très forte demande avec des obligations largement sursouscrites, illustration concrète de l’attente du marché envers les démarches financières durables initiées par les entreprises.
*Articles en anglais
Le fonds BNP Paribas Smart Food - Investir
Les métiers de la gestion d’actifs peuvent également jouer un rôle dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. En 2015, BNP Paribas Asset Management a ainsi lancé « BNP Paribas Smart Food », un fonds qui investit dans des entreprises du secteur de l’alimentation actives, entre autres, dans la réduction du gaspillage de nourriture, le recyclage des contenants, la diminution des émissions de CO2 ou l'amélioration de la gestion de l’eau dans l’agriculture.
L’émergence de nouveaux business models contre le gaspillage alimentaire
L’innovation joue une grande part dans la mise en place de solutions efficaces contre le gâchis des denrées alimentaires. Un foisonnement d’initiatives que BNP Paribas soutient via des programmes de financement et d’incubation adaptés.
La startup française Phenix fait partie de ces nouvelles entreprises nées autour de la question du gaspillage alimentaire et accompagnées par BNP Paribas. Créée en 2018 pour offrir la possibilité aux consommateurs d’acheter des invendus à prix réduit et donner une seconde vie aux produits, elle a connu une expansion rapide et à l’international. 1,5 millions d’utilisateurs utilisent aujourd’hui l’appli Phenix et contribuent à l’écosystème économique montant de l’anti-gaspillage alimentaire. Une autre success story, l’appli Too Good To Go, est désormais bien connue du grand public. Également en phase de développement à l’international, l’entreprise met en relation les consommateurs avec les commerçants pour éviter de jeter les invendus alimentaires et récupérer ceux-ci à petits prix. L’entreprise Zéro Gâchis, quant à elle, s’installe directement dans les rayons des supermarchés pour faire la promotion des invendus.
En agissant sur toute la chaine de valeur, du financement même de l’industrie agroalimentaire jusqu’à la gestion des surplus au niveau des consommateurs individuels, la lutte contre le gaspillage alimentaire est possible, et BNP Paribas souhaite y participer activement